mercredi 29 août 2018

Top 10 des meilleurs vins pour les rabais de la rentrée à la SAQ

Ces rabais sont maintenant terminés, cliquer ici pour la promotion SAQ la plus récente

Notez que les vins de ce billet demeurent encore de bons achats à leur prix courant. En plus, certains sont disponibles dans les SAQ Dépôt où vous pouvez bénéficier de rabais en tout temps. Cliquer sur le nom du vin pour accéder aux détails et sa fiche et voir l'onglet disponibilité pour savoir où le trouver.

Jusqu’au 9 septembre prochain, plusieurs bonnes bouteilles sont en rabais à la SAQ. À la rentrée, notre budget est toujours serré, soit en raison de dépenses imprévues ou parce qu’on a un peu trop optimiste durant nos vacances. C’est donc le moment idéal pour rechercher des aubaines. Nous avons sélectionné pour vous les 10 meilleurs vins pour en profiter au maximum. Cliquer sur le nom du vin pour accéder à sa fiche avec les informations détaillées, les liens vers les critiques et la disponibilité dans les succursales SAQ.


Un bon rosé à petit prix

Domaine de Gournier Rosé des Cévennes (Hipponote 2.5* $ SAQ : 11.70$ en rabais à 10.65$). Fait de mourvèdre, grenache, syrah et cabernet sauvignon, c’est un rosé frais et léger avec de belles petites notes de fruits rouges et un caractère plutôt joyeux. Pour l’apéro et avec salades et grillades de légumes et de poulet.

De belles bulles abordables

Elyssia Freixenet Cava Gran Cuvée Brut (Hipponote 3* $$ SAQ : 18.60$ en rabais à 17.10$). Ce cava catalan est produit avec du chardonnay accompagné de macabeo, parellada et pinot noir. Les bulles sont fines et persistantes et cela donne un mousseux très bien fait, simple et convivial.

Des rouges pour les viandes

Niepoort Diálogo Douro (Hipponote 3* $$ SAQ : 16.15$ en rabais à 15.15$). Super rapport qualité/prix que ce beau rouge portugais qui plait à tous, même ceux qui ont des préjugés sur les vins du Douro. Souple, fruité, avec un côté pimpant et énergique qui met le sourire aux lèvres. Très polyvalent, idéal pour les amateurs de rouge d’apéro et super pour les restaurants apportez votre vin.

Cave de Rasteau Ortas Tradition (Hipponote 3* $$ SAQ : 17.05$ en rabais à 15.85$). 2016 est un beau millésime dans la vallée du Rhône, et cet assemblage de grenache noir, syrah et mourvèdre est super pour accompagner une entrecôte grillée. Très beau fruité, belles notes épicées, finale assez longue, miam.

Poças Vale de Cavalos Douro (Hipponote 3.5* $$ SAQ : 17.95$ en rabais à 16.95$). Un rouge du Douro à la texture très soyeuse dont la couleur et les saveurs font vraiment penser à un porto, mais en sec et avec un taux d’alcool raisonnable. Parfait pour accompagner un jarret d’agneau braisé.

Piccini Chianti-Classico Riserva (Hipponote 3* $$ SAQ : 18.75$ en rabais à 17.75$). 95% de sangiovese et 5% de cabernet sauvignon pour un Chianti Classico solide et corsé, mais aux tanins bien enrobés par son long séjour en fûts. Pour les viandes rouges saignantes ou les pâtes à la saucisse italienne.

Des blancs pour toutes les occasions

Cortes de Cima Chaminé Branco (Hipponote 3* $ SAQ : 12.80$ en rabais à 11.80$). Ce beau vin blanc portugais de l’Alentejo est étonnant pour son prix ! Il est produit avec 4 cépages, verdelho, antao vaz, sauvignon blanc et viognier, et cela donne un vin frais aux belles saveurs d’agrumes, avec quelques notes herbacées plus une touche de fruits exotiques. Très bon pour l’apéro ou avec un saumon au four.

Chéreau-Carré Muscadet Sèvre et Maine Réserve Numérotée (Hipponote 2.5* $$ SAQ : 15.40$ en rabais à 14.40$). Le prototype du bon petit Muscadet pour découvrir le cépage melon de Bourgogne et surtout pour accompagner des moules marinières !

