mardi 15 juillet 2014

Québec : Le vin au restaurant expliqué aux Français qui arrivent - Partie 2

La semaine dernière nous avons essayé d’expliquer la vente des vins au détail dans notre Belle Province avec le billet : Le commerce du vin au Québec expliqué auxFrançais qui arrivent - Partie 1. Voyons maintenant comment se passent les choses dans les restaurants.

Là encore, rien n’est simple. Si la bureaucratie française est douée pour compliquer la vie des producteurs, la nôtre est tout aussi alambiquée vis-à-vis des restaurateurs.

Les restaurants « licenciés »

Pour pouvoir vendre du vin à leurs clients, les restaurants du Québec doivent « investir » dans un permis de vente d’alcool. Celui-ci n’est pas seulement couteux, il vient aussi avec son lot de tracasseries administratives. Il existe donc de nombreux restaurants sans permis où vous ne pourrez pas commander apéro, vin ou bière avec votre repas. Dans le jargon local, les établissements qui ont un permis sont appelés restaurants « licenciés ».

Si les endroits sans permis sont surtout ceux spécialisés dans le casse-croûte rapide – oui, j’essaie de contourner l’expression fast-food  – il est néanmoins préférable de vous informer lors de votre réservation. En effet, il existe une autre catégorie de restaurant, totalement inexistante dans les contrées européennes.

Les restaurants « Apportez votre vin »

Pour contourner les difficultés liées au permis d’alcool, certains établissements permettaient à leur clientèle d’amener leurs propres bouteilles. Nos chers fonctionnaires y ont décelé une tentative de détournement de leurs prérogatives et ont interdit cette pratique, sauf pour les restaurants… qui acceptent de payer pour un permis de service de vin.

Les clients de ces restaurants peuvent donc apporter leur propre bouteille et la consommer sur place. Le serveur débouchera votre bouteille et effectuera le service, en général sans frais additionnel.

Certains consommateurs sont séduits par la formule, car ils jugent que les restaurants licenciés vendent les vins à un prix excessif. Notons cependant que les restaurants « Apportez votre vin » facturent leurs plats à un prix plus élevé que les autres, pour compenser l’absence de revenus liés aux ventes d’alcool. De plus, vous devrez faire votre choix de vin avant d’entrer, ce qui rendra plutôt vague la notion d’accord mets-vin.

Précisons aussi que le permis de servir n’est pas valable pour toutes les boissons. Vous pouvez amener vin, bière, ou cooler (en quantité raisonnable, dit la loi) mais pas de scotch ou autre spiritueux.

Les restaurants sans alcool

Rappelons qu’il est impossible de consommer une boisson alcoolisée quelconque dans les restaurants qui n’ont pas de permis de vente ou de service d’alcool.

Les détails qui compliquent les choses

Les permis de vente d’alcool sont spécifiques au contexte de service. La plupart des restaurants ne peuvent vendre de vin – ou toute autre boisson alcoolisée – qu’en accompagnement de nourriture. Il est donc impossible d’y passer seulement pour un apéro, à moins de commander un plat en même temps. Beaucoup de restaurants offrent donc des assiettes de charcuteries, légumes ou fromages destinées à cet usage.

Certains restaurants, notamment ceux qui veulent faire office de bars à vins, disposent de « permis de bar » qui permettent de commander seulement un verre de vin. Quand je disais rien n’est simple : cette possibilité est parfois limitée à une partie de l’établissement, par exemple pour les clients installés au bar et sur la terrasse.

Ne soyez pas choqués si ces restrictions vous sont imposées et il ne sert absolument à rien de vous fâcher avec le serveur ou le propriétaire. Ils ne sont en rien responsables des complexités de la législation et doivent vivre avec. De plus, les contrôles sont très fréquents et les amendes particulièrement salées. Les lois sont donc appliquées avec une rigueur qui pourra vous paraître extrême, mais c’est ainsi.

Pour finir, précisons que les restaurateurs doivent également s’approvisionner via la SAQ, tout comme les particuliers. Plusieurs utilisent le principe des « importations privées » qui fera l’objet d’un billet explicatif dans les prochaines semaines. D'ici là, nous continuerons nos explications pour nos amis français mardi prochain, en explorant les transports de vins par des particuliers.

À votre santé !

Alain P.

P.S. Voici deux articles qui recommandent des restaurants apportez votre vin à Montréal, un dans le magazine Châtelaine et celui écrit par la blogueuse foodie Eve MartelOui, le Quartier général est excellent, mais attention, il faut réserver à l’avance. Et pour une liste complète ou presque de tous ces restaurants : www.apportezvotrevin.com


P.S. bis Merci à Caroline Décoste qui nous a précisé que la loi a été amendée pour permettre d’apporter de la bière dans un restaurant Apportez votre vin. Correction effectuée.

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