Il produit
aujourd’hui 50 cuvées différentes provenant de 47 vignobles situés un peu
partout en Californie. 70% de ceux-ci sont en propriété ou sous bail
d’exploitation à long terme. Leur particularité commune est d’être plantés de
vignes âgées de plus de 50 ans et même, pour 14 d’entre eux, de plus de 100
ans. Oui, même si on est dans le nouveau monde, on y trouve quand même de très
vieilles vignes. Il existe d’ailleurs une association, Historic Vineyard Society, dont la mission est de recenser et de protéger les vignobles possédant
des vignes de plus de 50 ans. Il faut les protéger car celles-ci sont bien sûr beaucoup moins rentables à opérer en
raison de leurs très faibles rendements (le rendement d’une vigne commence à
baisser sérieusement passé 35 ans d’âge) et des grands besoins de main d’œuvre requis
pour leur exploitation. Pour ces raisons, ces vignes sont souvent menacées par
des projets de développement immobilier, évidemment bien plus rentables.
Cristina Turley |
Autant de vignes
de plus de 100 ans ont pu résister à l’épidémie de phylloxéra car elles sont
situées dans des zones isolées des grands vignobles avec une biodiversité de
cultures remarquable. Les vignes préphylloxériques
sont bien entendu non greffées. La majorité des vins de Turley Wine sont des
cuvées parcellaires, principalement de zinfandel. Ils sont tous différents car
les vignes sont situées sur des terroirs différents, ont des vignes d’âges
différents, qui en plus sont souvent complantées avec quelques vieux plants
d’autres cépages secondaires, par exemple de la petite sirah, du grenache et même
parfois des cépages blancs, comme dans la vallée du Rhône. D’où la notion de
cuvées uniques dont je vous parlais au début de ce billet, réalisé suite à une
dégustation de presse en compagnie de Mme Christina Turley, organisée par
l’agence Trialto qui représente Turley Wine au Québec. Parlons maintenant des
vins dégustés à cette occasion.
Quelques
points techniques pour commencer. Tous les vins de Turley Wine sont fermentés
avec les levures indigènes et sont vendangés assez tôt pour préserver l’acidité
naturelle, évitant ainsi de devoir les acidifier. Les élevages se font en
barriques de chêne avec 20% de fûts neufs.
Parmi les quelques
cuvées d’assemblage de plusieurs vignobles, on trouve le Turley Wine Juvenile Zinfandel.
Comme son nom l’indique, celle-ci provient de jeunes pieds de vignes (de 6 à 35
ans d’âge). Ce sont les ceps qui ont été plantés en remplacement, lorsque de
vieux ceps meurent. Ces jeunes pieds sont marqués pour être récoltés séparément
et leurs raisins regroupés finissent dans le Turley Juvenile. Nous avons goûté
les millésimes 2015 et 2016, deux vins très différents. L’année 2015 plus
fraîche a produit un rouge plus pâle et étonnamment léger pour un zin.
Personnellement, j’ai préféré le 2016, plus sombre, plus concentré, généreux et
soyeux en bouche, mais avec une belle fraîcheur et une pureté de fruit
renversante.
Le Turley Old Vines Zinfandel 2015 est un autre vin d’assemblage, mais lui provient de 15
vignobles de 41 à 129 ans d’âge situées dans toutes les régions de Californie.
Ce sont, soit des vignes trop petites pour produire leur propre cuvée, ou encore
des vignes trop récemment acquises pour maîtriser la production d’une cuvée
parcellaire. Un très beau vin avec de la profondeur, là encore une pureté de
fruit remarquable, notamment pour la très belle et longue finale.
Le Fredericks
Vineyard Zinfandel 2015 vient d’un vignoble de Sonoma Valley, planté en 1937 à
plus de 900 pieds d’altitude et dont les vignes sont en terrasses. Cela donne
un excellent vin avec trois petits cœurs sur ma note de dégustation : très
sombre, intense et superbement fruité, très soyeux en bouche et avec un
équilibre parfaitement maîtrisé malgré les 15% d’alcool.
Mais mon vin
préféré de cette soirée fut le Turley Wine Cedarman Zinfandel 2015, qui provient de 2
vignobles situés au sommet d’Howell Moutain. Rattlesnake Ridge et Dragon
Vineyards sont plantés à 2600 pieds d’altitude, dans Napa Valley. À une telle
hauteur, les écarts de température sont plus extrêmes, on y a même parfois de
la neige en hiver. Fait principalement de zinfandel avec un peu de petite
sirah, le Cedarman est un vin Wow, une cuvée de méditation à savourer
tranquillement. Texture majestueuse, beaucoup de profondeur et toute une richesse
de saveurs, j’ai écrit fruité magique dans mes notes. Le plus étonnant est que
malgré sa générosité et sa richesse, j’ai perçu une petite touche minérale,
quasiment incroyable dans un zinfandel. Quand je disais cuvées uniques, mais quel dommage qu’il soit si difficile de s’en procurer… Malheureusement, la dernière bouteille s’est écoulée avant que je puisse en acheter…
À la bonne
vôtre !
Alain P.
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