Chavet Menetou-Salon Sauvignon Blanc (Hipponote 3* $$$ SAQ : 22.00$ en rabais à 20.50$). Pour les amateurs de Sancerre, ce très bon blanc de l’appellation voisine Menetou-Salon sera une belle découverte. Bien vif et délicatement parfumé, il est parfait pour commencer la saison des huîtres  en beauté.

Du porto blanc pour l’apéro

Cabral Branco Fino Porto Blanc (Hipponote 2.5* $ SAQ : 14.75$ en rabais à 13.75$). Ce très bon vin doux est idéal pour découvrir le monde des portos blancs. Servir bien frais à l’apéro ou en cocktail (exemples de recettes sur la fiche du vin sur le site SAQ).

À la bonne vôtre !

Alain P.

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jeudi 23 août 2018

Trois bons rosés pour la rentrée

Avec la rentrée scolaire on vit souvent une période un peu stressante et un moment de réconfort est le bienvenu en fin de journée. C’est alors un très bon moment pour ouvrir une bouteille de rosé !

Voici trois cuvées à moins de 20$ qui sont parfaites pour une telle occasion et qui seront adéquates pour continuer avec le repas. On commence par deux bouteilles découvertes récemment.

Gros coup de cœur pour le Mescladis Pic Saint Loup 2017 du Domaine Estelle et Pierre Clavel (Hipponote 3.5* SS SAQ : 19.15$) ! Un excellent rosé du Languedoc provenant de Pic Saint Loup, une zone particulièrement qualitative de la région. Il est fait surtout de syrah, avec aussi du grenache et du mourvèdre et bénéficie de 6 mois d’élevage sur lies en cuves béton. Bien sec, avec de la fraîcheur, du tonus, un beau fruité accompagné de notes florales et d’une touche minérale, c’est génial à l’apéro mais aussi très à l’aise avec les grillades ou les cuisines asiatiques. Bravo !

Dans un style différent, l’Otazu Rosé 2017 (Hipponote 3* SS SAQ : 18.90$) est un espagnol de Navarre produit avec le cépage tempranillo. Techniquement bien sec, il a plus de corps que bien de ses cousins provençaux et est tellement bourré d’un fruit savoureux qu’il en paraît très rond en bouche et peu acide. L’accord est particulièrement efficace avec des pizzas ou paninis aux légumes grillés.

Ces deux cuvées ne sont malheureusement pas disponibles partout, alors voici un classique, toujours bon et facile à trouver dans de nombreuses succursales. Si vous voulez savoir où trouver un des vins dont on parle sur le blogue, cliquer sur son nom pour accéder à sa fiche HippoVino puis utiliser le lien "Voir disponibilité" (situé sur l’onglet "Disponibilité") pour afficher la liste des succursales SAQ qui en ont en stock.

Le Domaine Houchart Côtes de Provence Rosé 2017 (Hipponote 3* SS SAQ : 18.15$) est une autre réussite signée par la famille Quiot. Je n’ai jamais été déçu par ce vin au style provençal assez typique, mais avec plus de volume et d’énergie que la moyenne. Fait de grenache, syrah, cinsault et cabernet sauvignon, il est superbe pour l’apéro mais aussi d’une grande polyvalence à table.

Bonne rentrée et à la bonne vôtre !

Alain P.

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mercredi 22 août 2018

Jour de grève à la SAQ

Mise à jour 23-08-2018 : on vous le confirme, tout est revenu à la normale aujourd’hui jeudi, toutes les succursales sont ouvertes. Bon magasinage et tchin-tchin !

Aujourd’hui mercredi 22 août 2018, c’est le second jour de grève des employés de magasin et de bureau de la SAQ. Rappelons que ces employés ont donné en juin dernier à leur syndicat un mandat pour déclencher jusqu’à six jours de grève pour faire avancer les négociations  sur leurs conditions de travail. Une première journée de grève surprise avait été déclenchée le mardi 17 juillet dernier. Cette seconde journée était au contraire annoncée depuis quelques jours et le syndicat indique qu’elle est destinée à envoyer un message au gouvernement du Québec, plutôt qu’à la direction de la SAQ.

Il faut dire que les deux partis en tête des sondages pour la prochaine élection provinciale ont indiqué leur volonté de libéraliser davantage le commerce du vin et donc de diminuer la position monopolistique de la SAQ. Cette libéralisation aura évidemment des conséquences sur la SAQ et ses employés, impossibles à évaluer pour le moment, les programmes des deux partis étant totalement flous sur les décisions concrètes qui sont envisagées. Par contre, les annonces de cette volonté ont déjà clairement affaibli la position du syndicat, qui essaie de la renforcer par cette nouvelle journée de grève.

