mardi 3 avril 2018

Où va la SAQ?

Son statut de monopole du commerce des vins et spiritueux fait de la Société des Alcools du Québec, la SAQ pour les intimes, la cible de nombreuses critiques. En même temps, elle figure dans les meilleurs commerces de détail pour l’expérience client, son site Web s’est classé 6ème meilleur site de vente de vin en ligne au monde, bref elle réussit de belles choses. J’étais donc très heureux d’aller écouter son Président, Monsieur Alain Brunet, à la Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain le 16 mars dernier. Le titre de sa conférence était « Inspirés par nos clients », clin d’œil au programme de fidélité de l’entreprise, baptisé Inspire.

Monsieur Brunet ayant annoncé son départ pour la fin de l’année 2018, c’était donc le moment idéal pour faire un bilan de la situation actuelle de la SAQ. Rappelons d’abord quelques chiffres, plus de  3 milliards de dollars de ventes, 13 200 produits provenant de 77 pays différents, 7 000 employés, 3 100 fournisseurs et 840 points de vente  dont 407 succursales et plus de 400 agents revendeurs situés dans les petites communautés.

Autour de la SAQ gravite un écosystème dont le chiffre d’affaires est de 900 millions de dollars et employant plus de 5000 personnes. HippoVino en fait partie, dans la section chroniqueurs et médias spécialisés.

Il est important de souligner qu’une autre grande partie du commerce des alcools au Québec se fait à l’extérieur de la SAQ. Les ventes de bières se font en épiceries et dépanneurs et représentent 43% des ventes de boissons alcoolisées. Un élément à se souvenir lorsqu’on compare la SAQ aux monopoles des autres provinces canadiennes. Au Québec, les épiceries et dépanneurs vendent aussi du vin, mais celui-ci transite par la SAQ qui comptabilise la partie «commerce de gros» dans ses ventes annuelles.

La première version du monopole, la Commission des Liqueurs, a été créée en 1921. Beaucoup de chemin a été fait depuis cette époque. Selon M. Brunet, le Québec est d’ailleurs un des marchés où la consommation et l’expertise du vin ont le plus progressé dans le monde. Il n’est pas le seul à penser ainsi, les mémoires du chroniqueur Jacques Benoit le mentionnent également et cela correspond aussi à ce que j’observe depuis mon arrivée au Québec, en 1977.

La SAQ a su accompagner les québécois dans cette évolution, à la fois dans son offre de produits et dans ses relations avec les clients. Le site Web SAQ.com est en ligne depuis 1996, transactionnel depuis 2000 et a reçu 28 millions de visites l’an dernier. L’application mobile existe depuis 2010 et des nouveautés s’ajoutent à chaque année depuis 3 ans : les transactions Cliquer/Acheter/Ramasser en 2015, «mes offres exclusives » en 2016 et « nouvel arrivage pour moi » en 2017. La SAQ a aussi lancé des succursales expérimentales pour tester de nouvelles façons de faire du commerce de détail.


Au-delà de cette adaptation à l’évolution de la clientèle et du marché, la direction de la SAQ souhaitait démontrer qu’un monopole pouvait être efficace. Depuis les 6 dernières années, elle livre un dividende plus d’un milliard de dollars au gouvernement du Québec et la hausse de ses ventes depuis 2007 est supérieure à la croissance du commerce de détail sur la même période. Elle a réussi à générer des gains d’efficacité opérationnelle suffisants pour diminuer les prix de ses produits courants et l’aligner avec ceux de la LCBO.

Que nous réserve le futur? Selon Monsieur Brunet, il faut s’attendre à voir la SAQ continuer sur ces mêmes voies d’améliorations et d’adaptations aux demandes de sa clientèle. Mais comme un nouveau Président prendra les rênes de l’entreprise en janvier prochain, il faudra attendre sa nomination pour en savoir plus.

D’ici là, la direction de la SAQ est passablement occupée (oui, c’est un euphémisme) à mettre en place sa filiale « Société Québécoise du Cannabis », un projet incroyablement difficile, compte tenu des délais très courts et des conditions d’approvisionnements et d’opérations encore très floues à quelques mois des premières ventes. On leur souhaite bon courage.

Si la mise en place d’un monopole de vente du cannabis ne semble pas avoir soulevé le même genre de remise en question que celui de l’alcool, le bilan de Monsieur Brunet est-il suffisant pour voir les critiques de la SAQ diminuer? L’amélioration des performances est visible, mais suffira-t-elle à régler la question de l’efficacité du monopole et de ses bénéfices pour le Québec?

L’avenir le dira. De notre côté, nous allons effectuer quelques comparaisons pour mieux comprendre ce qu’il en est, on vous revient là-dessus dans les prochaines semaines.

À la bonne vôtre !

Alain P.



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