mercredi 28 août 2024

La fine logique des vins blancs de Sumarroca

 


Avant de parler du contenu de la bouteille, parlons du nom de ce vin. En lisant il·logic je pensais à un jeu de mot autour du concept "illogique" pour exprimer la différence de ce vin. Ensuite je lisais qu’en catalan il lògic signifie tout simplement "la logique". Mais comme la fiche technique du producteur mentionne en exergue "when logic is illogical", je reviens à ma première idée. Selon la suite du texte, l’habitude (donc sans doute la logique) est de combiner le cépage xarel-lo avec un ou plusieurs cépages plus aromatiques. Cette cuvée est cependant élaborée avec le xarel-lo en monocépage (donc a priori illogique, mais comme ça marche, c’est quand même logique). Entendons-nous, l’important n’est pas de comprendre le nom, c’est que le vin soit bon, et si on vous en parle, c’est parce qu’il l’est !

Sumarroca Il·lògic Penedès 2023, Espagne (Hipponote 3* $$ SAQ : 19,05 $ - code 15115901)

Un petit mot sur le domaine avant de parler du vin. Si la famille Sumarroca travaille dans les vignobles depuis plusieurs générations, Carles Sumarroca s’est installé dans le Penedès en 1980. Le domaine possède maintenant plus de 400 hectares de vignes, entièrement cultivées en bio. Il est très connu pour ses cavas, dont le Sumarroca Brut Nature Cava Gran Reserva qui est bien connu au Québec, mais il produit aussi une large gamme de vins tranquilles, incluant celui dont nous vous parlons aujourd’hui.

Comme expliqué plus haut, la cuvée Il·lògic est élaborée avec le seul cépage xarel-lo, à partir de vignes de 40 ans, situées à Sant Sadurní d’Anoia, près de Barcelone. La vinification et les 3 mois d’élevage sont faits en cuves inox. Le résultat est un vin blanc bio bien sec, avec de belles saveurs d’agrumes et une agréable touche minérale. Vraiment bon pour une cuvée à moins de 20 $ et une belle cuvée pour découvrir le cépage xarel-lo. Les meilleurs accords sont avec poissons et fruits de mer. Comme toutes les bouteilles de ce producteur que j’ai dégustées, c’est un très bon rapport qualité/prix.

À la bonne vôtre !

Alain P.

P.S. Si vous voulez comparer avec un vin blanc sec qui est un assemblage de xarel-lo et d’autres cépages, essayez le Sumarroca Tuví or not to be du même producteur. Pour comparer avec un autre vin monocépage xarel-lo d’un autre producteur, mais avec un élevage plus long, essayez la cuvée El Fanio de la maison Albet i Noya.

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mercredi 21 août 2024

Les vendanges à la main, c’est mieux?

 


Vendange à la main, c’est parfois écrit sur l’étiquette, souvent mentionné dans la fiche technique ou dans les présentations des vignerons, il est donc logique de se demander si c’est un critère de qualité valide. D’autant plus que dans les vignes d’Europe, les vendanges commencent.

Avant de réfléchir sur le sujet, il faut évidemment savoir que de nos jours, la majorité des raisins destinés à produire du vin ne sont pas cueillis à la main mais ramassés avec des machines à vendanger. On en avait parlé dans un billet précédent, où on avait aussi expliqué leur fonctionnement : Les vendanges à la machine, comment ça marche ?