Quelles sont les questions en litige dans cette négociation? Pour une fois, il n’est pas question de salaire. Il faut dire que les salaires des employés de la SAQ sont plutôt élevés selon les barèmes du commerce de détail (près de 25$/heure pour un caissier en haut de l’échelle salariale). La question principale semble reliée aux horaires de travail. Comme on peut le voir sur la photo à gauche de cet article, la SAQ étend ses heures d'ouverture les soirs et les fins de semaine pour accommoder sa clientèle. Elle a donc besoin que ses employés travaillent un plus grand nombre d’heures le soir et la fin de semaine, ce à quoi se refuse le syndicat, plus habitué à se comparer à la fonction publique qu’aux autres commerces de détail.

Le problème est que la vision syndicale est complètement à contre-courant des tendances qui affectent déjà la SAQ et vont s’accélérer dans les prochaines années. Les consommateurs ont moins de temps de magasinage, ce qui a trois conséquences. Ils achètent de plus en plus en ligne. Ils vont en magasin à des heures atypiques, soit pour la transaction la plus brève possible (acheter leur produit habituel ou récupérer une commande placée en ligne), soit pour y vivre une "expérience" (ce qui va impliquer qu’un conseiller compétent leur consacre du temps, leur fasse découvrir et goûter des produits, etc.). Ils optimisent leur temps et privilégient la formule "one stop shop" en achetant leur vin à l’épicerie avec leurs autres produits.

Le résultat de ces tendances est facilement prévisible, les ventes de vin en épicerie augmentent déjà nettement plus vite que celles en succursales. Rien que pour maintenir ses ventes en magasin, plus rentables que les autres, la SAQ va devoir se rapprocher des heures d’ouverture des épiceries, faciliter les transactions rapides et la récupération des commandes placées en ligne, ainsi que développer le volet expérience client. Elle risque donc d’avoir besoin de moins d’employés, mais ceux qui vont rester devront être plus spécialisés et travailler des horaires atypiques. Si les promesses de libéralisation se traduisent par davantage de choix de vins en épicerie et/ou l’ouverture de boutiques privées, la pression sera beaucoup plus forte sur la SAQ et ses employés. Lorsque les technologies de « magasin complètement automatisé sans employé » (comme l’expérimente Amazon) seront au point, elles seront hyper efficaces pour les transactions rapides et particulièrement adaptées pour l’achat d’alcool puisque les formats de produits vendus sont moins nombreux et mieux identifiables que ceux d’autres commerces. La firme Alibaba teste d’ailleurs un tel magasin de vin automatisé en Chine. Une autre mauvaise nouvelle pour le syndicat…

Même si cette journée de grève était annoncée depuis plusieurs jours, la direction de la SAQ semble avoir eu un problème à afficher la liste des succursales ouvertes et opérées par les employés non syndiqués. Elle vient tout juste d’apparaître en ligne durant la publication de ce billet. De toute façon, il serait sans doute plus sage d’attendre à demain pour acheter de quoi picoler car vous risquez d’être mal reçu en vous présentant aujourd’hui dans un magasin. Si vous avez très soif, les épiceries sont ouvertes; si comme nous vous détestez le vin en vrac vendu au prix fort, on y trouve des vins du Québec et plein de bonnes bières.

À la bonne vôtre !

Alain P.



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mardi 21 août 2018

Les inspirations bordelaises de Randall Grahm

Les vins de Bordeaux ont inspiré un grand nombre de cuvées du nouveau monde, en Californie ou ailleurs. Celles dont nous allons vous parler aujourd’hui sont dans les plus originales, à l’image de leur créateur, le célèbre winemaker Randall Grahm, surnommé « Rhône Ranger » pour ses excellents vins inspirés de la région du Rhône,  les fameux Cigare Volant dont nous vous avons parlé récemment.

