vendredi 29 avril 2016

Peut-on carafer un Champagne?

On passe en carafe une bouteille de vin rouge jeune afin de l’aérer pour calmer les odeurs de réduction, dégager les arômes et assouplir les tanins. C’est une opération assez classique et Yves Mailloux a justement publié hier un très bon article sur le sujet dans le HuffPostQuébec. Plusieurs choisissent également parfois d’aérer certains vins blancs, là encore pour « ouvrir » leurs arômes mais est-ce souhaitable et/ou possible pour les champagnes?

J’assistais hier à une présentation et dégustation organisée par la maison Nicolas Feuillatte et, comme le prouve la photo ci-dessous, le Directeur œnologie et qualité de cette prestigieuse maison champenoise n’a pas hésité à carafer un Palmes d’Or Brut Vintage 1999. Selon lui, le passage en carafe était nécessaire pour réveiller les arômes des magnums de cette remarquable cuvée. Il faut dire que les bouteilles en format magnum (1.5 L, équivalent à 2 bouteilles du format habituel) évoluent moins rapidement, ce qui permet d’ailleurs de les conserver plus longtemps en cave.

Passage en carafe d'un magnum de Champagne
Évidemment, le Champagne est avant tout un vin, il est donc logique que l’aération puisse lui être bénéfique. Par contre, le risque est évidemment le dégazage, autrement dit de provoquer le dégagement rapide des bulles et de le transformer en vin tranquille. Selon Guillaume Roffiaen, trois précautions permettent d’éliminer ce risque. Il faut choisir une carafe de forme adéquate, donc pas trop évasée, afin de minimiser l’effet de brassage. La carafe doit être refroidie pour être à la même température que la bouteille. Enfin, il faut verser très doucement et avec beaucoup de délicatesse.

En tout cas, je peux témoigner que sa méthode a donné d’excellents résultats, le Palmes D’Or 1999 s’est révélé un superbe Champagne, d’une longueur et d’une complexité étonnantes. La grande fraîcheur et le côté minéral lui donnent beaucoup d’élégance et c’est une cascade de saveurs en bouche, avec quelques notes toastées et de noisettes. Bref, j’ai beaucoup aimé ! J’ai aussi aimé plusieurs autres cuvées de la maison Nicolas Feuillatte, j’y reviendrai dans les prochaines semaines.

Voilà, vous savez tout et vous êtes prêt à carafer votre prochain Champagne. Juste un dernier petit conseil cependant. Personnellement, et c’est vrai pour tous les types de vin, je ne carafe pas systématiquement. Je préfère commencer par goûter pour vérifier si la bouteille n’est pas défectueuse, mais aussi pour décider si le passage en carafe est utile. Si le vin est marqué par la réduction ou vraiment fermé, on sort la carafe. Si l’aération en faisant tourner le verre lui suffit, je le sers sans aération additionnelle.

À la bonne vôtre !

Alain P.

Merci à la maison Nicolas Feuillatte, à l’Agence Mosaiq et à Brigitte Foisy pour la belle dégustation et bravo à l’équipe du restaurant Branzino pour l’accueil et la bonne cuisine.

P.S. C’est le Nicolas Feuillatte Palmes d’Or Brut 2004 qui est actuellement disponible à la SAQ. Il est vraiment excellent lui aussi. Le nez m’a paru encore plus riche, le pinot noir plus présent en bouche. Il a aussi des notes délicates de fruits exotiques et une finale impressionnante, même si elle est un peu moins longue que celle du 1999. Le 2004 est parfait pour l’apéro et accompagner le repas, alors que le 1999 est à apprécier seul, en mode méditation.



mardi 26 avril 2016

France, Italie, Espagne, qui fait les meilleurs vins?

La France a longtemps occupé une place à part dans le monde du vin. C’était non seulement le plus grand pays producteur mais aussi celui des cuvées les plus prestigieuses. Des régions comme Bordeaux, la Bourgogne et la Champagne ont dominé la hiérarchie viticole mondiale sans l’ombre d’un partage.

Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, l’Italie et l’Espagne disputent à la France le titre de plus grand producteur mondial et la bataille fait rage sur les marchés d’exportation. Le premier ministre italien, Matteo Renzi, n’a d’ailleurs pas hésité à déclarer que les vins italiens étaient maintenant meilleurs que les vins français. Cette déclaration, certes empreinte de chauvinisme, a bien sûr été très mal reçue en France.

