lundi 15 juillet 2019

Boire un vin à son apogée, pas simple mais si agréable !

Les vins de garde s’améliorent en vieillissant, c’est du moins ce qu’on attend d’eux. Mais passé un certain cap, non seulement ils ne s’amélioreront plus, mais ils vont décliner. On appelle apogée le moment idéal pour déguster un vin, celui où les arômes et saveurs sont à leur sommet.

Le principe est donc simple mais en pratique c’est beaucoup plus compliqué. D’une part l’évolution d’un vin n’est pas une courbe connue et unique. Chaque vin va évoluer différemment et à son rythme selon un grand nombre de facteurs. Les cépages, le climat, le terroir, le mode d’élevage influencent cette évolution, mais aussi chaque étape du travail de vinification. Prédire comment sera un vin donné dans plusieurs années n’est pas du tout évident. L’autre point qui complique tout est qu’il y a un aspect subjectif à cette notion d’apogée. Certains préfèrent que le fruit soit encore très présent, d’autres souhaitent des tanins parfaitement fondus ou un boisé totalement intégré. La perception de l’acidité ou la texture en bouche sont aussi des facteurs où tous ne voient pas les choses du même œil, ou plutôt du même palais.

Pour choisir le moment idéal pour ouvrir leurs précieuses bouteilles, les amateurs se fient aux recommandations du producteur, des guides ou des critiques, ou encore aux calendriers qu’on trouve sur certains sites ou intégrés dans les logiciels de gestion de cave. Comme ce n’est pas une science exacte, on peut choisir d’acheter plusieurs  bouteilles et en tester une de temps en temps pour suivre son évolution. L’utilisation d’un Coravin permet de faire ce genre de test sans sacrifier une bouteille à chaque fois.

Personnellement, je n’ai pas l’esprit collectionneur. Ma cave contient beaucoup plus de bouteilles pour consommation rapide ou à moyen terme que de véritables vins de garde. Mais aujourd’hui on peut de plus en plus souvent acheter des vins matures à la SAQ, des bouteilles d’une dizaine d’années qu’on peut décider de boire tout de suite ou dans un, trois ou cinq ans pour suivre leur évolution.

http://bit.ly/2Cg0UEi
Ainsi j’ai acheté il y a un peu moins de 2 ans le millésime 2009 du Château Thébaud Clos des Tabardières, un  Muscadet-Sèvre et Maine de la maison Poiron-Dabin. Je l’avais choisi car j’aime beaucoup le muscadet en général et parce que c’était la première fois que je voyais un vieux muscadet à la SAQ. Bu quelques semaines plus tard, je l’ai adoré, je vous en ai aussitôt parlé sur le blogue : Vieux vins et coups de cœur de la semaine. Mon commentaire de ce billet : finesse, complexité autant au nez qu’en bouche, belles notes fruitées délicates mais précises, le tout soutenu par la minéralité typique de l’appellation, une belle finale d’une longueur étonnante, superbe vin.

Je me suis donc dépêché d’acheter deux autres bouteilles, une pour la faire goûter à des amis dans les jours suivants et une pour garder encore un peu en cave. Je l’avais trop aimé pour attendre très longtemps. Je viens de l’ouvrir et, tenez-vous bien, il était encore meilleur que la dernière fois ! Très belle texture en bouche et des saveurs encore plus riches. Par contre, la minéralité était plus discrète, ce qui me fait dire qu’il était probablement à son apogée, du moins à mon goût personnel. Je ne vous dis pas qu’il ne pourra pas se conserver encore trois à cinq ans, mais qu’à mon avis il est encore meilleur maintenant.

Il n’y a plus de 2009 à la SAQ mais il reste encore quelques bouteilles de 2012 dans 26 succursales au moment d’écrire ce billet. Si vous en achetez une, quand faut-il le boire? Je ne l’ai pas goûté mais Patrick Désy en a dit grand bien. Vous pouvez donc le boire dès maintenant ou le garder 2 à 3 ans. Pourquoi pas deux bouteilles, une pour maintenant et une pour dans 2 ou 3 ans? Ou trois si vous voulez faire un essai de plus longue garde…

On va aussi vous revenir bientôt avec d’autres expériences, avec des vins rouges cette fois. En attendant, vous pouvez aussi lire ce billet d’Yves Mailloux qui relate la dégustation d’un très grand Bourgogne du millésime 2002, une cuvée mythique.

À la bonne vôtre !

Alain P.

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