vendredi 30 septembre 2016

Sécateurs, vin pour le temps des vendanges !

J’avoue que je suis sensible au design des étiquettes de vin, certaines m’attirent et me donnent envie d’essayer une nouvelle bouteille. D’autres, au contraire, ont tendances à me repousser et il faut quelques bonnes critiques pour me convaincre de les acheter. C’était le cas de cette cuvée « Sécateurs » dont le nom m’inspirait peu. Je comprends bien l’idée, le sécateur étant un outil indispensable aux viticulteurs, autant pour les vendanges que pour la phase cruciale de la taille de la vigne. Par contre, j’ai envie de boire du jus de raisin, pas du jus de sécateur, d’où mon dédain initial.


Mais à force de lire des critiques élogieuses provenant de plusieurs dégustateurs différents, il m’est apparu plus intéressant et je n’ai pas été déçu par le contenu de la bouteille concoctée par Adi Badenhorst, un vigneron sud-africain du Swartland. Issu d’une famille liée au fameux vin de Constance, il a travaillé dans plusieurs grands vignobles de France, puis en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud, avant de reprendre un vignoble local avec son cousin Hein. Il est connu pour travailler à l’ancienne, en culture bio et avec de vieilles techniques comme le foulage aux pieds (propres en général, selon son site Web).

La cuvée Adi Badenhorst Sécateurs Red Blend est un assemblage de cinsault et syrah, avec un peu de grenache, mourvèdre ainsi que du pinotage ou cabernet sauvignon sur certains millésimes. Au nez et en bouche, c’est clairement la syrah qui se démarque avec des effluves d’eucalyptus et des notes de poivre. Mais c’est surtout un bon rouge assez corsé et bien fruité, dont les 14.5% d’alcool sont équilibrés par une belle acidité. Légèrement rafraîchi, c’est un rouge plutôt polyvalent qui peut se boire avec des viandes blanches ou rouges, grillées ou braisées, et même à l’apéro si vous supportez un vin costaud.

Comme c’est le temps des vendanges en Europe, c’est un bon moment pour découvrir Sécateurs, même si l’Afrique du Sud vendangera seulement dans 6 mois, puisqu’elle est située dans l’hémisphère austral.

À la bonne vôtre !

Alain P.

Fiche du Adi Badenhorst Sécateurs Red Blend sur HippoVino (Hipponote 3.5* $$ SAQ : 19.65 $) avec liens vers producteur, critiques, fiche technique, agence et site de la SAQ.

P.S. Nous avions parlé récemment d’un vin blanc du même producteur : Afrique du Sud, terre de vins blancs.

jeudi 29 septembre 2016

Bien conserver son vin : comment et pourquoi? Les conditions d’une cave idéale.

[Mise à jour 8-09-2021] La cave idéale pour bien conserver le vin ressemble aux fameuses crayères de la Champagne : en sous-sol, taillée dans un roc calcaire, sombre, à température fraîche et constante et disposant d’une hygrométrie parfaite. Certes, il n’est pas à la portée de tous de creuser des galeries à 30 mètres de profondeur, mais rassurez-vous, on peut conserver ses précieuses bouteilles en respectant quelques conditions de base très simples.




Une température fraîche : même si une valeur constante de 12°C est la meilleure pour conserver du vin 50 ans ou plus, une température de 10 à 18°C convient parfaitement.
Il faut par contre être conscient que le vin vieillit nettement plus vite à température élevée. Donc si votre vin subit des températures de plus de 16° sur de longues périodes, vous devrez le boire plus rapidement. Si la température atteint ou dépasse 25° C, les problèmes de bouteilles défectueuses risquent de se multiplier.

Il faut un taux d’humidité d’au moins 40 à 50% (voir P.S. à la fin de ce billet) et conserver les bouteilles couchées pour que le bouchon reste en contact avec le vin et ne sèche pas. Après plusieurs mois en position verticale ou dans un environnement trop sec, le bouchon laissera passer un petit filet d’air et le vin s’oxydera très rapidement, sauf bien sûr si c'est une bouteille fermée par une capsule à vis. Notez qu’une humidité supérieure à 85% endommagera les étiquettes et, plus élevée encore, peut même causer l’apparition de champignons sur le liège.

Absence de vibration : le vin doit pouvoir demeurer parfaitement immobile sinon les vibrations vont accélérer l’évolution et peuvent même desceller le bouchon, ce qui déclenchera une oxydation rapide.

Absence de lumière : la lumière impacte l’évolution chimique du vin, surtout lorsque les bouteilles sont claires évidemment. L’obscurité totale est donc préférable mais une faible luminosité ne causera pas de problème majeur. Éviter les éclairages par tube fluorescent.

Absence d’odeurs : les odeurs de produits chimiques ou d’aliments très odorants peuvent réussir à contaminer les arômes des vins, ce qui serait bien sûr très dommage.