Comme on l’avait expliqué dans notre billet sur les machines à vendanger, celles-ci ne peuvent pas récolter dans tous les vignobles. Par exemple, elles ne peuvent pas travailler sur des vignobles en terrasses ou en forte pente, ni sur des vignes taillées en gobelets (bush vines en anglais) ou avec des raisins très près du sol. Comme elles récupèrent seulement les grains de raisins, elles ne conviennent pas non plus lorsque les vignerons veulent récolter des grappes entières. Ceci est requis par certains décrets d’appellation, notamment en Champagne et dans le Beaujolais, mais c’est aussi nécessaire pour faire des macérations carboniques ou semi-carboniques. Certains vignerons utilisent parfois des grappes entières pour profiter des tanins des rafles des raisins. Je remarque que plusieurs vins dans ces situations affichent fièrement "vendange à la main" sur leurs bouteilles. C’est tout à fait vrai mais il n’y a aucune démarche de qualité derrière cela car en fait il n‘est pas possible de faire autrement…

Il est aussi vrai que les premières générations de machines à vendanger avaient des lacunes. Elles ramassaient souvent autre chose que des grains de raisins, par exemple des feuilles, et comme tout arrivait dans une grande benne, il pouvait se produire des macérations ou des débuts de fermentation indésirables et pollués. Les nouvelles machines ont des systèmes de tri optique et les bennes sont fractionnées. De nombreux vignerons déclarent maintenant pouvoir faire des vendanges très qualitatives avec ces machines et leurs vins prouvent qu’ils disent vrai. Selon eux, il faut une bonne machine, qu’elle soit bien réglée et conduite avec précision à la vitesse adaptée aux conditions de la vigne à récolter.

Néanmoins, la récolte à la main a certains avantages. Il est possible de choisir les grappes qu’on récolte (alors que la machine ramasse tous les raisins des vignes où elle passe). C’est utile dans les situations où on veut éviter de ramasser des grappes dont plusieurs grains sont moins mûrs ou affectés par la pourriture grise ou le botrytis. C’est même indispensable pour effectuer des vendanges par tries (en plusieurs passages, en récoltant seulement une partie des raisins à chaque fois) comme on le fait pour les vins de Sauternes. Évidemment cela implique d’avoir des vendangeurs expérimentés et qui travaillent avec soin.

Un autre avantage est qu’on peut placer les grappes récoltées dans de petites cagettes, pour éviter que les grains soient endommagés comme lorsqu’ils tombent dans une benne assez profonde. C’est d’ailleurs la méthode utilisée pour les grands crus, qui recherchent tous les détails pour améliorer la qualité (et où on a un budget suffisant pour employer des travailleurs d’expérience). Et c’est particulièrement vrai pour les cépages qui ont une peau plus fragile, comme le pinot noir.

En conclusion, on peut donc dire que ce n’est pas la méthode de vendange qui est véritable le critère de qualité. C’est plutôt le soin avec lequel l’équipe travaille qui fait la différence. Comme disait mon père, travailler à la main c’est très bien, à condition de ne pas travailler comme un pied. C’est pour cette raison que sur HippoVino on ne mentionne jamais le mode de vendange utilisé, car c’est rarement significatif.

À la bonne vôtre !

Alain P.

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samedi 3 août 2024

Trois bons vins rosés pour un été chaud ou pour toute l’année

 


Même si la tradition est de boire les vins rosés en été, je défends toujours l’idée qu’on peut en boire toute l’année et c’est d’ailleurs ce que je fais de mon côté. Cependant, il faut reconnaître que lorsqu’il fait chaud, c’est drôlement agréable de se servir un verre de rosé ! Voici trois bonnes bouteilles qui nous ont donné bien du plaisir récemment.

Le Pive Gris Sable de Camargue 2023, France (Hipponote 3* $$ SAQ : 17,50 $ code 11372766)

Évidemment, ce n’est pas très original car ce célèbre rosé bio de la sympathique et talentueuse Brigitte Jeanjean est le rosé le plus vendu au Québec et il est aussi célébré par nombre de critiques, année après année. Mais si je vous en parle, c’est que moi aussi je le trouve très bon et je ne m’en lasse jamais. Il nous vient d’un terroir très particulier, la Camargue, dans le delta du Rhône, sur le bord de la Méditerranée. Le sol y est composé à 80% de sable et comme il est pratiquement au niveau de la mer, il demande un système de canaux pour injecter de l’eau douce afin de bloquer les remontées d’eau salée. En revanche, la mer apporte une fraîcheur bienvenue pour les vignes dans un climat méditerranéen. Cette année, ce terroir vient d’être reconnu comme une Appellation d’Origine Protégée (AOP) pour l’ensemble de ses caractéristiques et de la preuve du savoir faire vigneron de cette région, qu’on déguste dans la qualité de ses vins. Après cette présentation, place au contenu de la bouteille.

