Plusieurs novices
sont déconcertés à la lecture des notes de dégustation des critiques ou
sommeliers. J’entends souvent des commentaires du genre « un vin, ça goûte le
vin pas les mûres », « des notes florales, voyons donc, il n’y a pas de fleurs dans le vin.»
Pourtant,
sans être une science exacte, la technique de dégustation utilisée par les
professionnels permet d’analyser arômes et saveurs de façon efficace. On en
avait parlé dans ce billet : La dégustation du vin, un art, une science ou n’importe quoi?
Pour mieux
comprendre, examinons d’où viennent les saveurs du vin
Tout d’abord,
il y a les composantes de base, comme l’alcool, le sucre résiduel – qui n’a pas
été transformé par la fermentation – les acides. Dans un vin bien équilibré,
ces éléments ne sont pas dominants en termes de saveurs.
On trouve
aussi dans le vin des composés aromatiques qui, même s’ils représentent un
petit pourcentage de la composition chimique de notre bouteille, sont à la
source des saveurs et arômes agréables dont nous parlions plus haut. Ces
composés ont trois origines possibles.
Certains
proviennent directement du raisin. Ceci peut paraître bizarre car peu de vins
goûtent comme le raisin de table. C’est tout simplement parce que les cépages
utilisés pour le vin sont très différents de celui-ci. D’ailleurs, si vous
buvez un vin fait de cépage muscat, vous lui trouverez des saveurs de raisin
muscat. Pourtant le muscat utilisé pour le vin est un cépage à petits grains assez
différent du muscat de table à gros grains, mais il reste dans la même famille
et tous deux partagent plusieurs composés aromatiques.
On voit la
même chose dans les cidres. Les cidres du Québec sont produits avec des
variétés de pomme courantes et, dans un Crémant de pomme du Minot par exemple,
on trouve facilement le goût de la Macintosh. Par contre, si vous achetez un
cidre de Bretagne ou de Normandie fait avec des variétés spécifiques de pommes
à cidre, vous n’y retrouverez pas du tout les saveurs de pomme avec lesquelles vous
êtes familier.
La deuxième
origine des composés aromatiques est la fermentation. Celle-ci transforme le
sucre du raisin en alcool mais génère aussi de nombreux autres composés
chimiques. Certains sont des molécules aromatiques et d’autres sont des
produits intermédiaires qui vont évoluer par la suite.
L'évolution qui se produira durant la phase d’élevage du vin, ou par la suite durant son
vieillissement en bouteille, sera la troisième origine possible de nos composés
aromatiques. Certains des composés générés par chacune des trois origines sont
identiques ou proches de composés trouvés ailleurs dans la nature, par exemple dans
d’autres fruits que le raisin. C’est pour cela que vous pouvez trouver des
saveurs de cerise noire ou des arômes de cuir dans votre bouteille.
Notez que selon
leur origine, les arômes du vin sont classés comme primaires (provenant de la
variété de raisin), secondaires (issus de la fermentation) ou tertiaires
(découlant de l’élevage ou du vieillissement. Ces différentes étapes d’évolution
aromatique nous avaient été présentées par Frédéric Fortin dans un contexte
concret ici-même : « Dégustation verticale, sablier du vin et recommandations d’Italie.»
À la bonne
vôtre !
Alain P.
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Article précédent – Vins de Tout le Monde en Parle – Saison 2016-2017
Merci pour cet article bien synthétisé, auquel je me permets d'ajouter une précision. Au cours du processus fermentaire, les molécules présentes dans le moût (dont l'origine est liée au cépage et/ou au sol) se brisent sous l'action du mouvement imprimé par les bulles de gaz carbonique qui remontent vers la surface. C’est au cours des manipulations telles que la macération, la fermentation, la rectification, le filtrage, … que ces molécules vont entrer en combinaison les unes avec les autres ainsi qu’avec les molécules de l’air. Elles vont se briser et en former de nouvelles, différentes.
RépondreEffacerParmi ces nouvelles molécules, il en sera des volatiles qui n’auront plus rien à voir avec les molécules de base du raisin. Elles seront nommées par leur formule chimique ou l’odeur qu’elles rappellent.
En se recomposant, elles présentent parfois une configuration "ADN" proche de celle de fruits, fleurs, ... connus. Ce qui nous fait dire que ce vin sent/goûte le... ou la ...
L'exemple du gamay en macération carbonique est éclairant. La molécule acétate d'isoamyle qui se forme suite à la nouvelle combinaison moléculaire est aussi celle qui caractérise la banane mûre.Nous qualifierons donc l’arôme dégagé par ces molécules de « banane ». Par cet exemple, nous comprenons mieux pourquoi un Beaujolais primeur sent la banane alors que ce fruit, bien entendu, n’est jamais intervenu dans l’élaboration du vin.
Jean-Christophe Cools - www.quitou.com
Merci pour les précisions !
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