Si ces conditions sont respectées, vos bouteilles de vin vont en général bien se conserver. Combien de temps? C’est la grande question. Tout vin peut se conserver 1 à 2 ans, plusieurs 5 à 6 ans mais pour les garder plus longtemps, cela dépend du type de vin, de son élevage, du millésime et c’est souvent variable d’une bouteille à l’autre. Nous en avions parlé brièvement dans le billet « Toujours meilleurs, les vieux vins? Non, c’est un mythe… » ainsi que dans « Combien de temps conserver un champagne? » et nous y reviendrons.

À la bonne vôtre !

Alain P.

P.S. La version originale du texte mentionnait un taux d’humidité minimal de 70% comme l’indiquent de nombreux spécialistes. La lecture de cet article de Marc André Gagnon du site Vinquébec m’a conduit à diminuer ce chiffre à 40 à 50% car il semble que cela soit suffisant. Notons tout de même que les véritables caves des châteaux européens où les vins se gardent parfois plus de 50 ans ont des taux d’humidité de 70 à 80%.

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samedi 10 septembre 2016

Afrique du Sud, terre de vins blancs

Je ne vous ai pas beaucoup parlé des vins d’Afrique du Sud sur ce blogue mais ceci n‘est pas du tout un signe de manque d’intérêt. Oui, je reconnais être un amateur de vins de l’ancien monde, vous l’avez sûrement remarqué. Par contre, j’apprécie de plus en plus ceux du nouveau monde et ce, pour deux raisons. D’une part, leur qualité a beaucoup progressé dans les dernières années. Ensuite la SAQ nous offre désormais un choix nettement plus intéressant et varié. Il y a quelque temps celui-ci se limitait aux plus gros producteurs, ce qui permettait quand même de profiter de quelques belles cuvées offrant un très bon rapport qualité-prix. Un bel exemple en provenance d’Afrique du Sud, ce sont les vins de Robertson Winery. Mais il vaut la peine de s’intéresser aussi à de plus petits vignobles sud-africains et voici deux vins blancs qui vont vous le prouver (notez qu’il y a également de bons rouges dans ce pays, nous y reviendrons dans de prochains articles).

Le premier est d’abord apparu au Québec comme vin d’importation privée. Son succès a attiré l’attention et il est sur les tablettes des succursales SAQ depuis août dernier. Je l’ai remarqué car plusieurs critiques se sont empressés de chanter ses louanges, j’en ai donc acheté une bouteille et j’ai été ébloui par la belle qualité de cette cuvée à moins de 15 $. The Curator White Blend, c’est une cuvée de négoce (les raisins sont achetés d’autres viticulteurs et non récoltés sur place) du Domaine A.A. Badenhost Family Wines, situé dans la région du Swartland. C’est un assemblage de chenin blanc, chardonnay et viognier et cela donne un très beau vin avec une belle texture en bouche, un petit côté floral et en même temps de belles notes fruitées. Un très beau blanc d’apéro qui a également fort bien accompagné des sushis.

La maison Bouchard Finlayson a été fondée en 1989 par un vigneron bien connu de Bourgogne, Paul Bouchard, et un talent local, Peter Finlayson. Ils exploitent un domaine de 22 hectares de vignes. Leur cuvée Bouchard Finlayson Chardonnay Sans Barrique Overberg est un très beau vin blanc dont le nom est plutôt explicite. On déguste donc un vin blanc de chardonnay provenant d’une parcelle située  dans la région d’Overberg et élevé en cuve, sans utilisation de bois. Le résultat est un vin blanc élégant et frais, avec des saveurs d’agrumes et un beau côté minéral. Le genre de blanc taillé sur mesure pour accompagner les fruits de mer. Un profil très chablisien, nous dit très justement Nadia Fournier, serait-ce un indice que ces caractéristiques  sont liées au travail du vigneron plutôt qu’au sous-sol si particulier de cette célèbre région bourguignonne?

À la bonne vôtre !

Alain P.

Fiche du A.A.Badenhorst The Curator sur Hippovino (Hipponote 2.5* $ SAQ : 13.00 $) avec liens vers critiques, fiche technique, producteur, agence et SAQ.

Fiche du Bouchard Finlayson Chardonnay Sans Barrique Overberg sur Hippovino (Hipponote 3* $$$ SAQ :24.95 $) avec liens vers critiques, fiche technique, producteur, agence et SAQ.

[Prix mis à jour le 22-10-2018]

mercredi 7 septembre 2016

Domaine des Salamandres, un coup de cœur de la Fête des vendanges

La fin de semaine dernière marquait le début de la Fête des vendanges Magog-Orford 2016 et nous étions 57 000 visiteurs à nous émerveiller devant les gourmandises du terroir québécois. Évidemment, qui dit vendanges veut dire vin, mais il y a bien d’autres produits à déguster à cette fête gourmande. Il y a 2 ans, nous avions d’ailleurs  bâti notre visite sous la forme d’un parcours de dégustation axé sur les accords mets-vin. Comme je vous ai surtout parlé de vins et de cidres, cette année, je m’étais donné pour mission d’explorer des boissons plus originales.

