Fièrement érigé
au sommet d’une colline dominant la Loire, le château de Sancerre a longtemps
joué un rôle stratégique important pour le comté de Sancerre. Détruit après le
siège de la cité protestante par les forces catholiques durant les guerres de
religion, il ne reste plus du château original que la Tour des Fiefs. Le nom Château
de Sancerre réfère aujourd’hui conjointement à une vaste demeure, bâtie en 1874
sur le même terrain, ainsi qu’à un vignoble appartenait aux mêmes
propriétaires.
Si la
tradition viticole sancerroise est fort ancienne – on dit que le roi Henri IV
adorait les vins de la région – elle fut mise à mal par la crise du phylloxéra.
Mais les sancerrois ne se laissent pas abattre facilement : tout comme la
ville s’est reconstruite après les guerres de religion, le vignoble a été relancé.
Il est désormais planté à 80% de cépage sauvignon blanc, complété par du pinot
noir.
Le Château
de Sancerre et son vignoble appartiennent maintenant à la maison Marnier-Lapostolle,
producteurs plus connus pour leur spiritueux phare, le Grand-Marnier. À l’invitation
de l’Agence Trialto, j’ai eu le plaisir de rencontrer avant-hier Gérard
Cherrier, directeur du Château de Sancerre depuis 40 ans. C’est lui qui a mené
la transformation d’une entreprise de négoce en un domaine opérant son propre vignoble,
qui atteint maintenant 55 hectares. La phrase que je voulais employer pour le
décrire a déjà été écrite par le journaliste Hervé Lalau : « un homme
aussi sincère que ses sancerres.»
Sous sa
gouverne, on peut décrire le Château de Sancerre comme un défenseur de la
tradition de cette appellation. Ses vins ne cèdent pas aux modes des sauvignons
aromatiques du nouveau monde ou des cuvées parcellaires si chères à certains critiques
modernes. Ce sont des assemblages provenant des vignes des 3 terroirs du
Sancerre, caillottes calcaires, argilo-calcaire et pierre de silex. Les cuvées sont
taillées pour la table et font le bonheur de nombreux consommateurs en France mais
aussi au Québec, un des principaux marchés d’exportation du domaine.
Le Château de Sancerre blanc est droit et élégant, avec des saveurs citronnées et une
minéralité pas trop appuyée. Un blanc rafraîchissant qui se boit bien à l’apéro
mais qui s’est montré à son meilleur avec des huîtres et des bouchées au
fromage de chèvre. Disponible dans plus de 300 succursales dont 8 SAQ Dépôt, où
vous le paierez un prix d’aubaine (s’il fait partie d’une caisse de 12
naturellement). Le magnum disponible en importation privée est une bouteille
très élégante pour une réception, au contraire du flacon habituel, à l’étiquette
plutôt banale.
Le Château de Sancerre existe aussi en rouge. Le 2012, disponible seulement en importation
privée auprès de l’agence Trialto, m’a un peu dérouté en dégustation. Un nez
classique de pinot noir, mais plus concentré et plus tannique que bien de ses
congénères. J’aurais certainement nagé en plein brouillard à l’aveugle. Mais je
dois reconnaître qu’il s’est avéré très bon avec le tartare bien épicé du bistro
Thursday’s. Je serais curieux de le regoûter dans 2 ou 3 ans, quand les tanins
seront mieux fondus.
Retour au blanc avec la Cuvée du Connétable, le haut de gamme de la maison. Sur trois
millésimes différents, 2008, 2010 et 2012, c’est le 2012 qui a brillé avec l’assiette
de morue charbonnière. Des saveurs riches, un boisé bien intégré mais aussi la
tension provoquée par l’acidité et la minéralité, un très beau vin. Le 2010 m’a
paru un peu effacé, mais après une première bouteille bouchonnée, je me demande
si la seconde n’était pas éteinte par du TCA, présent à un niveau moins
perceptible. Je ne me prononcerai donc pas à son sujet. Par contre, le 2008 s’est
avéré un authentique grand vin, un blanc profond, riche, long, une cuvée de
méditation à apprécier seul. Le genre de vin qui nous laisse un grand sourire sur
le visage à la fin de la soirée.
Merci à
Gérard Cherrier ainsi qu’à Étienne Bézard de Trialto pour cette belle dégustation.
À la bonne
vôtre !
Alain P.
Pour visualiser
nos liens habituels (critiques, fiche descriptive, sites du producteur, de la
SAQ et de l’agence) cliquer les noms des vins ou sur les fiches ci-dessous.
Pour rencontrer
Gérard Cherrier, une vidéo de Sébastien Devin (le vin de bouche à oreille).
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