Photo Champagne J-M Texier |
Certaines
conséquences ont été immédiates. Dans plusieurs régions mais surtout dans le
Languedoc, des raisins ont subi ce qu’un appelle l’échaudage. Ils ont été
brûlés par le soleil et les grains sont devenus desséchés. Ces raisins sont
désormais inutilisables. Lorsqu’il s’agit de quelques grappes par ci par là,
cela veut dire une baisse de rendement, mais si c’est généralisé, c’est une
perte de récolte dans la zone touchée et c’est un drame pour le vigneron. La
situation est encore pire pour les exploitations qui ont été touchées par d’autres
problèmes (par exemple gels printaniers ou averses de grêle) auparavant. Si on
regarde l’ensemble du vignoble français, les cas d’échaudage semblent limités. Le principal impact prévu de cette canicule en France sera donc une baisse de production, celle-ci pouvant être dans les plus basses des 5 dernières années.
La bonne nouvelle est que les fortes températures et le temps sec limitent le
développement des maladies comme le mildiou, seul l’oïdium est présent
actuellement.
Il reste la
question de la qualité des vins du millésime 2019. L’aspect favorable est le
bon état sanitaire des vignes. Le problème est la baisse de l’acidité engendrée
par la chaleur. L’impact ne sera pas le même pour tous. L’exemple des canicules
précédentes, par exemple celle de 2003, a montré une grande diversité de
résultats. Plusieurs producteurs ont réussi des vins agréables à boire en
jeunesse, mais en général il était préférable de les consommer plutôt
rapidement. On a souvent recommandé de ne pas dépasser 10 ans de garde pour les
cuvées de 2003 et j’ai plusieurs fois dégusté des vins, habituellement de bonne
garde, déjà sur le déclin à partir de 2011 et des années suivantes.
Mais là
encore, il y a des exceptions. On vous a parlé sur HippoVino Hebdo du 21 juin dernier du champagne millésimé Grands Terroirs 2003 de la maison Palmer, une
cuvée exceptionnelle de qualité, qui vient tout juste d’être lancée. De mon
côté, j’ai dégusté récemment un Château Poujeaux Moulis-en-Médoc 2003, et il s’est
avéré excellent, malgré ses 16 ans d’âge. J’avoue que j’avais peu d’attente
lorsque mon ami Daniel a sorti cette bouteille de sa cave, mais mes préjugés
sur le millésime 2003 ont été balayés dès la première gorgée. Ce millésime
était produit avec 46% de cabernet sauvignon et 45% de merlot, complétés par 5%
de petit verdot et 4% de cabernet franc. Il a été élevé 12 mois en fûts de
chêne, dont 30% de neufs. Si l’œnologue du domaine, M. Jacques Boissenot, lui
prédisait une apogée à 10 ans d’âge, la réalité me semble plus de 15 à 18 ans.
Les saveurs d’évolution sont encore discrètes, les flaveurs de fruits noirs
sont encore au rendez-vous, la matière ne manque pas, la texture est très
soyeuse avec de beaux tanins parfaitement enrobés et la finale est fort
agréable. Un superbe accord avec des côtelettes d’agneau et quelle bonne idée
de l’avoir attendu aussi longtemps !
Le Château Poujeaux est un des rares vins du Médoc de l’appellation Moulis disponibles à
la SAQ. C’est une des cuvées les plus renommées de cette région et, même si je
n’ai pas goûté le 2010 qui est actuellement dans quelques succursales, c’est un
millésime béni des dieux à Bordeaux que je n’hésite donc pas à recommander. À
condition bien sûr que vous ne soyez pas dissuadés par son prix de 80 $. On doit
pouvoir le consommer dans les 2 prochaines années en le passant un bon 30
minutes en carafe, mais son apogée devrait plutôt se situer dans 5 à 10 ans.
À la bonne
vôtre !
Alain P.
Un autre
billet sur les vins de garde : Boire un vin à son apogée, pas simple mais si agréable !
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