J’ai toujours
été fasciné par la fausseté évidente de bien des couleurs associées aux vins,
au point de me demander si la consommation d’alcool ne rendait pas un peu
daltonien. Non, je ne suis pas en train de vous dire qu’un vin rouge est en réalité
vert. En fait, même s’il a souvent des teintes plus ou moins violacées, la
logique de la désignation du vin rouge est peu contestable, tout comme celle du
vin rosé.
Par contre,
comment peut-on parler de vin blanc pour une boisson qui est visuellement si
différente du lait? La réalité du vin dit blanc est qu’il est de couleur jaunâtre
avec des nuances plus vertes ou plutôt dorées. Bref des teintes parfois pâles,
plutôt translucides, mais on est indiscutablement très loin du blanc.
De la même
façon les vins gris n’ont rien de gris, mais sont clairement rosés. C’est aussi
le cas pour les cépages gris, comme le pinot gris ou le grenache gris, dont les
peaux ont une teinte plutôt rose, avec des reflets bleus ou mauves. On lit
parfois qu’ils ont été baptisés gris, car on les voit ainsi durant la nuit.
Étrange explication, car la nuit, comme les chats, tous les raisins sont gris…
Le problème
est le même pour les raisins noirs qui sont en réalité de couleur bleue ou mauve
plus ou moins foncé. Par conséquent, les expressions "blanc de blancs"
ou "blanc de noirs" apparaissent complètement décrochées du monde des
couleurs véritables. Mais si, comme souvent, il est facile de critiquer, il est
par contre beaucoup plus complexe de comprendre ce qui nous a mené à cette
situation. J’avoue avoir été très perplexe à ce propos, jusqu’à ce que je découvre un
article du chimiste Bernard Valeur, qui s’est beaucoup intéressé à tout ce qui
touche les couleurs, article dont le lien figure à la fin de ce billet.
Selon cet
article, la raison de ces dénominations étranges est historique et remonte à
une époque très ancienne. Dans l’évolution du vocabulaire, quand on a commencé
à nommer les couleurs afin de classifier notre environnement, trois d’entre
elles auraient été les couleurs fondamentales : le blanc, le noir et le
rouge. Elles auraient été nommées en premier en raison des fortes connotations
symboliques qui leur sont associées. Dans ces temps anciens, le raisin aussi (puis
plus tard le vin) aurait été associé à des éléments symboliques et à des
rituels. Les termes de raisins blancs et noirs remonteraient à cette époque et
les apparitions plus tardives des mots décrivant les autres couleurs, vert,
bleu, jaune, etc. n’auraient pas remis en question ces terminologies en raison
de la force des symboles qui leur étaient associées.
Une
faiblesse de cette explication réside dans la notion de raisin gris, puisque
selon cette même source le gris aurait historiquement été nommé plus tard que
le rose. Mais peut-être que la symbolique du rose ne plaisait pas aux amateurs
de vin, qui sait…
Message à
nos lecteurs qui s’intéressent plus aux vins qu’à l’histoire ancienne :
nous ne vous oublions pas et demain nous publierons un autre billet pour
étancher votre soif de recommandations de bonnes bouteilles.
À la bonne
vôtre !
Alain P.
Bernard
Valeur - Couleur & vin. 1. Les couleurs des baies de raisin.
<<
Article précédent – 5 bons vins blancs entre 14$ et 15$ à la SAQ
>>
Article suivant – Alerte vins chouchous : Tons de Duorum Fazi Battaglia Verdicchio et Château Rouquette Amarante
Aucun commentaire:
Publier un commentaire