vendredi 31 octobre 2014

Boire du Bourgogne blanc sans se ruiner, c’est possible !

[Mise à jour 12-11-2015] Certaines régions viticoles sont très réputées mais aussi réputées  très chères ! C’est notamment le cas de Bordeaux et de la Bourgogne. Néanmoins, notre billet du 17 octobre dernier vous a montré qu’on pouvait boire de bons Bordeaux rouges sans casser sa tirelire, et aujourd’hui nous allons vous prouver la même chose pour les blancs de Bourgogne.

Ici encore l’idée de base pour ménager notre porte-monnaie est qu’il faut éviter les appellations les plus prestigieuses. D’ailleurs, il existe des vins très agréables dans les « petites AOC » bourguignonnes.

Commençons par un vin provenant du Sud de la Bourgogne, où on cultive la vigne depuis l’époque gallo-romaine. La ville de Mâcon donne son nom à une appellation régionale à laquelle 11 villages peuvent joindre leur propre nom. Un vin blanc Mâcon Uchizy provient donc exclusivement de raisins cultivés à Uchizy, une petite commune d’environ 800 habitants.

La famille Talmard cultive la vigne sur les mêmes terroirs depuis le 17e siècle. Le Mâcon Uchizy du domaine Gérald Talmard est le prototype de petit Bourgogne très réussi, qui a été salué autant par Bettane & Desseauve – une pépite – que par le magazine Decanter, qui lui attribue une note de plus de 17 / 20. Importé au Québec depuis plusieurs années, Jacques Benoit loue sa finesse et sa fiabilité. Il est très bon avec un poisson blanc, des pâtes aux palourdes et même avec des sushis. Notez qu’un autre domaine Talmard produit du Mâcon Uchizy et que celui-ci est également disponible à la SAQ, ce qui peut créer une certaine confusion; utilisez l’image de l’étiquette pour vous y retrouver.

Continuons avec un vin provenant de l’appellation la plus générique, Bourgogne.

Le vigneron Vincent Girardin est installé à Meursault dans la fameuse Côte de Beaune. Le blanc de sa cuvée Émotion (aussi appelée Émotion des terroirs dans les années précédentes) provient d’un assemblage de chardonnays récoltés dans les appellations Meursault, Puligny-Montrachet et Chassagne-Montrachet. C’est un très beau vin blanc qui démontre bien le savoir-faire du vigneron. Minéralité, fraîcheur, notes florales et fruitées avec juste un soupçon de boisé, il y a vraiment beaucoup à découvrir dans ce « petit » Bourgogne qui vient jouer avec succès dans la cour des grands. Son millésime 2009 a été salué par Jacques Benoit et Patrick Désy. Personnellement, j’ai beaucoup aimé le 2010 ainsi que le 2011,  actuellement disponible à la SAQ. Pour une note de dégustation détaillée, consultez le blogue de David Pelletier.  L’équilibre de ce blanc le rend vraiment polyvalent, c’est un excellent vin d’apéro mais qui accompagne aussi avec brio fruits de mer ou poissons.

À votre santé !

Alain P.

Liens


Fiche du Bourgogne blanc Émotion du Domaine Vincent Girardin sur Hippovino (Hipponote 3.5*, prix SAQ 27.15 $)

mardi 28 octobre 2014

Vin et degré d’alcool, beaucoup de variation et la tendance à la hausse

Beaucoup d’articles récents ont été consacrés à la hausse récente du degré d’alcool dans le vin. En effet, il y a quelques années on trouvait peu de vins titrant 15 % d’alcool ou plus, alors que c’est relativement courant aujourd’hui.


Avant d’approfondir ce phénomène, il est important de comprendre qu’il est normal de trouver des vins avec des taux d’alcool très différents. L’alcool est le résultat de la transformation du sucre contenu dans le raisin lors de la fermentation, donc à la base plus le raisin est sucré et plus le degré d’alcool est élevé.

Des variations normales

Plusieurs causes influencent le taux de sucre dans le raisin. Tout d’abord, certains cépages sont beaucoup plus sucrés que d’autres. Ensuite le climat a une grande influence, plus le raisin mûrit au soleil et plus il sera sucré. Enfin, le processus d’élaboration peut jouer, puisque la fermentation peut s’interrompre avant que tout le sucre ne soit transformé.

Le résultat final peut donc varier nettement. Dans les vins peu alcoolisés on trouvera par exemple le Moscato d’Asti avec seulement 5% d’alcool, certains vins de climat frais – on trouve certains vins allemands à 8.5 % d’alcool à la SAQ – et beaucoup de vins de glace qui ont environ 10 % d’alcool. Tous ces vins ont du sucre résiduel, c’est-à-dire que la fermentation a été arrêtée avant que tout le sucre ne soit transformé en alcool.

Les vins autour de 12 % à 13 % d’alcool proviennent en général de régions au climat frais et de cépages peu sucrés, par exemple tout ce qui est Pinot noir de Bourgogne ou d’Alsace, ou les Sauvignons blancs de Loire.