Si on regarde les chiffres de 2015, la France est seulement le 3e exportateur mondial en volumes. Mais  elle garde la couronne de premier exportateur en valeur car ses vins se vendent plus chers que ceux de ses voisins du Sud. Si ses vins se vendent plus cher, est-ce la preuve qu’ils sont meilleurs?

En réalité, on trouve aujourd’hui de très grands vins non seulement dans le trio qui domine le vin européen, mais aussi dans plusieurs pays du nouveau monde, notamment les États-Unis, la Nouvelle Zélande, l’Argentine, l’Australie et l’Afrique du Sud. Mais les vins français demeurent les plus recherchés et le décalage des prix existe à trois niveaux.

Les cuvées mythiques sont très majoritairement françaises, comme le prouvent les prix les plus hauts des ventes aux enchères, où la France domine le haut de la liste.

Dans les grands crus, si plusieurs cuvées de Toscane et d’autres pays ou régions parviennent à se vendre à des prix élevés, il reste que l’offre française est d’une richesse exceptionnelle. Mais il faut reconnaître que la qualité est loin d’y être uniforme. Avec la montée des connaissances dans les nouveaux pays consommateurs, on peut s’attendre à un rééquilibrage dans les prochaines années.

La vraie bataille va se jouer au niveau des vins à prix moyen. Dans les bouteilles qui se détaillent entre 20 $ et 40 $ à la SAQ, les vins italiens et espagnols offrent aujourd’hui de nombreux produits diversifiés et de grande qualité qui sont aussi bons sinon meilleurs que nombre de bouteilles françaises. Là où les français sont indiscutablement meilleurs, c’est pour raconter une histoire autour de leurs vins. Mais leurs concurrents s’améliorent et les consommateurs regardent le rapport qualité-prix. Affaire à suivre.

Pour finir en beauté, voici un très bon vin de chacun des trois pays.

Le Château Les Ormes-Sorbets 2009 est un très bel exemple de ce que Bordeaux peut offrir à un prix compétitif. Ce Cru Bourgeois du Médoc à dominance de cabernet sauvignon et issu d’un grand millésime est parfaitement équilibré et peut se boire dès maintenant en le passant un bon 30 minutes en carafe. C’est aussi un très bon candidat pour 5 à 7 ans de garde à la cave.

Le Crognolo 2013 de la maison Tenuta Sette Ponti est un très beau rouge de Toscane fait surtout de sangiovese. Un vin élégant au fruité charmeur bâti sur une belle structure tannique qui lui permettra de vieillir 3 à 5 ans de plus sans problème. Il est déjà très bon à condition de l’aérer en carafe.

Le Torres Laudis est un rouge espagnol du Priorat, en Catalogne, qui est un assemblage de carignan et de grenache noir. J’aime beaucoup ce vin aux belles saveurs de fruit noir relevées de notes de réglisse, très long et vraiment savoureux. Un peu moins costaud que les deux cuvées précédentes mais un rouge  qui donne beaucoup de plaisir dès aujourd’hui.

Ces trois vins sont à leur meilleur à table en accompagnement de viandes rouges rôties ou braisées.

À la bonne vôtre !

Alain P.



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lundi 25 avril 2016

Borges Porto Blanc Reserva – Importation privée de la semaine

Nous vous avons parlé des vins blancs de la maison portugaise Vinhos Borges il y a 10 jours : Vins blancs du Portugal, beaucoup plus que le vinho verde ! Mais cette vénérable entreprise familiale (elle date de 1884) produit également des portos et j’avoue avoir été séduit par leur très bon Porto blanc Reserva Borges.

C’est un assemblage des cépages malvasia fina, gouveio, rabigato et viosinho, de 7 ou 8 ans d’âge, vieillis en barriques. Il est très enveloppant en bouche et offre de belles saveurs de miel et de noix. Un porto blanc assez polyvalent qui peut être servi pour l’apéro, pour accompagner des desserts ou des fruits secs et même à table avec une cuisine épicée.