Le Pive Gris brille toujours par sa fraîcheur, son équilibre et ses délicates saveurs fruitées relevées d’une touche minérale. Dans ce millésime 2023, il est particulièrement réussi grâce à l’éclat de ses notes florales et fruitées, qui le rendent encore plus pimpant que d’habitude. Un grand bravo à l’équipe de Brigitte Jeanjean !

Un petit plus pour cette cuvée, elle est disponible en bouteille traditionnelle de 750 ml, mais aussi en canettes de 250 ml ou en vinier de 3 litres. Quel que soit le format, si vous le versez dans une coupe, vous aurez exactement les mêmes sensations, j’ai fait le test et c’est bien le cas. Évidemment, boire à même la canette change un peu les choses. Si vous êtes dans un endroit où les contenants de verre sont interdits, un verre en plastique peut améliorer l’expérience.



Château La Lieue Rosé 2023, France (Hipponote 3.5* $$ SAQ : 19,85 $ code 11687021)

Nous voici maintenant en Provence, plus précisément à Brignoles dans l’appellation Coteaux-varois-en-Provence, donc dans le département du Var. Le domaine Château La Lieue est une exploitation familiale depuis 5 générations, dirigée aujourd’hui par Julien Vial. Il est certifié bio depuis 1999, il était donc un pionnier dans cette région.

Là encore, on a affaire à un vin rosé bio qui affiche son excellence à chaque année et je n’ai jamais été déçu par cette cuvée que j’achète chaque année depuis assez longtemps. C’est un rosé typiquement provençal avec la fraîcheur, l’énergie et les fines saveurs florales attendues, mais avec un surplus d‘élégance, de texture et de palette de saveurs qui sont très rares pour un rosé à moins de 20 $. C’est donc un excellent rapport qualité/prix qui est très agréable à l’apéro mais est aussi une belle réussite à table, par exemple avec des grillades de poulet ou de poisson, mais aussi plein d’autres plats légers.



Domaine Clavel Mescladis Pic St-Loup 2023, France (Hipponote 3.5* $$$ SAQ : 21,20 $ code 12924770)

Avertissement : il en reste peu à la SAQ maintenant, car ce vin n’est malheureusement disponible qu’en assez faible quantité chaque année et il faut toujours faire vite pour s’en procurer, contrairement aux deux bouteilles précédentes qui sont sur les tablettes de notre monopole toute l’année. Si je vous en parle, c’est pour que vous pensiez à sauter sur l’occasion lorsqu’il arrivera la prochaine fois.

Il nous vient de l’appellation Pic St-Loup, dans le Languedoc et est produit par Estelle et Pierre Clavel, deux personnes fort sympathiques que j’ai pu rencontrer lors de la Grande Dégustation de Montréal 2023. Ils sont aussi très doués et j’ai bien aimé toutes leurs cuvées que j’ai eues l’occasion de déguster, ce qui leur vaut de figurer dans ma catégorie de producteurs dont j’achète les vins les yeux fermés.

Le Mescladis est bien typique des rosés méditerranéens mais son caractère trahit ses origines languedociennes. Il ne manque ni de fraîcheur ni de notes florales et fruitées, mais c’est surtout son énergie, son côté épicé, sa touche de garrigue et sa belle finale délicatement minérale qui le distinguent de ses confrères rosés. Il peut se boire à l’apéro avec du prosciutto et des olives mais il brille encore plus à table où il se montre assez polyvalent.

À la bonne vôtre !

Alain P.

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