On passe en
carafe une bouteille de vin rouge jeune afin de l’aérer pour calmer les odeurs
de réduction, dégager les arômes et assouplir les tanins. C’est une opération
assez classique et Yves Mailloux a justement publié hier un très bon article sur le sujet dans le HuffPostQuébec. Plusieurs choisissent également parfois d’aérer
certains vins blancs, là encore pour « ouvrir » leurs arômes mais est-ce souhaitable
et/ou possible pour les champagnes?
J’assistais
hier à une présentation et dégustation organisée par la maison Nicolas Feuillatte
et, comme le prouve la photo ci-dessous, le Directeur œnologie et qualité de
cette prestigieuse maison champenoise n’a pas hésité à carafer un Palmes d’Or Brut Vintage 1999. Selon lui, le passage en carafe était nécessaire pour réveiller
les arômes des magnums de cette remarquable cuvée. Il faut dire que les
bouteilles en format magnum (1.5 L, équivalent à 2 bouteilles du format
habituel) évoluent moins rapidement, ce qui permet d’ailleurs de les conserver
plus longtemps en cave.
Passage en carafe d'un magnum de Champagne |
Évidemment,
le Champagne est avant tout un vin, il est donc logique que l’aération puisse
lui être bénéfique. Par contre, le risque est évidemment le dégazage, autrement
dit de provoquer le dégagement rapide des bulles et de le transformer en vin
tranquille. Selon Guillaume Roffiaen, trois précautions permettent d’éliminer
ce risque. Il faut choisir une carafe de forme adéquate, donc pas trop évasée,
afin de minimiser l’effet de brassage. La carafe doit être refroidie pour être
à la même température que la bouteille. Enfin, il faut verser très doucement et
avec beaucoup de délicatesse.
En tout cas,
je peux témoigner que sa méthode a donné d’excellents résultats, le Palmes D’Or
1999 s’est révélé un superbe Champagne, d’une longueur et d’une complexité étonnantes.
La grande fraîcheur et le côté minéral lui donnent beaucoup d’élégance et c’est
une cascade de saveurs en bouche, avec quelques notes toastées et de noisettes.
Bref, j’ai beaucoup aimé ! J’ai aussi aimé plusieurs autres cuvées de la maison
Nicolas Feuillatte, j’y reviendrai dans les prochaines semaines.
Voilà, vous
savez tout et vous êtes prêt à carafer votre prochain Champagne. Juste un
dernier petit conseil cependant. Personnellement, et c’est vrai pour tous les
types de vin, je ne carafe pas systématiquement. Je préfère commencer par
goûter pour vérifier si la bouteille n’est pas défectueuse, mais aussi pour
décider si le passage en carafe est utile. Si le vin est marqué par la
réduction ou vraiment fermé, on sort la carafe. Si l’aération en faisant
tourner le verre lui suffit, je le sers sans aération additionnelle.
À la bonne
vôtre !
Alain P.
Merci à la maison Nicolas Feuillatte, à l’Agence Mosaiq et à Brigitte Foisy pour la belle
dégustation et bravo à l’équipe du restaurant Branzino pour l’accueil et la
bonne cuisine.
P.S. C’est
le Nicolas Feuillatte Palmes d’Or Brut 2004 qui est actuellement disponible à la SAQ.
Il est vraiment excellent lui aussi. Le nez m’a paru encore plus riche, le
pinot noir plus présent en bouche. Il a aussi des notes délicates de fruits
exotiques et une finale impressionnante, même si elle est un peu moins longue que
celle du 1999. Le 2004 est parfait pour l’apéro et accompagner le repas, alors
que le 1999 est à apprécier seul, en mode méditation.
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