Je ne serais pas surpris de le voir bientôt sur la carte de plusieurs restaurants portugais de la région montréalaise. C’est une importation privée de l’agence LBV International disponible en caisse de 6 bouteilles.

À la bonne vôtre !

Alain P.

Fiche du Borges Porto Blanc Reserva sur HippoVino avec liens vers producteur, fiche technique et agence.

Notre importation privée précédente : Ciconia Tinto Alentejo.


jeudi 21 avril 2016

Des vins blancs dont il reste peu, mais qui valent la peine d’attendre leur retour…

[Mise à jour 10-01-2017] Habituellement, je recommande très rarement des vins dont il reste peu de bouteilles disponibles à la SAQ, pour vous éviter la frustration de vouloir goûter mes recommandations et de découvrir qu’il n’en reste malheureusement plus à votre succursale favorite. La difficulté, vue de mon côté, est que la plupart des vins que je recommande sont des bouteilles que j’ai achetées en succursale et bues quelque temps plus tard. Si je tarde un peu, il arrive que les stocks se soient écoulés entre temps. Il y a donc plusieurs vins dont je ne peux vous parler que lorsque la prochaine commande est arrivée.

Aujourd’hui, j’ai décidé de procéder à l’inverse et de vous décrire quatre très belles cuvées, tout en sachant que plusieurs d’entre vous ne pourront les acquérir tout de suite. N’hésitez cependant pas à vérifier leur disponibilité avant de vous décourager, votre succursale est peut-être dans les quelques-unes qui peuvent vous satisfaire et ces vins valent la peine de faire un petit effort. Sinon, suivez-nous sur Twitter ou revisitez cet article de temps en temps, nous vous ferons part des prochains arrivages. (Janvier 2017 : à l'exception du Pagos del Galir, les trois autres vins sont actuellement disponibles à la SAQ)

Commençons par deux vins blancs du Nord de l’Espagne. Le Pagos del Galir est produit avec le cépage Godello, c’est un très beau blanc frais et fruité, avec de l’élégance et un côté pimpant que j’aime beaucoup. À moins de 18 $, c’est une aubaine et il est disponible en vente finale en ligne, tout le monde peut donc se le procurer. Je suis très surpris qu’aucun critique d’ici n’ait recommandé ce vin pour l’instant.


Dans la série «pourquoi donc en ai-je acheté une seule bouteille », La Caña est un blanc de l’appellation Rias Baixas produit avec le cépage albariño. Lui a été louangé par plusieurs critiques, il faut dire que le vigneron Jorge Ordoñez a très bonne réputation. C’est un blanc avec une belle fraîcheur et une richesse qui se dévoile par couches successives, un vin superbe vendu à un prix ridicule compte-tenu de sa qualité. Espérons que la SAQ en commande une bonne quantité avant la saison du homard !

En provenance de la Vallée de la Loire, le Clos du Grand Beaupréau est produit en appellation Savennières. C’est un excellent chenin blanc que l’élevage en fûts n’a pas trop marqué, ni en saveur boisée, ni en oxydation, il reste donc élégant, équilibré et savoureux. Avec un pot au feu au saumon, il s’est avéré parfait.

Pour finir, un blanc italien de la Vénétie, un Soave Classico produit avec les deux cépages de cette appellation, le garganega et le trebbiano. Le Monte Grande est la cuvée haut de gamme du fameux vigneron Graziano Prà, dont je vous ai déjà paré de la cuvée Otto, très bonne et vendue à bon prix. On monte d’un cran avec le Monte Grande, produit avec de vieilles vignes de plus de 40 ans, fermenté et élevé en fûts de chêne français. Un vin assez discret, sur la retenue, mais qui livre de belles saveurs de pêche et de miel, avec des notes florales et une touche minérale, à condition de ne pas le boire trop froid naturellement. On commence la bouteille avec un plat de pétoncles, mais on en garde pour savourer tout seul ensuite, un beau blanc de méditation !

À la bonne vôtre !

Alain P.

Fiche du Pagos del Galir Godello sur HippoVino avec liens vers les critiques, le producteur, la fiche technique, l’agence et la SAQ.

Fiche de La Caña Albariño Jorge Ordoñez sur HippoVino avec liens vers les critiques, le producteur, la fiche technique, l’agence et la SAQ.

