[Mise à jour 05-11-2018] Quand on
parle de vin, les questions concernant les prix reviennent très souvent. Notre
billet « Le commerce du vin au Québec expliqué aux Français qui arrivent » expliquait les différences liées à notre
législation.
Les consommateurs se demandent néanmoins pourquoi certains vins coûtent 3 euros la bouteille en France et d’autres 10 ou 100 fois plus. La question est complexe car si tous les vins sont faits de jus de raisin fermenté mis dans une bouteille, il y a un monde de différence entre un vin de table de base et un grand cru bourguignon. Essayons d’y voir un peu plus clair.
Les consommateurs se demandent néanmoins pourquoi certains vins coûtent 3 euros la bouteille en France et d’autres 10 ou 100 fois plus. La question est complexe car si tous les vins sont faits de jus de raisin fermenté mis dans une bouteille, il y a un monde de différence entre un vin de table de base et un grand cru bourguignon. Essayons d’y voir un peu plus clair.
Chateau Petrus wines
Image
Flickr par jolisoeil,
licence creative commons
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Avant de
parler de prix de vente, regardons les coûts de production. Tout commence par
le coût de la terre où sont cultivées les vignes. Il est extrêmement variable
selon l’endroit. En France, le prix moyen d’un
hectare dans une zone AOC était de 100 000 euros en 2010, mais un
hectare de grands terroirs vaut plusieurs millions d’euros. Rappelons que la
moyenne des exploitations viticoles françaises était de 9 hectares en 2010.
Ensuite, il
y a les coûts reliés à l’agriculture : pieds de vigne, équipements,
traitements et main d’œuvre. Le type de vin produit (vin tranquille, rosé, mousseux,
vin liquoreux) entraîne des coûts très différents, simplifions les choses en
considérant un vin tranquille rouge ou blanc. Au bout du compte, il faut récolter
environ un kilo de raisin pour produire une bouteille. Le coût de production de
ce kilo sera d’environ 1 à 1.4 euro pour un vin d’appellation de qualité
moyenne. Ce sera divisé par 3 ou 4 pour un vin de pays cultivé à haut rendement
et multiplié par 2 ou plus pour un grand cru.
L’étape
suivante est de transformer le raisin en vin. Ceci implique les coûts pour l’équipement
du chai plus ceux couvrant l’ensemble des opérations depuis le pressage jusqu’à
la mise en bouteille. La dépense minimum est d’environ 0.75 euro la bouteille,
mais là encore il y a de nombreuses variables. On pense notamment à l’utilisation
ou non de barriques de chêne pour l’élevage, comme une barrique coûte environ 500 euros et correspond à 300 bouteilles de vin, une barrique neuve ajoutera 2 euros à chacune. La durée d’élevage en cuve ou
barrique puis en bouteille est un autre facteur important. Si le vin est élevé
24 ou 36 mois, le vigneron doit financer ses coûts de production longtemps
avant de toucher un sou.
Pour finir,
en ajoutant les coûts de bouchon, d’étiquette, les frais généraux, notre kilo
de raisin à 1 euro correspondra à une bouteille dont le coût de production total
est de 3 euros. Celle-ci sera vendue 5 à 6 euros en France. Son prix sera de 16 $ à la SAQ, une fois ajoutées toutes les
taxes et majorations.
Un vin dont
le travail de la vigne est plus soigné et qui a été élevé plusieurs mois, dont
une partie en barrique, aura un coût de production de 5 euros par bouteille et
sera vendu 10 à 15 euros en France et 25 $ au Québec.
Pour les
grands vins, les producteurs choisissent ce qu’il y a de mieux à chaque étape
et on estime que le coût de production grimpe autour de 10 à 20 euros la bouteille. Les
prix faramineux liés au terroir peuvent encore augmenter ces coûts. Mais soyons clairs, le prix de vente des vins très haut de gamme n’a rien à voir avec le coût de production. Il est directement relié au rapport
entre l’offre et la demande. Lorsque la demande en provenance de nouveaux
marchés explose, les prix des vins réputés grimpent dans la stratosphère.
Pour mieux
comprendre les impacts de la demande ou de l’offre, je vous recommande ce
billet du blogueur Jules Lamon qui analyse les effets sur le prix des bouteilles
des notes de Robert Parker, du millésime ainsi que de la rareté.
Voilà, vous en savez sans doute un peu plus sur les variations de prix entre les vins, mais ce qu’il est important de retenir est que produire du vin est loin d’être simple. C’est une aventure économique à haut risque et les vignerons doivent travailler très fort pour que vous puissiez apprécier votre boisson favorite. Croyez-moi, ils méritent bien leur salaire !
À votre
santé !
Alain P.
Quelques
liens pour en savoir plus :
Foncier viticole : la guerre des jeunes vignerons (Verre de Terre)
La concentration des exploitations viticoles se poursuit (pleinchamp.com)
Le coût de production d'un vin (Site Eccevino)
Produire une bouteille de vin, combien ça coûte ? (Le verre à moitié plein)
Comment rareté et qualité influencent le prix d’une bouteille de vin (Wine and the city)
Consommation : quel est le juste prix du vin ? (Europe 1)
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