vendredi 20 mars 2015

Les seconds vins de Bordeaux, intéressants ou pas?

[Mise à jour 22-03-2018] La montée des prix et la difficulté à se procurer les précieuses bouteilles des grands châteaux bordelais ont engendré la création de ce qu’on appelle les seconds vins. En effet, le processus de sélection pour la création des grands crus est impitoyable. On écarte systématiquement les raisins des vignes les plus jeunes ainsi que tous ceux qui ne sont pas jugés parfaits pour la grande cuvée.

Évidemment, on ne peut économiquement se permettre de jeter à la poubelle tout ce qui a échoué à cette hyper-sélection. Autrefois, ces raisins étaient vendus au négoce et plusieurs domaines moins cotés les rachetaient pour rehausser leur production. De nos jours, les producteurs préfèrent utiliser eux-mêmes le meilleur de ce « rejet », qui est équivalent à la première qualité de bien des terroirs secondaires. C’est ainsi que sont produits les seconds vins, qui sont commercialisés à un prix très inférieur à la cuvée de grand prestige, mais avec un nom évoquant la filiation. Pour le Château Cantemerle, ce sont Les Allées de Cantemerle, pour le Château Potensac, c’est La Chapelle de Potensac et ainsi de suite.


Puisque ces seconds vins sont commercialisés à des prix abordables, les grandes questions sont : est-ce que ces vins valent la peine de s’y intéresser, sont-ils de bons rapports qualité-prix?

La réponse à la première est évidemment oui, si vous aimez les vins de Bordeaux ! Ils sont produits par la même équipe que les grands crus, avec le même savoir-faire et avec des raisins issus de grand terroir. Les ignorer serait stupide.

Par contre, il faut reconnaître que, comme pour absolument tous les types de vins, les qualités sont variables. La variable la plus importante, le millésime. Dans une grande année, le raisin de bonne qualité abonde et on ne produira pas plus du premier cru. Il reste donc plein de raisins exceptionnels pour produire un excellent second vin. Par contre, dans les années difficiles, la qualité de plusieurs seconds vins n’est pas au même niveau.

Ceci conduit à une recommandation que vous entendrez souvent : dans les bonnes années, on achète les seconds vins et dans les moins bonnes, on achète les premiers (qui sont alors un peu plus abordables).

Cependant, le millésime n’est pas suffisant, il existe des variations importantes d’un domaine à l’autre, certaines liées aux micros-climats locaux et d’autres aux façons de faire de chacun. Lire les critiques est donc encore la meilleure façon de s’informer avant d’acheter.

Le second vin du Château Citran est le Moulins de Citran, un Haut-Médoc fait de Cabernet-Sauvignon et de Merlot. Au moment d'écrire ce billet, la SAQ nous offre le 2005, un grand millésime et l’occasion de boire un vin de 10 ans d’âge sans avoir à le conserver plusieurs années en cave. C’est le moment idéal pour profiter de son fruité, avant que les arômes tertiaires ne prennent le dessus. Il est d’ailleurs intéressant de lire les différentes critiques pour mieux comprendre l’évolution d’un bordeaux rouge : David Pelletier l’a goûté il y a 2 ans et a noté des tanins un peu rêches; Marc André Gagnon et Jean Aubry l’ont dégusté en février 2015 et parlent de tanins fins et fondus. Comme en témoigne le lyrisme du critique du Devoir, c’est un excellent vin. Si vous aimez votre viande rouge, cuisson saignante, accompagnez-la d’un Moulins de Citran.

En mars 2018, c'est le millésime 2009, une très grande année dans le bordelais, qui est disponible à la SAQ. et il est encore à moins de 30 $.

On a aussi parlé d'autres seconds vins de Bordeaux fort intéressants dans cet autre billet, signé par le blogueur invité Frédéric Arnould.

À votre santé !

Alain P.

Liens

Fiche du Moulins de Citran 2009 sur Hippovino, avec liens vers le producteur, l’agence, la SAQ et les critiques. 3.5*, $$$ (29.60 $).


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