Fiche du Clos du Grand Beaupréau Savennières sur HippoVino avec liens vers les critiques, le producteur, la fiche technique, l’agence et la SAQ.

Fiche du Monte Grande Soave Prà sur HippoVino avec liens vers les critiques, le producteur, la fiche technique, l’agence et la SAQ.


lundi 18 avril 2016

Sulfites et soufre dans les vins, questions et réponses

Depuis quelques années, on trouve la mention «Contient des sulfites » sur la grande majorité des bouteilles de vins. Ceci suscite encore beaucoup de questionnements chez les consommateurs, d’autant plus qu’on entend aussi beaucoup parler de vins sans soufre. Voici quelques réponses aux questions les plus fréquentes.

Est-ce que tous les vins contiennent des sulfites?

Oui, la fermentation produit des sulfites, donc tous les vins en contiennent.

Est-ce que tous les vins contiennent la même quantité de sulfites?

Non, les quantités varient selon les quantités de soufre qui sont ajoutées durant les étapes de production et de mise en bouteille.


Pourquoi est-il écrit «Contient des sulfites » sur les bouteilles?

C’est une obligation légale pour tous les vins qui contiennent plus de 10 mg par litre de sulfites.

Pourquoi cette mention légale est-celle obligatoire?

Des études de l’OMS ont montré que certaines personnes peuvent avoir une intolérance aux sulfites lorsque la quantité ingérée dépasse cette valeur.

Est-ce que c’est une allergie?

On parle d’intolérance plutôt que d’allergie car il faut une certaine quantité, qui semble variable selon les individus, pour avoir des réactions et les sulfites ne déclenchent pas de choc allergique, du moins dans les quantités autorisées dans les produits alimentaires. Par contre, il semble que les personnes asthmatiques soient plus susceptibles d’être intolérantes aux sulfites. Comme pour les allergies, c’est une petite minorité de personnes qui présentent des symptômes.

Est-ce que d’autres aliments contiennent des sulfites?

Oui, les sulfites sont utilisés comme conservateurs dans de nombreux aliments, en particulier dans les fruits secs, où ils sont présents avec des quantités très supérieures aux vins. Les abricots secs sont les produits où le dosage légalement autorisé est le plus élevé. On en trouve aussi dans les crevettes et langoustines.

J’ai entendu dire que les sulfites donnent mal à la tête, est-ce que c’est vrai?

Plusieurs personnes l’affirment, mais je n’ai pas pu trouver d’étude scientifique qui le confirme ou qui confirme le contraire. Par contre, il est bien connu que l’alcool peut causer des maux de tête. Et la sensibilité à l’alcool varie selon de nombreux paramètres : état de fatigue, déshydratation, boisson prise seule ou avec un repas, autres aliments ingérés, vitesse à laquelle l’alcool est bu, etc. Donc si vous avez mal de tête en buvant du vin, ce n’est peut-être pas ce vin particulier qui est en cause, mais les conditions où vous l’avez bu.

Comment savoir si je suis intolérant aux sulfites?

Mangez des abricots séchés puisque ce sont les aliments qui en contiennent le plus. Si vous n’avez pas de réaction, vous n’êtes pas intolérant aux sulfites.

Pourquoi ajoute-t-on du soufre au vin?

Principalement parce que le soufre est un antiseptique et un antioxydant. Il permet de contrôler le risque d’infection bactérienne, par exemple après la vendange ou à certaines étapes de vinification. On en ajoute aussi à la mise en bouteille pour la même raison ainsi que pour limiter les risques d’oxydation durant le transport. Il est démontré que les vins avec très peu de soufre ajouté sont en règle générale beaucoup plus vulnérables aux aléas des transports.

Quelles quantités sont autorisées?

Dans le vin, les quantités maximales autorisées varient selon le type de vin et selon sa méthode de production. Par exemple pour les vins rouges secs, le maximum autorisé va de 100 mg/L pour un vin bio à 150 mg/L pour un vin conventionnel, mais pour les vins liquoreux (qui contiennent beaucoup de sucre), on autorise jusqu’à 400 mg/L (voir tableau ici).

Les vins contiennent-ils les quantités maximales autorisées?

La grande majorité des vins commercialisés au Québec contiennent des quantités de sulfites nettement inférieures aux normes autorisées.