http://bit.ly/2njGNda
C’est que ce cher Randall n’est pas un bête copieur, à l’image de ceux du billet précédent (Peut-on réaliser une copie conforme d’un vin?). Il cherche au contraire à créer un vin qui soit conforme à sa vision personnelle d’un bon vin, mais en se basant sur les cépages d’une appellation de l’ancien monde. Le cas du Bordeaux rouge donne un bel exemple de sa démarche. Il est allergique aux cabernets puissants et boisés qu’on retrouve en trop grand nombre en Californie, c’est un producteur de vins avec de l’élégance et de la finesse. Il a donc cherché son inspiration dans les clarets du 18ème et 19ème siècle, et on trouve dans son Proper Claret un ajout de syrah, une pratique délaissée depuis plus de 100 ans. En effet, à cette époque les négociants bordelais ajoutaient de la syrah afin d’enrichir et épicer leurs vins. La seule à le faire aujourd’hui à Bordeaux est Caroline Frey pour sa cuvée spéciale baptisée Évidence et ceci implique de produire un vin hors des appellations protégées bordelaises. On trouve aussi ce genre d’assemblage en Provence, par exemple au fameux Domaine de Trévallon ou au Château Revelette. Mais dans ces différents cas, la puissance est définitivement au rendez-vous.

Revenons à la cuvée A Proper Claret de Bonny Doon Vineyard, millésime 2014. Elle assemble des cépages bordelais classiques, cabernet sauvignon, petit verdot et merlot mais contient aussi du tannat, de la syrah et de la petite syrah, le tout étant élevé en barriques de chêne. Au final, cela donne un rouge au nez superbe et une bouche fort agréable : matière, fruité, note boisée finement dosée, belle texture et finale plaisante, tout y est et comme le dit Nadia Fournier, à 20 dollars, c’est presque trop beau pour être vrai ! Pour aller avec toutes les viandes grillées, ce sera super et il se boit même très bien à l’apéro.

http://bit.ly/2BzwVrk
La cuvée équivalente en blanc s’appelle Gravitas sur le site de Bonny Doon, De Proprio Gravitas sur celui de la SAQ où on reprend le texte exact de l’étiquette. Gravitas est un clin d’œil à Graves, l’appellation bordelaise qui plaît bien à l’ami Randall. Les cépages sont le sémillon et le sauvignon blanc, comme à Bordeaux, à laquelle s’ajoute une touche de muscat en remplacement de la muscadelle. Pas de bois ici, l’élevage se fait sur lies fines en cuves inox durant 5 mois. Le Bonny Doon De Proprio Gravitas 2015 m’a séduit dès la première gorgée. Au-delà du nez invitant aux notes de fruits exotiques, on déguste un vin frais à la texture hyper agréable qui se termine sur de belles saveurs d’agrumes. C’est génial pour l’apéro ou pour accompagner des poissons au four ou grillés.

Les bouteilles de ces deux vins se distinguent aussi par leurs superbes étiquettes, qui sont des illustrations dessinées par l’illustratrice new-yorkaise Bascove. L’inconvénient est qu’il faut tourner la bouteille pour avoir accès aux informations autres que le nom du vin, mais dans ce cas-ci, la beauté du design justifie pleinement ce choix, à mon avis.

Les inspirations de ce cher Randall ne s’arrêtent aux vins du Rhône et du bordelais. Je vais vous parler brièvement de sa cuvée Old Telegram, un pur mourvèdre en hommage aux rouges de Bandol, même si le nom évoque plutôt  un grand classique de Châteauneuf du Pape, le fameux Vieux Télégraphe. J’ai adoré le Bonny Doon Old Telegram 2016, qui brille par son équilibre et son élégance renversante pour un mourvèdre aussi jeune. Le hic est qu’il n’est pas disponible au Québec en ce moment. Il faut dire qu’il se vend 50$ US, ce qui limite beaucoup son marché potentiel.

En plus d’être un winemaker au talent fou, Randall Grahm est un homme de projet. Nous vous reviendrons dans quelques jours sur ce qui l’anime pour les années futures.

À la bonne vôtre !

Alain P.

Fiche du Bonny Doon A Proper Claret sur HippoVino (Hipponote 3.5* $$$ SAQ : 20.05$) avec informations détaillées et liens vers critiques, fiche descriptive, agence, sites du producteur et de la SAQ.

Fiche du Bonny Doon De Proprio Gravitas sur HippoVino (Hipponote 3* $$ SAQ : 20.00$) avec informations détaillées et liens vers critiques, fiche descriptive, agence, sites du producteur et de la SAQ.



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mercredi 15 août 2018

Peut-on réaliser une copie conforme d’un vin?