Aujourd’hui, nous allons consacrer ce billet à un domaine qui produit des vins mais aussi des boissons alcoolisées à base de poires, les fameux poirés. Le Domaine des Salamandres est situé à Hemmingford, en Montérégie. Il s’est fait connaître en créant une cuvée au nom d’un des joueurs de hockey du Canadien de Montréal, le russe Alexei Emelin.

En arrivant au kiosque, j’ai demandé à goûter la gamme de poirés, mais le vigneron, fort sympathique au demeurant, m’a gentiment demandé de tester le millésime 2014 de son vin de vendange tardive. L’expérience m’a appris qu’une telle attitude signifie en général que le producteur est très fier du produit en question et j’ai donc acquiescé. Je n’ai pas été déçu, ce vin de Vendange Tardive à base de cépage Vidal est un superbe vin doux, élégant, pas trop sucré, avec une belle richesse de saveurs et une petite amertume qui permet à la finale de se prolonger très agréablement. Le vigneron prétend que sa réussite est due à l’usage de levures indigènes, mais je dirais plutôt qu’un tel équilibre tient à un travail soigné et impeccable sur toute la ligne, bravo !

La production des poirés de glace suit les mêmes techniques que pour le cidre de glace. On peut utiliser la cryoconcentration, les fruits étant récoltés et pressés à l’automne, puis le moût laissé dans le verger durant l’hiver pour que le gel concentre les sucres. Les cuvées haut de gamme sont réalisées en cryoextraction, où ce sont les fruits qui sont laissés au gel avant d’être pressés.

Le Poiré de Glace Classique des Salamandres est assez sucré et offre des saveurs franches de poires et de pommes cuites, une belle gâterie pour les becs sucrés. Personnellement, j’ai préféré le fameux Poiré de Glace Cuvée Tabarnak (rebaptisée Cuvée Controversée dans les succursales SAQ, manquerait-on un peu d’humour dans notre cher monopole?) plus élégant, au sucre moins présent, avec des petites notes qui font penser à la crème et des saveurs de noisette. Parfait pour accompagner un dessert aux poires et chocolat !

La fête desvendanges continue la fin de semaine prochaine, allez y faire un tour et ne manquez pas le kiosque du Domaine des Salamandres !

À la bonne vôtre !

Alain P.

P.S. Je n’ai aucun lien avec le domaine, c’est simplement un des coups de cœur de ma visite. Je vous reviens avec d’autres dans les prochains jours.

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vendredi 2 septembre 2016

Une Syrah de Californie pour les copains

Les cépages du Rhône prennent de plus en plus de place en Californie depuis que les fameux Rhone Rangers ont réussi à sensibiliser les américains à l’idée qu’on pouvait cultiver autre chose que du cabernet sauvignon. J’avoue que la présence du mot français Copain sur une étiquette californienne m’a interpellé. Je me souvenais avoir vu passer une critique, alors j’ai décidé de l’essayer et je n’ai pas été déçu (euphémisme).

Le domaine Copain Wines a été fondé par Wells Guthrie, un ancien du magazine Wine Spectator qui a appris son métier en travaillant avec le célèbre Michel Chapoutier. De retour aux États-Unis, il produit du vin dans le comté de Mendocino, au Nord de San Francisco, une région qui bénéficie d’un climat méditerranéen.

La famille de vins « Tous Ensemble » se veut un ensemble de cuvées à boire avec les amis, ce qui est un peu le propre de la majorité des bons vins d’ailleurs. La Syrah Tous Ensemble de Copain se distingue par son élégance et sa texture veloutée, deux éléments qui ne cohabitent pas toujours avec ce cépage. C’est un rouge qui a beaucoup de charme. Il ne brille pas par une complexité hors du  commun, ce n’est pas la cuvée pour écrire une longue note de dégustation, mais pour ce qui est de l’équilibre et du plaisir à boire, il mérite un grand coup de chapeau.

Son seul inconvénient est qu’à 36.75 $, il n’est pas donné, mais personnellement je vais en racheter, pour le boire avec les copains bien entendu… Et si vous l’achetez aujourd’hui ou demain à la SAQ avec 2 autres bouteilles, vous profiterez d’un rabais de 10 % qui ramènera le prix à 33 $.


À la bonne vôtre !

Alain P.

Fiche du Copain Syrah Tous Ensemble Anderson Valley sur HippoVino (Hipponote 3.5* $$$$ SAQ : 36.75 $) avec liens vers critiques, producteur, agence et SAQ.