Les vins en vinier ou les vins importés en vrac, donc les vins d’épicerie, contiennent en général des quantités de sulfites plus élevées, mais ce sont les vins doux qui sont susceptibles de contenir les valeurs totales les plus hautes.

Existe-t-il des vins sans sulfites?

Sans aucun sulfite, non (voir la 1e réponse), mais les vins dits « naturels » devraient contenir moins de sulfites ajoutés puisque le soufre y est utilisé de façon minimale. Le nombre plus élevé de bouteilles défectueuses dans ce type de vin pour des raisons d’oxydation, de contamination bactérienne ou de refermentation indique d’ailleurs qu’ils sont effectivement moins protégés.

Les sulfites nuisent-ils au goût des vins?

Le soufre est utilisé en œnologie depuis la fin du XVIIIe siècle. La très grande majorité des très grands vins, y compris tous les grands crus légendaires, ont été produit avec du soufre ajouté. Il est donc carrément ridicule de dire que le soufre nuise au goût du vin.

Par contre, la dégustation des vins naturels montre que la vinification sans soufre ajouté peut permettre de produire des vins avec des saveurs différentes, ce qui enrichit la diversité du monde vinicole.

Personnellement, je n’ai rien contre l’utilisation du soufre mais je trouve qu’il serait utile d’indiquer les quantités réelles de soufre présentes dans les bouteilles de vin. Ceci permettrait au consommateur soucieux de l’impact des sulfites de faire des choix éclairés et à tous de connaître les données véritables. Mais il serait important d’également afficher les détails des ingrédients utilisés, afin d’éviter l’usage d’autres produits conservateurs, potentiellement plus dommageables que le soufre.

À la bonne vôtre !

Alain P.


Si vous voulez lire davantage sur le sujet, la fiche Wikipedia Dioxyde de soufre en œnologie, ce billet de VinQuébec, le guide des normes de la SAQ (pdf).

vendredi 15 avril 2016

Vins blancs du Portugal, beaucoup plus que le vinho verde !

La réputation vinicole du Portugal s’est évidemment bâtie sur celles des vins de Porto, mais depuis la baisse de la demande pour ceux-ci, on a vu de nombreux vins rouges apparaître sur les marchés internationaux. Il y en a 144 au catalogue de la SAQ en date d’aujourd’hui, principalement originaires des régions du Douro, du Dão et d’Alentejo. On trouve 15 vins rouges du Portugal actuellement sur lesite HippoVino, qui se démarquent par leur rapport qualité-prix fort intéressant.

Pour les vins blancs, notre vision s’est longtemps limitée au vinho verde. J’apprécie depuis longtemps la cuisine portugaise et comme j’aime aussi beaucoup le poisson, j’ai pris l’agréable habitude du vinho verde. En écrivant ceci, je remarque qu’ils sont trop peu représentés sur le site HippoVino, que voulez-vous, tant de bons vins et si peu de temps… Mais nous allons travailler pour améliorer cela, c’est une promesse.

Aujourd’hui, on voit apparaître des blancs d’autres régions du Portugal, et grâce à l’incroyable richesse de ce pays en cépages autochtones (plus de 300 selon ce billet d’Yves Mailloux), certains nous offrent des vins à la fois originaux et agréables. J’ai justement eu l’occasion d’en déguster plusieurs produits par la maison Vinhos Borges, lors d’une activité organisée par l’agence LBV International. La maison Borges est un des rares grands producteurs de ce pays à appartenir à une famille portugaise et non à des intérêts étrangers. Elle produit du vin depuis 1884.

Deux de ses vins rouges sont fort connus au Québec le Meia Encosta et le Meia Encosta Reserva, deux belles cuvées très abordables dont je vous ai parlé à plusieurs reprises. Revenons aux blancs.

Ma première surprise fut un vin effervescent : le Real Senhor Blanc de Noirs Reserva Brut, un vin mousseux produit avec le cépage Touriga Nacional. Des bulles produites dans la vision des traditions champenoises, en méthode traditionnelle, avec 4 ans de vieillissement. Un mousseux original et très élégant, qu’à l’aveugle j’aurais certainement confondu avec un crémant de Bourgogne fait de pinot noir, même si les petites notes poivrées auraient dû m’alerter. Une importation privée que vous verrez certainement sur la carte de nombreux restaurants portugais d’ici.

