Le principe
est donc simple mais en pratique c’est beaucoup plus compliqué. D’une part l’évolution
d’un vin n’est pas une courbe connue et unique. Chaque vin va évoluer
différemment et à son rythme selon un grand nombre de facteurs. Les cépages, le
climat, le terroir, le mode d’élevage influencent cette évolution, mais aussi
chaque étape du travail de vinification. Prédire comment sera un vin donné dans
plusieurs années n’est pas du tout évident. L’autre point qui complique tout
est qu’il y a un aspect subjectif à cette notion d’apogée. Certains préfèrent
que le fruit soit encore très présent, d’autres souhaitent des tanins
parfaitement fondus ou un boisé totalement intégré. La perception de l’acidité
ou la texture en bouche sont aussi des facteurs où tous ne voient pas les
choses du même œil, ou plutôt du même palais.
Pour choisir
le moment idéal pour ouvrir leurs précieuses bouteilles, les amateurs se fient aux
recommandations du producteur, des guides ou des critiques, ou encore aux
calendriers qu’on trouve sur certains sites ou intégrés dans les logiciels de
gestion de cave. Comme ce n’est pas une science exacte, on peut choisir d’acheter
plusieurs bouteilles et en tester une de
temps en temps pour suivre son évolution. L’utilisation d’un Coravin permet de
faire ce genre de test sans sacrifier une bouteille à chaque fois.
Personnellement,
je n’ai pas l’esprit collectionneur. Ma cave contient beaucoup plus de
bouteilles pour consommation rapide ou à moyen terme que de véritables vins de
garde. Mais aujourd’hui on peut de plus en plus souvent acheter des vins
matures à la SAQ, des bouteilles d’une dizaine d’années qu’on peut décider de
boire tout de suite ou dans un, trois ou cinq ans pour suivre leur évolution.
Ainsi j’ai
acheté il y a un peu moins de 2 ans le millésime 2009 du Château Thébaud Clos des Tabardières, un Muscadet-Sèvre et Maine de la maison Poiron-Dabin. Je l’avais choisi car j’aime beaucoup le
muscadet en général et parce que c’était la première fois que je voyais un vieux
muscadet à la SAQ. Bu quelques semaines plus tard, je l’ai adoré, je vous en ai
aussitôt parlé sur le blogue : Vieux vins et coups de cœur de la semaine.
Mon commentaire de ce billet : finesse, complexité autant au nez qu’en
bouche, belles notes fruitées délicates mais précises, le tout soutenu par la
minéralité typique de l’appellation, une belle finale d’une longueur étonnante,
superbe vin.
Je me suis
donc dépêché d’acheter deux autres bouteilles, une pour la faire goûter à des
amis dans les jours suivants et une pour garder encore un peu en cave. Je l’avais
trop aimé pour attendre très longtemps. Je viens de l’ouvrir et, tenez-vous
bien, il était encore meilleur que la dernière fois ! Très belle texture en
bouche et des saveurs encore plus riches. Par contre, la minéralité était plus
discrète, ce qui me fait dire qu’il était probablement à son apogée, du moins à
mon goût personnel. Je ne vous dis pas qu’il ne pourra pas se conserver encore
trois à cinq ans, mais qu’à mon avis il est encore meilleur maintenant.
Il n’y a
plus de 2009 à la SAQ mais il reste encore quelques bouteilles de 2012 dans 26
succursales au moment d’écrire ce billet. Si vous en achetez une, quand faut-il
le boire? Je ne l’ai pas goûté mais Patrick Désy en a dit grand bien. Vous
pouvez donc le boire dès maintenant ou le garder 2 à 3 ans. Pourquoi pas deux
bouteilles, une pour maintenant et une pour dans 2 ou 3 ans? Ou trois si vous
voulez faire un essai de plus longue garde…
On va aussi
vous revenir bientôt avec d’autres expériences, avec des vins rouges cette
fois. En attendant, vous pouvez aussi lire ce billet d’Yves Mailloux qui relate la dégustation d’un très grand Bourgogne du millésime 2002, une cuvée mythique.
À la bonne
vôtre !
Alain P.
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Article précédent – Merci aux vignerons et merci aux agriculteurs !
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