La France a
longtemps occupé une place à part dans le monde du vin. C’était non seulement
le plus grand pays producteur mais aussi celui des cuvées les plus
prestigieuses. Des régions comme Bordeaux, la Bourgogne et la Champagne ont
dominé la hiérarchie viticole mondiale sans l’ombre d’un partage.
Mais ça, c’était
avant. Aujourd’hui, l’Italie et l’Espagne disputent à la France le titre de
plus grand producteur mondial et la bataille fait rage sur les marchés d’exportation.
Le premier ministre italien, Matteo Renzi, n’a d’ailleurs pas hésité à déclarer
que les vins italiens étaient maintenant meilleurs que les vins français. Cette
déclaration, certes empreinte de chauvinisme, a bien sûr été très mal reçue en France.
Si on
regarde les chiffres de 2015, la France est seulement le 3e
exportateur mondial en volumes. Mais elle garde la couronne de premier exportateur
en valeur car ses vins se vendent plus chers que ceux de ses voisins du Sud. Si
ses vins se vendent plus cher, est-ce la preuve qu’ils sont meilleurs?
En réalité,
on trouve aujourd’hui de très grands vins non seulement dans le trio qui domine
le vin européen, mais aussi dans plusieurs pays du nouveau monde, notamment les
États-Unis, la Nouvelle Zélande, l’Argentine, l’Australie et l’Afrique du Sud.
Mais les vins français demeurent les plus recherchés et le décalage des prix
existe à trois niveaux.
Les cuvées
mythiques sont très majoritairement françaises, comme le prouvent les prix les
plus hauts des ventes aux enchères, où la France domine le haut de la liste.
Dans les
grands crus, si plusieurs cuvées de Toscane et d’autres pays ou régions
parviennent à se vendre à des prix élevés, il reste que l’offre française est d’une
richesse exceptionnelle. Mais il faut reconnaître que la qualité est loin d’y
être uniforme. Avec la montée des connaissances dans les nouveaux pays
consommateurs, on peut s’attendre à un rééquilibrage dans les prochaines
années.
La vraie
bataille va se jouer au niveau des vins à prix moyen. Dans les bouteilles qui
se détaillent entre 20 $ et 40 $ à la SAQ, les vins italiens et espagnols
offrent aujourd’hui de nombreux produits diversifiés et de grande qualité qui
sont aussi bons sinon meilleurs que nombre de bouteilles françaises. Là où les
français sont indiscutablement meilleurs, c’est pour raconter une histoire
autour de leurs vins. Mais leurs concurrents s’améliorent et les consommateurs
regardent le rapport qualité-prix. Affaire à suivre.
Pour finir
en beauté, voici un très bon vin de chacun des trois pays.
Le Château Les Ormes-Sorbets 2009 est un très bel exemple de ce que Bordeaux peut offrir à un
prix compétitif. Ce Cru Bourgeois du Médoc à dominance de cabernet sauvignon et
issu d’un grand millésime est parfaitement équilibré et peut se boire dès
maintenant en le passant un bon 30 minutes en carafe. C’est aussi un très bon
candidat pour 5 à 7 ans de garde à la cave.
Le Crognolo 2013 de la maison Tenuta Sette Ponti est un très beau rouge de Toscane fait
surtout de sangiovese. Un vin élégant au fruité charmeur bâti sur une belle
structure tannique qui lui permettra de vieillir 3 à 5 ans de plus sans
problème. Il est déjà très bon à condition de l’aérer en carafe.
Le Torres Laudis est un rouge espagnol du Priorat, en Catalogne, qui est un assemblage de
carignan et de grenache noir. J’aime beaucoup ce vin aux belles saveurs de
fruit noir relevées de notes de réglisse, très long et vraiment savoureux. Un
peu moins costaud que les deux cuvées précédentes mais un rouge qui donne beaucoup de plaisir dès aujourd’hui.
Ces trois
vins sont à leur meilleur à table en accompagnement de viandes rouges rôties ou
braisées.
À la bonne
vôtre !
Alain P.
<<
Article précédent – Borges Porto Blanc Reserva – Importation privée de la semaine
Article
suivant >> – Peut-on carafer un Champagne?
Aucun commentaire:
Publier un commentaire