Le Quinta de Simaens est un vinho verde, lui aussi disponible en importation privée. Non gazéifié, son côté légèrement perlant provient de sa vibrante acidité. Il se démarque grâce à de délicates notes fruitées, qui donnent envie d’en reprendre une autre gorgée, puis une autre. Autrement dit, la bouteille va descendre vite et si vous le servez avec des sardines grillées, ce sera un moment de bonheur maritime assuré. L’assemblage de cépages change chaque année, pour le 2014 c’est alvarinho, avesso et loureiro.

Le Meia Encosta blanc est un vin de l’appellation Dão. Les vignes poussent sur des sols granitiques et profitent de grands écarts de température. Là aussi l’assemblage varie avec le millésime, dans le 2015 on trouve encruzado, malvasia, bical et fernao pires. Les raisins sont éraflés, mélangés avant le pressage et l’élevage est fait sur lies en cuves inox. Le résultat est un beau blanc sec, avec une acidité franche et des saveurs d’agrumes, de raisin et de pépins, un beau vin d’apéro et que je verrais aussi accompagner des sushis. Disponible seulement à la SAQ Dépôt à un prix d’aubaine.

Dans la région du Douro, la maison Borges produit aussi des vins blancs. Le défi n’y est évidemment pas de faire mûrir les raisins mais plutôt de conserver une bonne acidité. Le Lello blanc est une cuvée qui y arrive bien tout en gardant une certaine rondeur en bouche et un côté charmeur avec de belles saveurs de fruits tropicaux.  Au Québec, c’est une importation privée.

J’ai beaucoup aimé leur cuvée haut de gamme de la même région, Quinta Da Soalheira, qui n’est malheureusement pas disponible au Québec. Vinhos Borges produit aussi un très bon porto blanc dont je vous reparlerai dans quelques jours.

Si comme moi vous aimez la variété, je vous suggère donc d’ajouter le Portugal à votre liste de pays producteurs de vins blancs intéressants et comme en Espagne, en Italie ou en Grèce, on y cultive autre chose que du chardonnay et du sauvignon. Vive la diversité !

Merci et bravo à l’équipe de Vinhos Borges et à Louis Boisclair pour celle belle dégustation, avec un salut particulier à Jose Maria Machado, œnologue en chef de Vinhos Borges, pour ses explications détaillées et sa patience.

À la bonne vôtre !

Alain P.

Cliquer sur les noms de vins pour accéder à leur fiche sur le site HippoVino avec l’ensemble des liens vers le producteur, la fiche technique, les critiques, le site SAQ et l’agence.



lundi 11 avril 2016

Ciconia Tinto Alentejo – Importation privée de la semaine

Notre importation privée de la semaine est le Ciconia, un bon vin rouge du Portugal, plus précisément de la région de l’Alentejo. Le nom Ciconia signifie cigogne en portugais et l’Alentejo est une zone où ces beaux oiseaux ont l’habitude de nicher durant l’hiver.

Personnellement, je l’ai découvert lors d’un voyage à New-York et j’ai été séduit par son côté fruité, pimpant et généreux avec les notes poivrées typiques de la syrah. En effet, c’est un assemblage original pour cette région. Le cépage principal est l’aragonez, qui est le nom portugais pour le tempranillo espagnol et c’est effectivement le cépage rouge qui domine l’Alentejo. Mais ici, il est mélangé avec deux cépages peu fréquents dans cette région, la syrah et le touriga nacional (courant dans les autres parties du Portugal). La vinification est effectuée en cuves inox mais une partie est ensuite élevée quelques mois en fût de chêne.

Certes, ce n’est pas un grand vin, mais plutôt un beau petit rouge à savourer en toute simplicité, qui rejoint un large public. Il peut se boire à l’apéro, avec des charcuteries et il accompagne bien une assiette hamburger-frites. Je suis surpris de ne pas le voir sur la carte de plus de restaurants au Québec. Décidément, le Portugal est un bon endroit pour dénicher de bons petits rouges à moins de 15 $ !

À la bonne vôtre !

Alain P.

Fiche du Ciconia Tinto Alentejano sur le site HippoVino avec liens vers le site du producteur, la fiche technique et l’agence.