La plupart des vins avec plus de 14 % d’alcool proviennent de régions chaudes (Sud de la France, Italie, Espagne, Australie, Californie, Portugal, Argentine). Mais il y a des exceptions : même dans un climat frais comme l’Alsace, des cépages sucrés comme le Gewurztraminer peuvent donner des vins à 14% d’alcool.


Les vins à fort degré d’alcool (17 % à 20 %) comme les Portos sont des vins mutés, c’est-à-dire qu’on y a ajouté de l’alcool fort pour arrêter la fermentation et conserver le sucre.

Pourquoi une hausse?

La tendance à la hausse du degré d’alcool provient de deux raisons principales. D’une part, on récolte aujourd’hui des raisins beaucoup plus mûrs qu’autrefois, donc forcément plus sucrés. Ceci permet d’avoir des vins plus ronds, moins tanniques et aux saveurs fruitées plus développées. On exagère même parfois, on parle alors de raisins surmûris; certains en apprécient l’exubérance aromatique, mais d’autres se plaignent qu’il en résulte des vins qui semblent lourds, peu digestes.

La deuxième raison de la hausse est liée aux changements climatiques. Les températures moyennes augmentent de quelques degrés, les raisins mûrissent donc plus rapidement. Autrefois, on devait souvent vendanger des raisins qu’on savait insuffisamment mûrs, pour éviter que le mauvais temps ne pourrisse la récolte. Le taux de sucre était alors tellement bas qu’il fallait chaptaliser, c’est-à-dire ajouter du sucre au moût pour atteindre un taux d’alcool raisonnable. Un tel cas est beaucoup plus rare de nos jours et  surtout relié à des aléas climatiques très particuliers.

Les vins plus alcoolisés sont-ils moins bons?

Pas du tout. Comme l’explique très bien Jacques Benoit dans cet article – Le rôle de l'alcool dans le vinl’alcool permet de contrebalancer les saveurs acides ou astringentes des autres composants du vin. Si l’acidité est plus forte, un vin à 15 % d’alcool semblera parfaitement équilibré et le plus fin dégustateur ne blâmera pas le degré alcoolique élevé. Inversement, un vin déséquilibré peut paraître alcooleux alors que son taux d’alcool est inférieur.

Beaucoup des reproches faits aux vins aux taux d’alcool de 15 % sont donc en réalité liés à des déséquilibres qui ont des causes multiples. En conclusion, ne jugez pas un vin au chiffre sur l’étiquette mais plutôt au contenu de la bouteille…

À votre santé !

Alain P.

Quelques liens pour continuer votre lecture

Le rôle de l'alcool dans le vin (Jacques Benoit – La Presse)
Le taux d’alcool dans les vins: un problème ou une mode ? (Mathieu Turbide – Blogue Méchants Raisins)
Combien d'alcool dans votre bouteille de vin ? (Christian Séguin – Journal Sud-Ouest)

[Mise à jour 24-10-2022] Depuis la parution de ce billet, le sujet a continué de faire les manchettes et on en a parlé sur HippoVino Hebdo à deux reprises


vendredi 17 octobre 2014

Castillon - Côtes de Bordeaux, à l’ombre de Saint-Emilion

[mise à jour 15-11-2016] Les vins de Bordeaux ont une réputation internationale tout à fait exceptionnelle, résultat de 8 siècles de succès vinicoles à l’exportation. Par contre, ils ont acquis la réputation de vins très chers, à cause de la spéculation autour des grands crus et des hausses engendrées par la forte demande provenant des nouveaux marchés. Il existe pourtant un grand nombre de bordeaux intéressants à prix raisonnable, en particulier dans les appellations moins prestigieuses.

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Voisine de Saint-Émilion, l’ancienne appellation Côtes-de-Castillon porte désormais le nom de Castillon - Côtes de Bordeaux. C’est un vignoble de près de 2 500 hectares regroupant 250 viticulteurs, qui a obtenu le statut d’AOC en 1936. On y cultive exclusivement des vins rouges en utilisant les cépages bordelais traditionnels avec une prédominance de Merlot, comme pour la majorité des vins de la rive-droite de la Garonne. Si les vins de Castillon n’ont pas l’élégance des meilleurs crus de Saint-Émilion, ils ressemblent néanmoins à leurs voisins, surtout à ceux de Puisseguin et de Lussac.

J’en ai sélectionné 3 pour aujourd’hui, provenant tous de domaines qui sont aussi propriétaires de grands crus bordelais. Ceux-ci ont de toute évidence transposé leurs façons de faire dans leurs propriétés plus modestes et cela donne des vins au rapport qualité prix fort intéressant, un aspect qu’on associe rarement aux vins de Bordeaux !

