Monsieur Brunet
ayant annoncé son départ pour la fin de l’année 2018, c’était donc le moment
idéal pour faire un bilan de la situation actuelle de la SAQ. Rappelons d’abord
quelques chiffres, plus de 3 milliards de
dollars de ventes, 13 200 produits provenant de 77 pays différents, 7 000
employés, 3 100 fournisseurs et 840 points de vente dont 407 succursales et plus de 400 agents
revendeurs situés dans les petites communautés.
Autour de
la SAQ gravite un écosystème dont le chiffre d’affaires est de 900 millions de
dollars et employant plus de 5000 personnes. HippoVino en fait partie, dans la
section chroniqueurs et médias spécialisés.
Il est important de souligner qu’une autre grande partie du commerce des
alcools au Québec se fait à l’extérieur de la SAQ. Les ventes de bières se font
en épiceries et dépanneurs et représentent 43% des ventes de boissons
alcoolisées. Un élément à se souvenir lorsqu’on compare la SAQ aux monopoles des
autres provinces canadiennes. Au Québec, les épiceries et dépanneurs vendent
aussi du vin, mais celui-ci transite par la SAQ qui comptabilise la partie
«commerce de gros» dans ses ventes annuelles.
La première
version du monopole, la Commission des Liqueurs, a été créée en 1921. Beaucoup
de chemin a été fait depuis cette époque. Selon M. Brunet, le Québec est d’ailleurs
un des marchés où la consommation et l’expertise du vin ont le plus progressé
dans le monde. Il n’est pas le seul à penser ainsi, les mémoires du chroniqueur
Jacques Benoit le mentionnent également et cela correspond aussi à ce que j’observe
depuis mon arrivée au Québec, en 1977.
La SAQ a su
accompagner les québécois dans cette évolution, à la fois dans son offre de
produits et dans ses relations avec les clients. Le site Web SAQ.com est en
ligne depuis 1996, transactionnel depuis 2000 et a reçu 28 millions de visites
l’an dernier. L’application mobile existe depuis 2010 et des nouveautés s’ajoutent
à chaque année depuis 3 ans : les transactions Cliquer/Acheter/Ramasser en 2015, «mes offres exclusives » en 2016 et « nouvel arrivage pour moi » en 2017.
La SAQ a aussi lancé des succursales expérimentales pour tester de nouvelles
façons de faire du commerce de détail.
Au-delà de
cette adaptation à l’évolution de la clientèle et du marché, la direction de la
SAQ souhaitait démontrer qu’un monopole pouvait être efficace. Depuis les 6
dernières années, elle livre un dividende plus d’un milliard de dollars au gouvernement
du Québec et la hausse de ses ventes depuis 2007 est supérieure à la croissance
du commerce de détail sur la même période. Elle a réussi à générer des gains d’efficacité
opérationnelle suffisants pour diminuer les prix de ses produits courants et l’aligner
avec ceux de la LCBO.
Que nous
réserve le futur? Selon Monsieur Brunet, il faut s’attendre à voir la SAQ
continuer sur ces mêmes voies d’améliorations et d’adaptations aux demandes de
sa clientèle. Mais comme un nouveau Président prendra les rênes de l’entreprise
en janvier prochain, il faudra attendre sa nomination pour en savoir plus.
D’ici là,
la direction de la SAQ est passablement occupée (oui, c’est un euphémisme) à
mettre en place sa filiale « Société Québécoise du Cannabis », un projet
incroyablement difficile, compte tenu des délais très courts et des conditions d’approvisionnements
et d’opérations encore très floues à quelques mois des premières ventes. On
leur souhaite bon courage.
Si la mise
en place d’un monopole de vente du cannabis ne semble pas avoir soulevé le même
genre de remise en question que celui de l’alcool, le bilan de Monsieur Brunet
est-il suffisant pour voir les critiques de la SAQ diminuer? L’amélioration des
performances est visible, mais suffira-t-elle à régler la question de l’efficacité
du monopole et de ses bénéfices pour le Québec?
L’avenir le
dira. De notre côté, nous allons effectuer quelques comparaisons pour mieux
comprendre ce qu’il en est, on vous revient là-dessus dans les prochaines
semaines.
À la bonne
vôtre !
Alain P.
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