Notre importation privée précédente : Finca Terrerazo, un vin recommandé par Sébastien Muniz.


jeudi 7 avril 2016

Vigneron, critique et consommateur, amis des vins ou trio infernal?

Pour que vous puissiez vous régaler de votre cuvée préférée, on a besoin des trois. Sans vigneron, rien à boire. Sans consommateur, le vigneron ne survivra pas longtemps. Et sans critique, plusieurs consommateurs ne sauront pas quoi acheter, ils risquent de toujours boire la même chose ou de changer pour d’autres boissons après trop de mauvaises expériences. Bref, les critiques sont utiles et pour les consommateurs et pour les vignerons.

Pourtant, cette semaine, les couteaux ont volé bas. Cela a commencé par un célèbre œnologue bordelais qui a lancé des anathèmes aux journalistes et on a continué avec un journaliste québécois qui s’est fâché contre un vigneron qui avait refusé de le recevoir. Qui a raison?

Commençons par reconnaître que la difficulté des rapports entre producteurs et critiques n’est pas l’apanage du monde du vin. Que ce soit en cinéma, en littérature ou en cuisine, on entend rarement se plaindre des bonnes critiques, mais les propos négatifs font souvent des vagues. On voit des cinéastes refuser d’inviter aux premières les critiques dont les propos leur déplaisent, comme l’a fait le vigneron mentionné plus haut.

J’ajouterais que le travail et l’engagement du vigneron sont sans commune mesure avec ceux du journaliste. Il faut plusieurs années d’efforts pour faire pousser une vigne, une année complète de travail pour mener du raisin à maturité, le récolter et le transformer en vin. Ce sont d’énormes investissements en temps et en argent et il est certainement vexant de voir le tout remis en question par quelqu’un qui a passé quelques minutes à déguster un verre. De plus, le vigneron n’a pas le contrôle sur la chaîne de distribution et les problèmes de transport, d’entreposage ou de bouchon peuvent facilement ruiner des bouteilles d’une très bonne cuvée.

C’est pourquoi plusieurs critiques, dont je suis, préfèrent publier seulement leurs coups de cœur. Lorsqu’un vin n’est pas dans mes goûts mais ne présente pas de réel défaut, je vais le mentionner en précisant à quelle clientèle il s’adresse, par exemple les amateurs de vins fortement boisés ou ceux qui recherchent des cuvées au profil très original. Au contraire, certains critiques comme Patrick Désy ou Marc André Gagnon (du site VinQuébec) n’hésitent pas publier leurs critiques négatives car ce sont les reflets de leur expérience de dégustation et c’est un point de vue qui se défend tout aussi bien.

Là où j’ai un problème, c’est quand de part ou d’autre, on dérape vers le manque de respect de son interlocuteur. Les vignerons sont responsables de leur vin, c’est leur argent qui est en jeu et les journalistes n’ont pas à mépriser leurs méthodes ou à dicter leurs choix de culture, de vinification ou de style. Par contre, ils ont tout à fait le droit de dire que telle cuvée est trop boisée ou que les tanins sont particulièrement rêches, pour ne citer que deux exemples assez courants. Inversement, un vigneron peut ne pas être d’accord avec une critique, mais cela ne lui donne pas le droit de traiter son auteur de crétin. En même temps, il faut aussi être tolérant et reconnaître que bien des gens sont susceptibles de se mettre en colère et de déraper dans leurs propos.

Ceci dit, revenons aux deux cas du début. Michel Rolland a tenu des propos malpolis et brutaux mais en les adressant à l’ensemble des journalistes, il n’a pointé personne du doigt. Dans ce cas-ci, l’écart entre les deux professions vient essentiellement du malaise des journalistes vis-à-vis des prix pratiqués par les grands châteaux bordelais, mais ceux-ci sont reliés à un déséquilibre entre l’offre et la demande. En critiquant sur les prix (qui, soit dit en passant, ne sont pas encore connus, mais comme le millésime est excellent, tout le monde s’attend à ce qu’ils soient élevés) ou en lançant des comparaisons avec des vins non classés qui ne souffrent pas d’une demande excessive, plusieurs journalistes ont évité de dire que les grands crus 2015 étaient très bons. La tempête est maintenant en voie de se calmer et comme le publie aujourd’hui le magazine Terre de vins, à l’origine de la controverse, «Les mots passent, les millésimes restent. C’est la magie des bordeaux.»

