Il est
facile de poser la question mais beaucoup plus difficile d’y répondre. Les
producteurs de vins bios jurent évidemment que c’est le cas, les producteurs de
vins conventionnels prétendent le contraire, mais il n’y a aucune objectivité
dans leurs points de vue. En faisant un peu de recherche, on trouve quelques
études scientifiques consacrées à ce sujet, mais leurs résultats divergent.
Plusieurs
de mes amis ont essayé de faire leurs propres expériences, mais elles ont été
loin d’être concluantes. Comparer deux bouteilles est facile. Mais même si ce
sont les mêmes cépages et les mêmes régions, si elles viennent de terroirs
différents, de vignes d’âges différents et ont été vinifiées et élevées de
façon différente, ces éléments créent des écarts énormes qui occultent
totalement l’influence du bio ou non bio.
Pour se
faire une idée plus valable, reprenons les études scientifiques mentionnées
plus haut. Mais attention, essayons de comprendre les études plutôt que les
articles de presse écrits à leur sujet. Les journalistes tirent trop souvent
des conclusions allant bien au-delà de ce que dit la science.
Les chercheurs
Magali Delmas et Olivier Gergaud ont publié une étude analysant un large
ensemble de notes de critiques de magazines américains sur des vins californiens.
Leur conclusion est que les vins bios obtiennent en général de meilleures notes.
Ils ont ensuite étudié avec la même méthode des vins français notés par des critiques français et
ont obtenu le même résultat. Plusieurs fans de vins bios tendent à en conclure
que ceux-ci sont donc meilleurs que les conventionnels. Cependant, si on
regarde les chiffres, on constate qu’on y trouve aussi des vins bios avec de
mauvaises notes et des conventionnels avec des bonnes. On peut donc faire de
mauvais vins bios et de bons vins conventionnels, ce que bien des dégustateurs
pourront vous confirmer. La différence des notes pourrait donc s’expliquer par
bien d’autres facteurs que le bio. Par exemple, une grande part pourrait venir
du style de vin. Plusieurs producteurs bios choisissent de produire des vins
plus légers, orientés vers le fruit, des tendances très à la mode chez les
critiques d’aujourd’hui. Ces vins-là seront sûrement mieux notés que certaines
cuvées conventionnelles, mais aussi plus boisées. Dans un cas comme celui-ci, la
différence de note entre les deux n’aura rien à voir avec le mode de culture.
Inversement,
des chercheurs italiens ont cherché à comparer deux modes de vinification, le
conventionnel et la biodynamie, à partir de mêmes lots de raisins sur deux
millésimes différents. Leur conclusion est que, même si on peut trouver des
différences entre les vins produits, l’effet millésime est beaucoup plus important
que celui du mode de vinification. La conclusion de leur étude est qu’il n’y a
pas de différence notable entre biodynamie et conventionnel. Cependant, dans ce
cas-ci, tous les raisins vinifiés sont les mêmes et sont bios. Cette
comparaison est donc incomplète.
Nous voilà
donc revenus au point de départ ou presque, et c’est un peu normal. Il y a tellement
de facteurs qui influencent la production d’un vin, qu’il est impossible d’en
choisir un seul comme étant la clef unique. Pour faire du bon vin, c’est la
qualité de l’ensemble du travail du vigneron qui est décisive. Chacun d’eux fait
ses choix en fonction de ce qu’il comprend, connaît et maîtrise et bien sûr en
tenant compte de son vignoble, de son terroir, de son climat, et aussi du style
de vins qu’il a envie de faire.
Vous, en tant
que dégustateur, vous avez aussi le choix de décider ce que vous voulez boire.
Si pour vous le bio est une valeur importante, buvez des vins bios. On en trouve
de plus en plus de très bons, la science l’a prouvé. Personnellement, c’est la
qualité du produit qui m’intéresse le plus, je laisse au vigneron sa liberté de
choisir l’itinéraire qui lui convient le mieux. Mais bien sûr quand je
recommande un vin bio, ce qui arrive assez souvent, je le précise, au cas où ce
serait important pour vous.
À la bonne
vôtre !
Alain P.
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