jeudi 6 octobre 2016

L’art du vin, entre originalité et tradition

Dans le vin comme dans bien d’autres domaines, certains ne jurent que par l’originalité, la recherche d’innovation à tout prix. Inversement, on trouve aussi des traditionalistes, qui se passionnent pour les façons de faire de jadis. Mais ces deux visions ne sont pas toujours antagonistes : on peut produire du vin en innovant, mais tout en gardant un pied dans la tradition, comme le montrent les deux exemples qui suivent.

La maison Masi possède des vignes en Italie, plus exactement en Vénétie, depuis fort longtemps. Le nom provient de la vallée Vaio del Masi, une terre acquise au XVIIIème siècle par la famille Boscaini, qui est encore aujourd’hui à la tête de l’entreprise. Elle a investi plus récemment en Argentine et les vins Masi Tupungato proviennent de la Valle del Uco, dans la région de Mendoza. La cuvée Passo Doble est originale à la fois par ses cépages et par sa méthode d’élaboration. Les cépages sont le malbec, qui a fait la réputation de l’Argentine, et la corvina, un cépage typique de la Vénétie. Au niveau technique, Masi maîtrise l’art du passerillage (séchage des grains de raisin sur des claies, pour en concentrer le sucre et les saveurs), appelé là-bas appassimento, une tradition vénitienne utilisée pour la production de l’Amarone et du Valpolicella Ripasso. Cette méthode est utilisée pour la corvina cultivée en Argentine, ce qui permet une seconde fermentation lorsqu’elle est ajoutée au malbec.

Mais si je vous parle du Masi Tupungato Passo Doble, ce n’est pas parce qu’il est différent, mais parce que c’est un bon vin rouge, bourré de fruit et aromatique à souhait. Le millésime 2013 est bien réussi, les tanins sont plus souples et le boisé moins perceptible que dans les précédents. Il a un côté tonique qui plaira aux amateurs de rouge à l’apéro, mais il a suffisamment de corps pour être servi avec des grillades et des saucisses italiennes un peu épicées.

Au Portugal, la maison Cortes de Cima est très récente et a priori peu portée sur les traditions locales. Ses fondateurs, Hans et Carrie Jorgensen, sont d’origines danoise et américaine, et ont commencé leur vignoble en plantant de la syrah, un cépage interdit par les règles de leur appellation, l’Alentejo. En même temps, Hans a su ajouter des cépages locaux et maîtrise parfaitement l’art des assemblages. Ainsi, sa cuvée Chaminé, en blanc, regroupe deux cépages typiques du Portugal, le verdelho (aussi appelé gouveio) et l’antao vaz avec deux cépages français, le sauvignon blanc et le viognier.

Le résultat est fort séduisant, en particulier dans le millésime 2014. Le Cortes de Cima Chaminé allie fraîcheur, saveurs d’agrumes, quelques notes herbacées typiques du sauvignon et une petite touche de fruits exotiques. Vendu à moins de 15 $, c’est dans les meilleurs blancs de cette gamme de prix et c’est parfait pour l’apéro sur la terrasse, durant les derniers beaux jours d’automne. Il s’est montré également fort bon avec un plat de saumon au four.

À la bonne vôtre !

Alain P.



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