mardi 16 août 2022

Clisson, Muscadet, émoi et moi

 


Je ne vous avais pas encore parlé de Muscadet en 2022 et on est déjà rendu au mois d’août... Où avais-je la tête? Bon, le millésime 2015 de ce très bon cru Clisson est l’occasion idéale de remédier à cet oubli. Mais avant de faire sauter le bouchon, quelques souvenirs pour vous permettre de mieux comprendre mon lien avec le Muscadet. Si seul le contenu de la bouteille vous intéresse, sautez au dernier paragraphe.

Dans la région de Nantes, le Muscadet a un statut particulier, c’est LE vin local, avec tout ce que cela peut signifier. Certains ne jurent que par lui, d’autres vont plutôt le décrier et lui préférer les cuvées d’ailleurs. Un scénario universel, notre ville peut être vue comme le centre du monde ou comme une prison. Mais quand on la quitte, tout change. Pour les émigrés du pays nantais, le Muscadet devient un marqueur identitaire, un point de ralliement. Dans mes souvenirs parisiens, assez anciens il est vrai, plusieurs bistrots et restaurants du quartier Montparnasse affichaient leurs racines de l’Ouest via leur nom. Une fois au comptoir ou à table, on était sûr d’y trouver du Muscadet et du Gros-Plant bien en évidence sur la carte des vins. Et le patron avait toujours bien des choses à vous raconter sur son ou ses producteurs préférés. Mais à cette époque, les crus du Muscadet n’existaient pas encore, on parlait seulement de Muscadet sur lies, en référence à leur mode d’élevage.

Le nom Clisson évoque des souvenirs encore plus anciens, du temps où je devais prendre le train pour aller étudier à Nantes. Le train du matin traversait Clisson vers 7h15. Le cri du contrôleur nous réveillait : Clisson, 3 minutes d’arrêt. À peine le temps de jeter un coup d’œil en direction du Château et le train repartait pour se lancer au travers des vignes bordant la Sèvre. À cette heure, les vignobles étaient presque toujours nappés de brume et enveloppés d’une lumière diaphane qui leur donnaient une espèce d’aura. Dans ce nuage on apercevait de temps en temps un vigneron au travail. Fin septembre, c’étaient les vendangeurs qui s’activaient entre les rangs. Aujourd’hui, Clisson est devenue un cru communal réputé du Muscadet. Un des meilleurs, à mon avis, avec Château-Thébaud. Ces brumes contribuent-elles à envelopper la région de Clisson d’un microclimat particulièrement propice à ses vignes? Ou bien sont-elles un vague souvenir un peu fumeux?


Peu importe, la vérité est au fond du verre et si celui-ci contient du Ollivier Père et Fils Clisson Muscadet-Sèvre et Maine 2015 (Hipponote 3.5* $$$ SAQ : 22.55 $) vous allez vivre un grand moment de bonheur. Petit portrait de cette cuvée pour commencer. Le Domaine de la Grenaudière est maintenant exploité par les frères Ollivier. Les vignes de melon de Bourgogne dont sont issues cette cuvée sont plantées sur un terroir granitique. L’élevage sur lies se fait en cuves souterraines et dure de 36 à 42 mois. Le résultat est un Muscadet à la couleur d’un jaune assez intense et d’une superbe richesse de saveurs. Les notes florales et d’agrumes accompagnent les saveurs de fruits blancs et jaunes, que soulignent une petite touche de coing et une belle intensité minérale. Il est tout à fait incroyable de pouvoir acheter un tel vin blanc à un prix aussi modeste. Si vous pensez que mes souvenirs ont teintés ma perception, consultez la fiche pour constater que Jean Aubry, Yves Mailloux et Hervé Lalau l’ont adoré tout autant. La mauvaise nouvelle est qu’il n’en reste presque plus à la SAQ, vous devrez attendre un prochain arrivage et peut-être un nouveau millésime.

À la bonne vôtre !

Alain P.

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