Les tweets
rageurs de l’oncle Donald sur les taxes françaises sur les vins américains ont
fait les manchettes et déclenché de nombreuses réactions et analyses dans les
médias français. Une analyse soignée est celle des Décodeurs dans le journal Le Monde, mais le problème est qu’il est très difficile de conclure clairement par
des comparaisons techniques sur les frais douaniers, puisque chaque continent
divise différemment les boissons alcoolisées selon de nombreuses catégories,
basées sur le taux d’alcool, le volume du contenant, le type de boisson, etc. Un article de Vitisphère démontre que les rapports s’inversent dans le monde du
vin en vrac, les frais de douane américains étant supérieurs à ceux européens.
Notons au
passage que la France n’a pas de frais de douane spécifique, ce sont les frais
européens qui s’appliquent, comme dans tous les autres pays de l’Union
Européenne. Des taxes additionnelles sur les spiritueux et d’autres produits ont
été ajoutées en juin dernier comme mesures de rétorsion contre les taxes décidées
par le président américain sur les produits européens, mais elles ne s’appliquent
pas au vin.
Pour
simplifier les comparaisons et éviter les tracas techniques, comparons tout
simplement les prix de vente au détail en France et aux États-Unis pour deux
bouteilles de Chardonnay de valeur moyenne, un californien et un Bourgogne.
Nous avons choisi le Grayson Cellars Chardonnay et le Mâcon Villages Joseph
Drouhin. Les points de vente utilisés sont deux sites de vente en ligne qui
proposent les deux vins, Vinatis en France et Wine.com aux États-Unis.
France (Vinatis)
Grayson
Cellars Chardonnay : 13.50 euros
Mâcon
Villages Joseph Drouhin : 13.99 euros
États-Unis
(Wine.com)
Grayson
Cellars Chardonnay, USA : 11.99 US$
Mâcon
Villages Joseph Drouhin, USA : 14.99 US$
Dans les
deux pays, le vin californien est le moins cher, mais aux États-Unis la
différence est beaucoup plus élevée. Le Mâcon passe de 3.6% plus cher que son
concurrent californien en France à 25% plus cher au pays d’oncle Donald.
Difficile de dire que le marché américain le favorise honteusement.
Ce qui
agace les américains, c’est qu’ils ne sont pas encore arrivés à pratiquer en France
une mise en marché de leurs cuvées aussi agressive que chez eux. Mais s’ils
réussissent à proposer un chardonnay californien à 11 euros, celui-ci se
décalera du Bourgogne cité plus haut mais fera encore face à plusieurs autres concurrents
hexagonaux. Pour vendre plus de cuvées du nouveau monde, il faudra que les
français aient soif d’en boire…
[Mise à jour 19-11-2018] Selon les statistiques de comtrade pour 2017, les États-Unis sont le 3ème plus gros exportateur de vin vers la France en valeur, derrière le Portugal et l'Italie, mais devant l'Espagne et le Chili.
Alain P.
P.S. Un
accord de libre-échange éliminant de nombreux frais de douane entre l’Europe et
les États-Unis avait été négocié. Le président américain actuel a refusé de le
ratifier, pour ensuite se plaindre des frais de douane qu’il a refusé d’éliminer.
Son objectif serait-il plus de faire parler de lui que d’accomplir quelque
chose?
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Article précédent – Revue des changements de prix récents à la SAQ (novembre 2018)
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