vendredi 21 août 2015

Vins d’Alsace multi-cépages, les Gentils et les autres, pas vraiment méchants

Quand on pense aux vins d’Alsace, on pense spontanément aux cépages uniques tels que riesling, gewurztraminer, qui font la signature du vignoble alsacien depuis de nombreuses années. C’est en effet une des seules appellations AOC françaises où le cépage soit aussi clairement affiché. Cependant, si vous pensez que tous les vins d’Alsace sont ainsi produits avec un seul et unique cépage, détrompez-vous, il existe quelques exceptions. Mentionnons tout d’abord que la vinification mono-cépage est relativement récente et ne fut officialisée qu’avec le décret d’AOC de 1971.

Photo Hugel & Fils
Les alsaciens multi-cépages les plus connus sont les Gentils, une dénomination qui correspond aux assemblages des cépages dits nobles (riesling, pinot gris, gewurztraminer et muscat). Dans la version de l’appellation Alsace actuelle, ces cépages nobles doivent représenter au moins 50% du volume et peuvent être complétés de sylvaner, de pinot blanc ou de chasselas. Chaque cépage doit être récolté et vinifié séparément. Le Gentil doit faire mention du millésime et ne peut être commercialisé qu’après une dégustation d’agrément après la mise en bouteilles.

Le Gentil le plus connu sur la planète est celui de la maison Hugel de Riquewihr, les champions de l’exportation de leur coin de pays.  Il faut dire que la famille Hugel cultive la vigne en Alsace depuis 1639, c’est donc une très longue tradition familiale. La portion noble du Gentil Hugel est composée de 23% de Pinot Gris, 20% de Riesling, 11% de Gewurztraminer et 2% de Muscat. C’est un vin blanc vif plutôt parfumé, avec des arômes et saveurs de fleurs et d’agrumes. Il est à son meilleur pour accompagner les cuisines asiatiques, même lorsque les plats sont légèrement épicés.

Marcel Deiss est un vigneron alsacien qui ne fait rien comme les autres. Non seulement c’est un pionnier de la biodynamie, mais il aime dynamiter les idées reçues et remettre au goût du jour les anciennes pratiques viticoles. Un bel exemple vient de sa cuvée nommée tout simplement Alsace Marcel Deiss, qui est produite avec les 13 cépages alsaciens plantés et récoltés sur une même parcelle puis vinifiés ensemble. C’est ce qu’on appelle la complantation. Autrefois utilisée en Alsace pour produire des vins appelés Edelzwicker, elle est pratiquement abandonnée aujourd’hui, sauf chez notre fameux Marcel. Ce genre de culture amène son lot de défis, car il est beaucoup plus difficile de contrôler l’évolution de plants de vigne aussi variés dans un tel espace de proximité. La décision de quand vendanger est aussi plus complexe, puisque les différentes variétés de raisin n’évoluent pas à la même vitesse. Mais Marcel Deiss semble très bien maîtriser la chose puisque cette cuvée est superbe et toujours saluée par les critiques. Elle montre des variations d’une année sur l’autre, les saveurs de litchi du gewurztraminer étant plus ou moins présentes selon les millésimes. On note aussi des vins plus vifs et d’autres avec une légère sucrosité, mais l’arc en ciel d’arômes et de saveurs est toujours au rendez-vous. Personnellement, je les achète chaque année et ils donnent toujours d’excellents résultats avec les sushis. C’est aussi un très bon vin d’apéro.

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La pratique des vins multi-cépages semble revenir à la mode en Alsace. En clin d’œil aux Gentils, il existe un Voyou dont j’ai parlé dans un billet précédent. Il y aussi la cuvée Trilogie de la maison Barmès Buecher, que je n’ai pas encore eu la chance de goûter, mais qui s’attire nombre de critiques élogieuses.

Bonnes dégustations et à la bonne vôtre !

Alain P.

P.S. La complantation n’est pas pratiquée qu’en Alsace, je vous ai déjà parlé d’un Champagne ici et d’autres régions et pays ont aussi travaillé de la même façon.


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