Professionnels
et simples consommateurs voient-ils le vin de la même façon? Pas exactement, c’est
bien évident, mais c’est un article du journaliste Hervé Lalau qui a provoqué
un questionnement sur l’écart entre les deux, abîme ou simple décalage? L’exemple
des critiques de cinéma montre un beau cas où les critiques vomissent
littéralement sur les films populaires et encensent des longs métrages qui
peinent à attirer les spectateurs. Est-ce la même chose dans le monde du vin?
L’article
qui suit ne se prétend pas une étude scientifique, mais j’ai pris le temps de
questionner plusieurs personnes autour de moi et de lire un peu sur le sujet
avant de pondre ce texte. Espérons qu’il apportera quelques éclaircissements et
amènera d’autres réflexions que vous pourrez partager via la fonction
commentaire du blogue.
Si on
regarde une liste des vins les plus vendus au Québec, on constate facilement
que peu de ces cuvées sont appréciées des critiques ou même des sommeliers en
général. Un décalage existe donc bien et plusieurs raisons peuvent l’expliquer.
L’attention.
Les professionnels portent une attention extrême à la cuvée qu’ils dégustent, en
analysent chaque détail. Ils sont donc très sensibles aux nuances et admirent des
cuvées riches en saveurs subtiles. Au contraire, le consommateur moyen avale
son vin comme toute autre boisson et sa perception se limite aux saveurs les
plus évidentes, qu’il préfère nettes et franches.
Les
attentes. Les professionnels sont à la recherche d’un vin qui les fait vibrer
et ils trouvent normal qu’il y ait des écarts entre les différents millésimes d’une
même cuvée. La priorité d’un consommateur est avant tout de ne pas être déçu et
il préfère des vins qui soient les plus semblables possibles d’une fois sur l’autre.
L’effet du
nombre. Critiques et sommeliers dégustent plusieurs centaines voire milliers de
vins par année alors que bien des consommateurs boivent une à deux bouteilles
par semaine, dont plusieurs fois les mêmes. Les pros sont donc attirés par les
cuvées originales et peuvent facilement ignorer certains vins pourtant
bons, mais dont il existe une multitude d’équivalents très semblables. Cela les
conduit même parfois à admirer des vins certes originaux, mais qui n’ont pas beaucoup
d’autres qualités.
L’acidité.
Nous l’avons déjà écrit, tous les vins sont acides, mais la perception de cette acidité varie selon plusieurs facteurs dont le taux d’alcool et celui de sucre
résiduel. Le palais des pros est habitué à l’acidité et, de plus, expérience et
technique de dégustation leur permettent d’analyser ces différents éléments. Leur
jugement est aussi influencé par d’autres points, comme le style du producteur
ou l’appellation. Par contre, plusieurs consommateurs sont réfractaires aux
saveurs trop acides et préfèrent donc des vins où elles sont masquées.
L’importance
de l’odorat. Elle est très limitée pour le buveur moyen, qui espère simplement
que son verre sente le vin. Au contraire, les critiques font une analyse
olfactive poussée au point où, à la lecture de certaines notes de dégustation,
on se demande s’ils ont sniffé le vin plutôt que de le goûter. J’exagère bien
sûr, mais je me surprends parfois à écrire sur des arômes qui m’ont enthousiasmé,
alors que je sais bien que personne n’achètera jamais une bouteille parce qu’elle
sent les petits fruits rouges !
Et bien sûr
le prix. Les vins qui se vendent beaucoup sont principalement des cuvées à
petit prix, c’est d’ailleurs vrai pour tous les produits. Les spécialistes sont plus facilement enclins à dépenser pour une bouteille et ne changeront pas leurs
habitudes s’ils ont une mauvaise expérience avec un vin à 35 $. Bien des
consommateurs sont réticents à augmenter leur budget, alors qu’ils sont loin d’être
sûrs d’en avoir pour leur argent.
Ces
différences existent bel et bien, mais le fossé entre consommateurs et critiques
est moins important dans le vin que dans d’autres domaines. Certes, les vins les plus consommés
ne sont pas influencés par la critique, mais déterminés par des critères
spécifiques. Ils sont en général simples, peu acides, au goût constant année
après année et vendus à prix raisonnable. Peu ont les faveurs des professionnels,
mais quand même quelques-uns. Je pense par exemple au Chenin Blanc de Robertson Winery, dont j’ai parlé à plusieurs reprises et qui a récolté nombre de
recommandations.
S'ils ne touchent pas tous les consommateurs, les
critiques influencent ceux qui s’intéressent au vin, un peu ou
beaucoup, et ils sont de plus en plus nombreux. Cette augmentation est
visible dans le nombre d’inscription à des cours d’initiation ou de dégustation,
en croissance constante. Ces amateurs veulent découvrir de nouvelles cuvées et
sont à la recherche de conseils pour guider leurs choix. Justement, au Québec,
on a la chance d’avoir plusieurs critiques qui nous recommandent une variété de
vins de différents styles, à différents prix. La majorité de ces critiques sont
disponibles gratuitement sur Internet, un canal qui nous donne aussi accès à une immense
variété de médias et blogues de vin de nombreux pays.
Chez
HippoVino, nous travaillons à faciliter ces découvertes en vous présentant, sur chaque fiche de vin, les liens des critiques et blogueurs qui en ont parlé, en
plus des informations de base et de liens vers le producteur, la fiche
technique et l’agence d’importation. Le blogue et le bulletin HippoVino Hebdo
vous fournissent aussi des suggestions de vins et tout plein d’informations pour en
savoir plus sur le mondo vino.
Bonnes
découvertes et à la bonne vôtre !
Alain P.
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