Le Château Picoron appartient à la famille Bardet, également propriétaire des Châteaux Pontet Fumet et Franc le Maine, des grands crus de Saint-Émilion. C’est le prototype du bon Bordeaux rouge, avec une bonne structure, beaucoup de fruit et de légères traces de boisé dues à son passage de 6 mois en fût de chêne. Il est très bien distribué au Québec, on le trouve dans plus de 350 succursales, incluant les SAQ Express et SAQ Dépôt. Les millésimes 2012 et 2011 n’ont pas le panache du 2009, qui était vraiment extraordinaire, mais c’est néanmoins un très bon vin que Karyne Duplessis Piché a qualifié de « bonheur en bouteille.» C’est le genre de vin qui fait l’unanimité chez les amateurs de rouge !

Les Domaines Joseph Janoueix font le commerce du vin depuis 1898 et sont propriétaires du Château Haut Sarpe, un grand cru classé de Saint-Émilion. Ils nous offrent également le Château La Gasparde, un Castillon de belle facture dont on peut encore acheter le fameux millésime 2009. La légende raconte que La Gasparde serait le surnom d’une jolie veuve, propriétaire de ce domaine, que le Baron Gaspard, son voisin, fréquenta très assidûment. Revenons au contenu de la bouteille, fait de 85% de Merlot, 12% de Cabernet Franc et 3% de Cabernet Sauvignon, pour donner un rouge alliant tanins et fruité que Marc André Gagnon qualifie de suave. Un autre 20 $ très bien investi !

Dans la famille Aubert, c’est une femme, Vanessa Aubert, qui est l’œnologue en charge de la vinification et des assemblages pour les 6 propriétés, dont le fameux Château La Couspaude, un Grand Cru Classé de Saint-Émilion. Elle nous livre également le Château Lagrave-Aubert dont il reste encore quelques bouteilles de 2009 dans les succursales de notre monopole favori. Avec seulement 75% de Merlot, l’équilibre penche un peu plus du côté des Cabernet, mais cela reste un vin facile à boire, au fruité élégant, avec des notes boisées marquées (il a passé 18 mois en fût de chêne) mais sans excès. Je serais curieux de le regoûter dans 5 ans. Jean Aubry y voit une belle leçon de bonheur et l’a recommandé parmi ses vins d’émotion, ce qui est très rare pour une bouteille à ce prix.

À votre santé !

Alain P.

Fiches Hippovino avec liens vers les critiques, les sites du producteur, l'agence et de la SAQ :

Château Picoron (Hipponote 3* $$$ SAQ : 20.35$)
Château La Gasparde (Hipponote 3* $$$ SAQ : 21.95 $)
Château Lagrave-Aubert (Hipponote 3.5* $$$ SAQ : 22.00 $)

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mercredi 15 octobre 2014

Nos articles les plus lus au 3e trimestre

Oui, c’est maintenant une tradition qui revient tous les trois mois : voici les articles qui ont été les plus populaires chez nos lecteurs dans les mois précédents. Si vous en avez manqué un, vous allez ainsi pouvoir vous reprendre, ce sont de bonnes lectures pour les longues soirées d’automne…



Les dégustations en direct sur Twitter «Les vins du 20 » sont toujours très populaires, celle de Juillet portait sur les vins de Sauvignon blanc de toutes provenances, dont l’Argentine, l’Espagne et même la Turquie ! La nombreuse fréquentation me dit que je ne suis pas le seul à aimer le Sauvignon…


Le restaurant Tapeo est devenu un incontournable quand on parle de tapas à Montréal et Sébastien est un des meilleurs ambassadeurs des vins espagnols au Québec, en plus d’être un fin connaisseur. Ses propos vous ont intéressé et l’accord mets-vins original qu’il nous a proposé y est sûrement pour quelque chose.


C’était le premier article d’une série expliquant le commerce du vin au Québec. Nous avons commencé par analyser les ventes de vin au détail, dans les épiceries ainsi que dans les magasins de la Société des Alcools du Québec, la fameuse SAQ, en comparant avec ce qui se fait en France.


On trouve désormais d’authentiques grands vins vendus sous les appellations moins prestigieuses que sont les IGP (Indications Géographiques Protégées). On trouve en effet de plus en plus de vignerons talentueux qui préfèrent travailler selon leur vision plutôt que selon les règles des AOC, qu’ils jugent dépassées. Le Grand Rouge présenté dans cet article est un très bon exemple à notre avis.


Le dernier article de cette série décrivait comment, même si l’importation du vin au Québec est strictement le monopole de la SAQ, il est néanmoins possible de se procurer des vins que celle-ci n’a pas choisi d’incorporer à son catalogue. A cœur vaillant qui aime le bon vin, rien d’impossible !


La Fête des vendanges Magog-Orford, ce sont 5 jours de dégustation de produits du terroir et de vins du Québec. J’en ai profité pour vous proposer une suite d’accords mets-vins dont certains sont plutôt classiques et d’autres plus aventureux. On peut en conclure que, malgré un climat qui pose de nombreux défis aux vignerons, on produit maintenant plusieurs bons vins au Québec.

Merci encore d’être d’aussi fidèles lecteurs, n’hésitez pas à interagir avec nous via les commentaires ou les réseaux sociaux et à votre santé !


HippoVino

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