Une entreprise du Colorado, Replica Wine, prétend être capable de produire à moitié prix des vins identiques à des cuvées très connues aux États-Unis. Elle met en marché 6 cuvées qui sont supposées reproduire des vins de Californie réputés, mais on remarque qu’elle a retiré les noms des vins copiés de son site Web, tout en prétendant que sa démarche est parfaitement légale. En effet, on ne peut pas interdire à quelqu’un de vendre son mélange de jus de raisin fermenté maison, mais utiliser le nom d’un autre pour faire sa publicité est pas mal plus risqué.


Quelle est la méthode utilisée?

Replica prétend faire affaire avec un laboratoire qui a analysé les profils aromatiques de nombreux vins. Ce laboratoire crée ensuite des propositions de mélanges de diverses cuvées de vins vendus en vrac achetés par Replica, chacune ayant un profil semblable à celui d’un vin qu’on cherche à reproduire. Les échantillons de ces mélanges sont ensuite dégustés par un sommelier qui décide quel assemblage sera utilisé pour quelle cuvée. Replica produit ainsi 2 vins de chardonnay, 2 de pinot noir, 1 de cabernet sauvignon et 1 assemblage rouge (red blend).

Cette méthode est-elle valide?

C’est certainement mieux que les chimistes qui prétendent reproduire un vin à partir de quelques molécules chimiques synthétiques, car le produit final est un véritable vin et la méthode d’assemblage est une technique connue et maîtrisée pour contrôler le profil aromatique d’un vin. Par contre, disons que les 2000 vins analysés par le laboratoire de Replica ne m’impressionnent pas beaucoup, n’importe quel laboratoire d’œnologie classique traite bien plus d’échantillons chaque année. Ensuite on a peu de détails sur leur définition d’un profil de vin en dehors du taux d’alcool et du ph. Certains composés aromatiques sont certes bien connus et faciles à identifier, mais pas tous, comme le démontre bien le débat sur la minéralité. De plus, les vins en contiennent plusieurs centaines et la composition d’un vin change avec le temps. C’est toute l’idée du vieillissement et c’est tellement complexe que différentes bouteilles de la même cuvée peuvent évoluer différemment. Bref, le seul profil chimique du labo ne peut pas prétendre identifier un vin avec une précision absolue. La dégustation finale par le sommelier peut en partie compenser ce handicap, mais je serais surpris que ça marche pour autre chose que des vins très technologiques au profil aromatique bien simple. Par exemple, il est certain qu’il est plus facile de reproduire un vin au boisé tellement marqué qu’il écrase les autres saveurs, mais pour des cuvées de moyen ou haut de gamme…

Quels sont les résultats obtenus?

Pour vous en faire une idée, vous pouvez consulter ce vidéo de CBS News (merci à Catherine @catesake pour me l’avoir gentiment signalé), ou ces articles de Wine Enthusiast ou Wine Searcher. Au final, on remarque donc que la majorité des dégustateurs, même les non professionnels, ont vu de nettes différences entre l’original et le Replica correspondant. Plusieurs préfèrent aussi l’original mais dans certains cas, c’est l’inverse (pas vraiment surprenant car les notes de dégustation indiquent des profils carrément racoleurs) mais on trouve surtout des gens séduits par l’idée d’un vin moins cher.

Conclusion?

Au final, la notion de copie conforme d’un grand vin est un truc de marketing plus qu’une réalité. Une telle copie est possible pour un parfum, dont la composition est faite de quelques ingrédients et donc facilement reproductible. Ce n’est pas le cas pour un vin, où on doit se contenter de produire un vin du même style que l’original. Pour des cuvées d’épicerie de bas de gamme, on peut sûrement être plus proche, mais cela n’a aucun intérêt. Reproduire des cuvées au profil aromatique sophistiqué à partir de vins de base bon marché est un pur fantasme. Pour faire de grands vins, il faut partir de raisins cultivés avec soin et la vinification doit également être travaillée tout aussi soigneusement. Il y a des coûts réels associés à tout ce travail. Sans parler de la notion de terroir.

Dans le cas des vins copiés par Replica, il faut admettre que ce sont des vins "technologiques" au style nouveau monde bien assumé. On trouve de tels vins à différents niveaux de prix, mais les cuvées haut de gamme ont des qualités qu’on ne trouve pas dans les bouteilles à moitié prix.

