lundi 6 juin 2016

Les trappeurs aiment le Champagne !

Un article du journal parisien Le Figaro a refait surface durant la fin de semaine, intitulé « Champagne au Canada : Un parfum de prohibitionCet article date en fait de mars 2013 mais, pour une raison que j’ignore, il est réapparu sur les réseaux sociaux. J’avoue avoir réagi sur Twitter avant de me rendre compte qu’il datait de 3 ans. J’ai réagi parce qu’une fois de plus, un journal français a publié un ramassis de clichés et de demi-vérités sur le Québec. Prenons trois arguments en particulier.

Oui, le Champagne et les vins se vendent ici plus chers qu’en France, mais moins qu’indiqué dans l’article. Pour prendre un exemple précis, aujourd’hui sur la section Champagne du site Carrefour.fr on trouve le GH Mumm Cordon Rouge à 27.90 euros, l’Ayala Brut Majeur à 29.95 euros et le Veuve Clicquot Brut Carte Jaune à 36.90 euros. À la SAQ, ils se vendent respectivement 59.75 $, 56.25 $ et 69.00 $ (total des 3 : 185 $). Si on utilise le taux de change Euro/$CAD de 1.45, l’équivalent du site Carrefour donnerait 40.46 $, 43.43 $ et 53.51 $ (total des 3 : 137.40 $). Nous payons donc le total de ces 3 bouteilles 26 % plus cher qu’à Paris. L’article du Figaro mentionnait une plus-value de 55 %...

Pour le prix, précisons que le vin n’est pas du tout taxé en France, alors qu’ici on doit acquitter 4 taxes : la taxe d’accise du Canada, la taxe spécifique du Québec, la TPS et la TVQ. Si on ajoute les 4 taxes à nos 3 bouteilles, le prix de 137.40 $ devient 163.25 $. La plus-value reliée au transport et à notre monopole est donc de 7.25 $ par bouteille en moyenne, soit 11.8% du prix. Vraiment pas un scandale, si on pense à la taxe cachée supplémentaire que représente le versement additionnel fait au Ministère des Finances chaque année !

Deuxième point, oui, on peut dire que les québécois ne sont pas tous des experts du Champagne. Mais si le sommelier cité dans l’article est bien d’origine française, il y a plein de sommeliers québécois qui sont de véritables experts en vins et champagnes. On devrait présenter François Chartier, Véronique Rivest et Élyse Lambert au journaliste du Figaro et lui faire visiter l’ITHQ pour lui prouver qu’on en forme plein d’autres chaque année. Quant aux connaissances du commun des mortels, je rejoins Guénaël Revel dans sa mise au point suite à cet article : les français moyens n’en connaissent pas beaucoup plus, même si plusieurs s’imaginent le contraire.

Troisième point, non, les fonctionnaires du Québec n’ont pas pour mandat de faire la promotion du Champagne, pas plus que de n’importe quel autre produit importé. Les maisons de Champagne dépensent une fortune en marketing dans le monde entier, vendre chez leurs cousins ne les dispense pas de le faire ici aussi.


Pour finir, il est quand même triste de voir encore les québécois résumés comme les descendants des trappeurs de castor. Nos industries de haute technologie valent bien leurs concurrents français, chers amis journalistes. Et si vous pensez qu’il ne reste plus de castors au Québec, détrompez-vous ! Les deux photos ci-dessus, prises la semaine dernière à 3 minutes de chez moi montrent que les castors nagent toujours dans nos lacs et qu’on sait encore les prendre au piège. Certes, aujourd’hui on ne les capture plus pour leur fourrure, mais pour les déménager d’un environnement habité vers un parc national où ils pourront donner libre cours à leur ardeur d’infatigables bûcherons.

À la bonne vôtre !

Alain P.




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