mercredi 21 août 2024

Les vendanges à la main, c’est mieux?

 


Vendange à la main, c’est parfois écrit sur l’étiquette, souvent mentionné dans la fiche technique ou dans les présentations des vignerons, il est donc logique de se demander si c’est un critère de qualité valide. D’autant plus que dans les vignes d’Europe, les vendanges commencent.

Avant de réfléchir sur le sujet, il faut évidemment savoir que de nos jours, la majorité des raisins destinés à produire du vin ne sont pas cueillis à la main mais ramassés avec des machines à vendanger. On en avait parlé dans un billet précédent, où on avait aussi expliqué leur fonctionnement : Les vendanges à la machine, comment ça marche ?

Comme on l’avait expliqué dans notre billet sur les machines à vendanger, celles-ci ne peuvent pas récolter dans tous les vignobles. Par exemple, elles ne peuvent pas travailler sur des vignobles en terrasses ou en forte pente, ni sur des vignes taillées en gobelets (bush vines en anglais) ou avec des raisins très près du sol. Comme elles récupèrent seulement les grains de raisins, elles ne conviennent pas non plus lorsque les vignerons veulent récolter des grappes entières. Ceci est requis par certains décrets d’appellation, notamment en Champagne et dans le Beaujolais, mais c’est aussi nécessaire pour faire des macérations carboniques ou semi-carboniques. Certains vignerons utilisent parfois des grappes entières pour profiter des tanins des rafles des raisins. Je remarque que plusieurs vins dans ces situations affichent fièrement "vendange à la main" sur leurs bouteilles. C’est tout à fait vrai mais il n’y a aucune démarche de qualité derrière cela car en fait il n‘est pas possible de faire autrement…

Il est aussi vrai que les premières générations de machines à vendanger avaient des lacunes. Elles ramassaient souvent autre chose que des grains de raisins, par exemple des feuilles, et comme tout arrivait dans une grande benne, il pouvait se produire des macérations ou des débuts de fermentation indésirables et pollués. Les nouvelles machines ont des systèmes de tri optique et les bennes sont fractionnées. De nombreux vignerons déclarent maintenant pouvoir faire des vendanges très qualitatives avec ces machines et leurs vins prouvent qu’ils disent vrai. Selon eux, il faut une bonne machine, qu’elle soit bien réglée et conduite avec précision à la vitesse adaptée aux conditions de la vigne à récolter.

Néanmoins, la récolte à la main a certains avantages. Il est possible de choisir les grappes qu’on récolte (alors que la machine ramasse tous les raisins des vignes où elle passe). C’est utile dans les situations où on veut éviter de ramasser des grappes dont plusieurs grains sont moins mûrs ou affectés par la pourriture grise ou le botrytis. C’est même indispensable pour effectuer des vendanges par tries (en plusieurs passages, en récoltant seulement une partie des raisins à chaque fois) comme on le fait pour les vins de Sauternes. Évidemment cela implique d’avoir des vendangeurs expérimentés et qui travaillent avec soin.

Un autre avantage est qu’on peut placer les grappes récoltées dans de petites cagettes, pour éviter que les grains soient endommagés comme lorsqu’ils tombent dans une benne assez profonde. C’est d’ailleurs la méthode utilisée pour les grands crus, qui recherchent tous les détails pour améliorer la qualité (et où on a un budget suffisant pour employer des travailleurs d’expérience). Et c’est particulièrement vrai pour les cépages qui ont une peau plus fragile, comme le pinot noir.

En conclusion, on peut donc dire que ce n’est pas la méthode de vendange qui est véritable le critère de qualité. C’est plutôt le soin avec lequel l’équipe travaille qui fait la différence. Comme disait mon père, travailler à la main c’est très bien, à condition de ne pas travailler comme un pied. C’est pour cette raison que sur HippoVino on ne mentionne jamais le mode de vendange utilisé, car c’est rarement significatif.

À la bonne vôtre !

Alain P.

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