Si vous voulez un exemple de vin du nouveau monde de 50$ très difficile à copier, prenez par exemple le Peter Franus Mount Veeder Brandlin Vineyard Zinfandel, dont on vous avait parlé dans notre billet «Trois grands rouges à offrir en cadeau ».

Par contre, on peut avoir beaucoup de plaisir avec des vins vendus à prix abordables, on vous en recommande d’ailleurs chaque semaine sur HippoVino Hebdo ou ici-même sur le blogue HippoVino. Pas besoin de chercher des copies alors qu’on peut découvrir plein de belles cuvées originales !

À la bonne vôtre !

Alain P.

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mercredi 8 août 2018

Le vin bleu en questions et réponses

Le vin bleu. On en parle beaucoup mais peu en ont bu et très peu savent de quoi il s’agit vraiment. Quelques questions et réponses pour en savoir plus.

Le vin bleu est-il du vin?

Légalement non, c’est une boisson alcoolisée à base de vin. D’une part, le bleu ne fait pas partie des couleurs de vin définies dans les lois régissant les produits alimentaires. Ensuite, les colorants bleus ne font pas partie des additifs autorisés pour les vins. On ne peut donc pas écrire « vin bleu » sur l’étiquette.

Comment fait-on du vin bleu?

Les producteurs qui expliquent leur procédé utilisent tous la même méthode : ils produisent un vin blanc (tranquille ou effervescent) puis lui ajoutent un (ou plusieurs) colorant bleu.

La marque Gik utilisait du colorant alimentaire E132 (carmin d’indigo, aussi appelé indigotine). Le Blanc de Bleu Cuvée mousseux de Bronco Wine, vendu à la SAQ, utilise un extrait de bleuet ainsi qu’un autre colorant alimentaire non précisé.

Le vin bleu est-il naturel?

Puisqu’on lui ajoute un colorant artificiel, la réponse est non a priori. Notons cependant que la marque espagnole Vindigo a bâti sa publicité en France en présentant son produit comme un  « vin bleu naturel ». Elle prétend le produire en faisant macérer son vin blanc de base avec des peaux de raisins bleus. Le problème, tel qu’expliqué par les scientifiques de l’INRA au magazine Sciences et Avenir, est que le vin est très acide et que lorsque le pH est entre 3 à 4 (c’est le cas du vin), la couleur extraite par cette macération sera rouge et non pas bleue ! Le producteur du Vindigo doit donc lui ajouter une autre matière colorante ou utiliser un procédé d’extraction particulier. Tant que celui-ci n’est pas précisé, le « naturel » du procédé est douteux tout autant que l’utilisation du mot vin sur l’étiquette. [Mise à jour 25-06-2019] Une étude indépendante parue après la version initiale de ce billet indique que le Vindigo serait en fait coloré avec le colorant alimentaire E133.

Si le producteur utilise un procédé d’extraction original, il peut le breveter et ainsi protéger son produit contre les imitations tout en révélant sa technique. Par contre, une recette d’ajout d’ingrédient(s) ne peut être brevetée.

Le vin bleu, c’est bon?

Je n’ai pas pu trouver une dégustation par un critique ou professionnel du vin qui dise que c’est bon, mais l’idée n’est pas de faire un grand vin, plutôt une boisson cool à boire sur le bord de la piscine ou pour épater les copains, bref, rien de sérieux.

Que peut-on trouver à la SAQ?

Le Dilé Moscato Blu, un cooler au vin fait de muscat et vraiment très sucré. Le Blanc de Bleu Cuvée mousseux, un effervescent à base de chardonnay vendu en petit format (187 ml), mais il n’en reste presque plus.

Est-ce qu’HippoVino recommande un vin bleu?

Non.

Mais buvez-en si ça vous amuse, on ne vous juge pas.

À la bonne vôtre !

HippoVino

Le vin bleu fait le buzz sur les réseaux sociaux, mais il semble y avoir un écart entre l’envie d’en parler et celle d’en boire, comme le montre ce sondage de @KAREN_L_J.

P.S. Un vin blanc de blancs est un vin blanc fait de raisins blancs. Donc, le Blanc de Bleu Cuvée mousseux devrait plutôt s’appeler Bleu de Blancs, puisque c’est une boisson bleue faite de raisins blancs, mais le producteur est américain et utilise des mots français sans les comprendre, juste parce que ça fait chic.

