mardi 29 septembre 2015

Boire ou déguster, deux expériences un peu différentes

A priori, le vin est fait pour être bu. C’est pour cela que vous en achetez et moi aussi. Je ne suis ni un collectionneur, ni un spéculateur. La plupart des vins dont je parle sont donc des bouteilles bues lors d’un repas en bonne compagnie. Par contre, j’en déguste toujours une petite quantité auparavant. D’une part, je veux m’assurer que la bouteille que je viens d’ouvrir n’a pas un défaut majeur, mais je veux aussi valider comment se présente le vin bu seul, confirmer si l’accord prévu tient la route et décider si je dois l’aérer avant le service.

Par contre, lorsqu’on participe à un événement où sont offerts de nombreux vins, tels qu’un salon ou une dégustation de presse, il est bien entendu impossible de tout boire. Il faut alors utiliser le rituel de dégustation des professionnels et recracher. Les premières fois où on utilise cette méthode, on a l’impression d’une expérience complètement différente et il est difficile de se faire une opinion sur un vin ainsi dégusté. Comme pour bien des choses, la pratique permet de mieux maîtriser la dégustation. Je ne suis cependant pas devenu un dégustateur professionnel et je dois me limiter à 25 ou 30 vins, après quoi mon palais ne ressent plus qu’acidité et alcool.


Justement, les agences Trialto et Réserve et Sélection m’ont invité à une dégustation de presse pour un ensemble de 13 rouges, 5 blancs, un mousseux et un rosé. J’ai essayé de jouer le jeu à l’aveugle, afin de ne pas être influencé par les étiquettes. Ceci m’a permis de confirmer que je ne pouvais distinguer cépages et provenances que pour les cas les plus évidents et que je ne reconnaissais pas certains vins pourtant bus à plusieurs reprises. Le vin est une école d'humilité.

Dans une telle dégustation, le premier vin est toujours plus difficile à cerner. Je l’ai donc redégusté ensuite, ce qui m’a permis de confirmer que je n’avais pas affaire à un pinot malgré la couleur. Mais rien à faire pour reconnaître le cépage Mencia du Gaba do Xil Valdeorras. Un rouge frais et élégant, avec des saveurs de fruits rouges et noirs, des notes de tabac et une belle finale. J’ai écrit « très plaisant » dans mes notes.

Le Cabernet-Sauvignon Grillos Cantores est un autre vin qui a demandé une seconde dégustation. Il vient du vignoble chilien du Clos des Fous qui signe toujours des cuvées très éloignées des stéréotypes du nouveau monde.  Je vous ai déjà parlé de leur chardonnay et de leur pinot noir, tous deux forts bons. Leur cab est un modèle d’élégance avec de belles saveurs de cerise noire, une touche de poivron et des tanins très doux. Ma note se termine avec un dessin de cœur.

J’aime beaucoup les vins du vigneron Alain Rochard du vignoble du Loup blanc. Mais je n’ai pas reconnu son Minervois Le Régal. J’hésitais entre un vin du Languedoc ou un Costières de Nîmes. J’ai aimé son côté charnu, sa belle fraîcheur, ses saveurs de fruits noirs qui s’étirent en finale avec de petites notes épicées. Les tanins sont si fins que, même si je ne percevais pas de note boisée, je croyais à un passage en barriques de réutilisation. Au contraire, l’élevage se fait à 100% en cuves de béton, Alain est un maître du carignan. Il s’est mérité deux petits cœurs !

À la bonne vôtre !

Alain P.


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