Dans le cas de Patrick Désy, on m’a fait remarquer qu’un vigneron a le droit de ne pas recevoir un critique, ce qui est parfaitement vrai. Le problème est dans sa justification. S’il avait écrit par exemple, je ne vous reçois pas car vous êtes noir, tout le monde aurait crié en cœur au racisme. Il n’a pas tenu de tels propos, mais il s’est justifié en des termes méprisants sur les vins que Patrick recommande dans ses chroniques, ce qui est tout aussi méprisant pour le travail du chroniqueur. Comme le souligne très bien Patrick, cette vision stupide et bornée est hélas assez répandue dans le monde des vins dits nature où, s’il est très bien vu de dire que telle cuvée non nature (mais appréciée par plusieurs critiques et plusieurs milliers de buveurs) est dégueulasse, il est totalement tabou d’écrire que certaines de leurs bouteilles sans intrant sont tellement contaminées par les bretts (ou un autre problème) qu’elles sont imbuvables. Le vin est un (dur) travail d’artisan et non une idéologie.

De mon côté, je vais continuer à vous faire part des vins que j’apprécie et aussi de ceux que je pense que vous pourriez aimer, même s’ils ne sont pas dans mon profil de goût personnel. Je ne fais aucune sélection selon les techniques de production, mais la fiche du vin mentionne lorsque le vin est bio, biodynamique ou nature.

Si vous n’êtes pas d’accord avec mes propos, la fonction commentaire est disponible plus bas pour vous permettre de vous exprimer. Avis : les commentaires sont approuvés par un modérateur qui vous permet de me contredire (comme disait mon père, comment peux-tu savoir si tu as raison si personne ne te contredit?) mais élimine totalement les spams, les trolls ainsi que les insultes, les propos racistes ou autres insanités.

À la bonne vôtre !

Alain P.

P.S. Un exemple de vision différente et tout à fait défendable : Des critiques qui critiquent!

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mardi 5 avril 2016

Vins et billets les plus populaires de mars 2016

Le mois de mars 2016 a marqué un nouveau record de fréquentation pour HippoVino et voici ce qui vous a fait le plus vibrer durant cette période.

Commençons par les trois vins qui ont été le plus apprécié par les critiques durant le mois de mars :

Tami Frappato Terre Siciliane (un rouge sicilien original de la célèbre vigneronne Ariana Occhipinti)
Le Pive Gris (un rosé toujours bien aimé des critiques, mais le millésime 2015 a frappé fort)
Birichino Malvasia Bianca (un blanc californien original dont le millésime 2014 est une belle réussite)

Voyons maintenant les 5 vins les plus fréquentés sur le site HippoVino, presque tous des rouges :

Mas Amiel Maury Vintage (un vin doux qui est un excellent accord avec le chocolat, très recherché pour Pâques !)

Pour les vins blancs :



Pour les champagnes et mousseux :


Pour les rosés :


Nos billets de blogue les plus populaires en mars :


Le numéro d’HippoVino Hebdo le plus fréquenté a été celui du 16 mars :


Et maintenant, voici nos 5 tweets les plus populaires de ce mois de mars :

On parle des initiatives sociales de @Restotapeo dans le Devoir : http://bit.ly/1pVsex2  Bravo @MunizMe et @AfonsoV_ !

Tout nouveau sur le blogue HippoVino : Pour la St-Patrick, on boit quoi? http://bit.ly/1RphtsX

Bien d’accord avec @TerredeVins, le Maury Mas Amiel Vintage excellent pour accompagner le chocolat de Pâques : http://bit.ly/1o5mijD

Tout nouveau sur le blogue ! Belgique : blogueurs et journalistes parlant de vin http://bit.ly/1S477iM

RT @TerredeVins "Sabrer" le #champagne, "sabler" le champagne ? Que doit-on dire et qu'est-ce que ça veut dire ? http://bit.ly/1Rch1xY

Merci encore d’être aussi nombreux à nous lire sur toutes ces plates-formes !

À la bonne vôtre !

HippoVino