mercredi 30 avril 2014

Le vin nature : épopée vers la pureté…

Certains sommeliers et professionnels du vin en font carrément l’apologie, d’autres, les détracteurs, le dénigre avec ferveur. 

Sommes-nous en présence d’une mode passagère, d’une tendance condamnée à s’éteindre ou d’un engouement tenace pour une philosophie vouée à s’enraciner ? Quoi qu’il en soit, le vin nature fait jaser !



Selon l’Association des vins naturels, le vin nature – naturel, sans soufre ajouté, libre, sans produit chimique sont les synonymes les plus fréquents – c’est d’abord une prise de position sur la façon de faire du vin : «C’est la vie. La vie de la terre, de la vigne, du raisin […] Nous défendons une viticulture artisanale et sincère, indépendante de la  loi du marché.»

En termes plus techniques, David Ward, sommelier en chef du restaurant Pastaga, précise le concept de vin nature comme suit : « C’est le processus de transformation du raisin, issu de culture biologique ou biodynamique, jusqu’à sa mise en bouteille. Cette dernière se fait sans l’ajout d’intrant et avec le moins d’interventions possibles. Ça consiste aussi à s’assurer qu’il n’y a pas de trace d’insecticide et de produit dommageable pour le corps humain. »

Bien que le vin naturel soit un produit pur et élaboré dans le respect de l’écologie, plusieurs demeurent sceptiques. En éliminant l’ajout de soufre lors des différentes étapes de la vinification et à la mise en bouteille, nous faisons effectivement face à un problème : le vin est moins stable et il supporte mal le transport. Faut-il rappeler que les sulfites sont des additifs chimiques qui agissent à titre de préservatifs ? 

L’expertise et le travail minutieux de plusieurs vignerons – l’état sanitaire des raisins et du chai est capital – ainsi que le travail de prospection appliqué de quelques importateurs font toutefois en sorte que la quantité de vins naturels de qualité disponibles au Québec augmente année après année et ils se conservent de mieux en mieux… Pourquoi se priver d’en faire l’essai ?


Parce que comme le souligne David Ward, «boire nature, c’est boire de la pureté».

Voici trois vins nature dégustés dans les dernières semaines et qui m’ont laissé sur une très bonne impression.

D’abord, les deux vins de la gamme Naturae de Gérard Bertrand. Il est lui-même venu les présenter à quelques journalistes et blogueurs, le 15 avril dernier. Ce sont les tout premiers vins sans soufre – le producteur préfère cette terminologie qui, selon lui, reste plus intelligible pour le consommateur – à se retrouver sur les tablettes de la SAQ.  

Moins marquée par les arômes de poivre et violette que les syrahs du Rhône septentrional, la syrah Naturae 2013 demeure un vin équilibré aux tannins souples et caractérisé par des notes de cassis et de mûre. Un vin sans artifice qui en offre beaucoup pour son prix, idéal pour s’initier aux vins nature.

Quant au chardonnay, son acidité basse et son nez légèrement oxydé (arômes d’écailles d’arachides et de pomme cuite) laissent croire que le vin n’était pas à son meilleur. Je devrai le goûter à nouveau lors de son arrivée en succursale, le 1er mai prochain.



Henry Marionnet, un autre producteur français très respecté, était de passage dans la métropole cette semaine pour faire connaître ses nouvelles cuvées, dont l’une sans soufre ajouté. Disponible en importation privée chez LBV International, le Première Vendange 2012 révèle le gamay dans toute sa pureté. Un nez franc aux notes fumées et de fruits rouges sauvages s’allie à une bouche aérienne, fraîche et parfaitement harmonieuse. Un vin de soif qui se laisse boire dangereusement bien.

Enfin, le salon Les Turbulents du 30 mars dernier fut aussi l’occasion de découvrir quantité de vins naturels. Dégusté chez Ward & Associés, la «Cuvee del Maule» 2010 de Baptiste Cuvelier brille par son originalité. Assemblage de païs, carignan et  zinfandel en macération carbonique et de merlot, carmenère et cabernet-sauvignon vinifiés de façon traditionnelle, ce chilien de la Vallée de Maule est, comment dire... déroutant !

Contrairement à ce que l’assemblage et la provenance pourraient laisser croire, nous sommes en présence d’un vin fringuant et absolument digeste. Un nez complexe sur la mûre et les bleuets, des notes de torréfaction et de sous-bois ainsi qu’une pointe d’épice. Une bouche bien structurée, sans lourdeur, avec la juste dose d’amertume et d’acidité pour donner envie de sortir le saucisson.

À votre santé !

Frédéric Fortin

Liens

Gérard Bertrand Naturae Syrah 2013
SAQ – 12184821
Gérard Bertrand Naturae Chardonnay 2013
SAQ – 12178869
Site du producteur :
Gérard Bertrand

Agence LBV International

Ward & Associés

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