Dans le vin
comme dans bien d’autres domaines, certains ne jurent que par l’originalité, la
recherche d’innovation à tout prix. Inversement, on trouve aussi des
traditionalistes, qui se passionnent pour les façons de faire de jadis. Mais ces
deux visions ne sont pas toujours antagonistes : on peut produire du vin
en innovant, mais tout en gardant un pied dans la tradition, comme le montrent
les deux exemples qui suivent.
La maison
Masi possède des vignes en Italie, plus exactement en Vénétie, depuis fort
longtemps. Le nom provient de la vallée Vaio del Masi, une terre acquise au
XVIIIème siècle par la famille Boscaini, qui est encore aujourd’hui à la tête
de l’entreprise. Elle a investi plus récemment en Argentine et les vins Masi
Tupungato proviennent de la Valle del Uco, dans la région de Mendoza. La cuvée
Passo Doble est originale à la fois par ses cépages et par sa méthode d’élaboration.
Les cépages sont le malbec, qui a fait la réputation de l’Argentine, et la
corvina, un cépage typique de la Vénétie. Au niveau technique, Masi maîtrise l’art
du passerillage (séchage des grains de raisin sur des claies, pour en
concentrer le sucre et les saveurs), appelé là-bas appassimento, une tradition
vénitienne utilisée pour la production de l’Amarone et du Valpolicella Ripasso.
Cette méthode est utilisée pour la corvina cultivée en Argentine, ce qui permet
une seconde fermentation lorsqu’elle est ajoutée au malbec.
Mais si je
vous parle du Masi Tupungato Passo Doble, ce n’est pas parce qu’il est
différent, mais parce que c’est un bon vin rouge, bourré de fruit et aromatique
à souhait. Le millésime 2013 est bien réussi, les tanins sont plus souples et
le boisé moins perceptible que dans les précédents. Il a un côté tonique qui
plaira aux amateurs de rouge à l’apéro, mais il a suffisamment de corps pour
être servi avec des grillades et des saucisses italiennes un peu épicées.
Au Portugal,
la maison Cortes de Cima est très récente et a priori peu portée sur les traditions
locales. Ses fondateurs, Hans et Carrie Jorgensen, sont d’origines danoise et
américaine, et ont commencé leur vignoble en plantant de la syrah, un cépage
interdit par les règles de leur appellation, l’Alentejo. En même temps, Hans a
su ajouter des cépages locaux et maîtrise parfaitement l’art des assemblages.
Ainsi, sa cuvée Chaminé, en blanc, regroupe deux cépages typiques du Portugal,
le verdelho (aussi appelé gouveio) et l’antao vaz avec deux cépages français,
le sauvignon blanc et le viognier.
Le résultat
est fort séduisant, en particulier dans le millésime 2014. Le Cortes de Cima Chaminé allie fraîcheur,
saveurs d’agrumes, quelques notes herbacées typiques du sauvignon et une petite
touche de fruits exotiques. Vendu à moins de 15 $, c’est dans les meilleurs
blancs de cette gamme de prix et c’est parfait pour l’apéro sur la terrasse,
durant les derniers beaux jours d’automne. Il s’est montré également fort bon
avec un plat de saumon au four.
À la bonne
vôtre !
Alain P.
<<
Article précédent – Vin : la capsule à vis n’est pas le bouchon de l’avenir, selon Peter Gago
Aucun commentaire:
Publier un commentaire