J’ai découvert
les Chablis du Château de Maligny il y a plusieurs années grâce aux critiques
de Jacques Benoit et de Claude Langlois, les deux retraités de la critique de
vin d’ici. J’en achète encore régulièrement car je n’ai jamais été déçu par ces
cuvées de la famille Durup, bien typiques de leur appellation, toujours très
raffinées et au rapport qualité/prix remarquable. J’étais donc très heureux d’assister
le 11 avril dernier à une dégustation organisée par l’agence Charton-Hobbs et
animée par Jean-Paul Durup lui-même, un homme d’une grande gentillesse, passionné
par ses vins et l’histoire de sa région.
Jean-Paul Durup |
Dans la
famille Durup, on est vigneron de père en fils depuis 1560, mais il y a 50 ans,
la propriété se limitait à seulement 2 hectares de vignes. À l’époque, Jean
Durup a décidé de racheter de nombreuses parcelles ayant produit des vins de
grande qualité, mais abandonnées car jugées trop difficiles à travailler en
raison de leurs pentes de leurs sols pauvres. Le vignoble familial compte
maintenant 205 hectares répartis sur 11 communes, dont 30 ha sont en Petit
Chablis, 130 en appellation Chablis, le reste étant des Premiers Crus. Les
Chablis du Château de Maligny sont tous élevés en cuves, sans contact avec le
bois. Toutes les cuvées font leur fermentation malolactique et subissent un
collage à la bentonite et un léger filtrage avant la mise en bouteille (donc ni
blanc d’œuf, ni farine de poisson, ils pourraient porter un label végan). Parmi
les vins dégustés, voici les quatre disponibles en succursales SAQ, tous du
millésime 2017.
La cuvée Château de Maligny Vigne de la Reine (Hipponote 3.5* $$$ SAQ : 24.95 $) est un très beau vin, bien
typé Chablis, frais et élégant, avec un beau volume en bouche et une finale assez
longue dont le côté minéral est finement ciselé. Notez que c’est un vin de l’appellation
Chablis tout simplement, mais sans être un assemblage de provenances diverses. Il
provient de parcelles situées à Maligny, dans une petite vallée étroite au
microclimat particulier. Comme la zone n’est pas un premier ou grand cru, le
vin ne peut pas porter le nom de son lieu-dit, d’où une dénomination qui fait
référence à la Comtesse de Maligny, devenue Reine de Pologne au temps de Louis
XIV.
Le Château de Maligny Chablis Premier Cru Fourchaume (Hipponote 3.5* $$$$ SAQ : 38.95
$ ou 22$ en demi-bouteille) s’exprime tout en finesse. Belles notes florales, fines
saveurs de poires et d’agrumes, très belle longueur avec une minéralité
délicate qui laisse sur une impression quasi aérienne. Pour des accords avec
des poissons fins, des palourdes ou des pétoncles cuisinés au naturel, c’est le
meilleur choix. Et à 22$ en demi-bouteille, c’est une occasion en or de goûter
un Chablis Premier Cru à un prix très raisonnable.
Le Château de Maligny Chablis Premier Cru Homme Mort (Hipponote 4* $$$$ SAQ : 40.25 $)
offre un nez intensément minéral. En bouche, cette minéralité est encore là pour propulser
les saveurs fruitées, ce qui en fait un blanc riche et puissant, tout en
gardant l’élégance caractéristique des cuvées du Château de Maligny. Le Premier
Cru Homme Mort est en fait un des lieux-dits de Fourchaume, mais l’exposition
un peu différente amène une expression de vin bien distincte de la cuvée
précédente. Un très bon accord avec les poissons grillés ou cuits au four,
ainsi qu’avec le crabe ou le homard.
Le Château de Maligny Chablis Premier Cru Montée de Tonnerre (Hipponote 4* $$$$ SAQ :
40.75 $) est une cuvée phare de la maison, récoltée sur une propriété de
seulement 2 hectares. De tous les vins dégustés ce jour-là, c’est celui dont
les saveurs minérales typiques du chablisien s’expriment avec le plus de
puissance. Équilibre parfait, droiture, finesse sont au rendez-vous de cette
cuvée qui attire les éloges des critiques, année après année. Servez-le avec
des huîtres ou des crustacés et profitez bien de ce moment de bonheur !
Quelques
petits mots sur les autres vins dégustés. Je garde aussi un souvenir ému du Petit
Chablis, du Chablis Vieilles Vignes et du si fin Premier Cru Vau de Vey. Le Château
de Maligny est de ces producteurs qui démontrent qu’on peut réaliser des vins
de grande qualité tout en produisant un grand nombre de bouteilles chaque
année. Chapeau bas Monsieur Durup !
À la bonne
vôtre !
Alain P.
P.S. Le
millésime 2017 a été marqué par le gel à Maligny. Une partie du vignoble du Château
de Maligny est protégé grâce à des systèmes d’aspersion et à des bougies. Cette vidéo de de France 3 Bourgogne-Franche-Comté démontre cette protection durant une des nuits de gel de printemps, cette
année là. Pas de tout repos la vie de vigneron !
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