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lundi 6 août 2018

Les cigares qui se boivent

[Mise à jour 6-10-2018] Je ne suis pas fumeur de cigare mais par contre je suis un fan des cuvées appelées "Cigare" du producteur californien Bonny Doon Vineyard. J’ai beaucoup d’admiration pour leur winemaker, le célèbre Randall Grahm. Non seulement il produit de grands vins avec une régularité exemplaire, mais c’est aussi une personne qui n’hésite jamais à mettre en pratique ses convictions personnelles, quitte à faire les choses différemment de ses concurrents. Un très bel exemple est dans l’étiquetage des ingrédients utilisés dans la production de ses vins, un niveau de transparence qu’on ne voit nulle part ailleurs, hélas. Sur les étiquettes de ses vins vendus aux États-Unis mais aussi sur le site Web de Bonny Doon, vous pouvez trouver la liste détaillée de ce qui est dans la bouteille, mais aussi de ce qui a été utilisé durant la production. L’exemple suivant est tiré de la page du Cigare Volant 2012.


Bonny Doon affiche ces listes depuis 2007 et vend toujours très bien ses cuvées. Chez les autres producteurs, on vous tient un beau discours sur le respect de la nature, du terroir, on discourt sur la non intervention mais la liste des ingrédients utilisés demeure cachée dans un coffre-fort. C’est d’ailleurs pourquoi je ne relaie jamais ce type de propos, tout comme je ne vous dirai jamais qu’un vin est bio s’il n’est pas certifié comme tel. Mais quittons le niveau des principes et passons aux dégustations des trois cuvées "Cigare" vendues à la SAQ.


Bonny Doon Vineyard Le Cigare Blanc 2014 (Hipponote 3.5* $$$$ SAQ : 35.00$). J’avoue que c’est mon chouchou, toujours remarquable année après annéemême si mes attentes sont élevées. Cet hommage à un Châteauneuf du Pape blanc est fait de grenache blanc et de roussanne, les raisins provenant tous d’un seul vignoble, appelé Beeswax, situé dans l’AVA Arroyo Seco, près de Monterey. Ce vin est tout à fait digne de concurrencer les grands blancs de la vallée du Rhône, ce qui en fait un excellent rapport qualité/prix, même s’il peut paraître cher à plusieurs. Il se distingue par sa merveilleuse texture en bouche, son équilibre parfait, ses riches saveurs fruitées et son intensité minérale. Très bon avec poissons, homard, fruits de mer en sauce. Disponible à la SAQ en ce moment. Peut se boire dès maintenant, mais se gardera en cave au moins 5 ans.

Bonny Doon Vineyard Le Cigare Volant 2012 (Hipponote 3.5* $$$$ SAQ : 40.00$). Ce rouge est un hommage au Châteauneuf du Pape, produit avec les cépages mourvèdre, grenache, syrah et cinsault. C’est une autre cuvée dont la qualité est d’une régularité à souligner, mais on remarque que son style a évolué dans les dernières années. Le 2010 dégusté il y a 2 ans m’avait paru un peu austère, le 2012 est nettement mieux adapté à mon goût personnel. Beaucoup de matière, de belles saveurs de fruits noirs avec des notes épicées et de tabac (ce n’est pas pour rien qu’il s’appelle cigare, ok, je blague, là), des tanins solides mais pas du tout agressifs, le tout donnant un très bon rouge à servir avec des viandes rouges et à aérer avant le service. Peut se boire maintenant, mais sera certainement encore meilleurs après 2 à 5 ans de garde. Il reste quelques bouteilles de 2011 à la SAQ au moment d'écrire ce billet, le 2012 est arrivé lors de notre mise à jour début octobre.

Bonny Doon Vineyard Vin Gris de Cigare 2017 (Hipponote 3* $$$ SAQ : 22.75$). Millésime 2017 très réussi pour ce rosé californien au style provençal. Il est tout en élégance et en fraîcheur, avec de délicates notes florales et fruitées. Il est très bon à l’apéro et meilleur encore pour accompagner des poissons ou légumes grillés.

Si vous trouvez les cuvées "Cigare" un peu chères pour votre budget, sachez que Bonny Doon produit également d’autres vins plus abordables mais tout à fait intéressants dont nous reparlerons dans un prochain billet.

À la bonne vôtre !

Alain P.

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