Le système
des appellations d’origine des vins européens est plus simple qu’il n’y paraît
au premier abord. Voici un petit guide de base pour s’y retrouver.
Contrairement
aux pays du nouveau monde qui présentent leurs vins par les cépages et une
désignation géographique plutôt générique, la France (comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal), a depuis fort
longtemps défini ses vins selon le lieu d’origine de la vigne. Celui-ci peut
correspondre à une vaste région, comme la Bourgogne, mais peut aussi être
extrêmement précis et limité à un village ou même quelques parcelles seulement.
L’arrivée
de la réglementation européenne a forcé certains changements, mais a aussi
permis un effort d’harmonisation qui ne peut être que bénéfique. Chaque pays a
néanmoins pu conserver sa propre dénomination pour permettre à leurs
consommateurs de garder leurs points de repère. Les appellations qui suivent
sont celles utilisées en France mais j’ai aussi inclus les acronymes
équivalents des pays voisins.
Commençons
par les AOC (Appellations d’Origine Contrôlée), les plus restrictives des
appellations françaises, pour qui le terme européen est Appellation d’Origine
Protégée (AOP). Donc pour les vins français, AOC ou AOP sont équivalentes, le
vigneron peut afficher l’une ou l’autre, à condition de respecter la norme
définie par l’INAO (aujourd’hui Institut national de l’origine et de la qualité
– anciennement Institut National des Appellations d'Origine). Cette norme
couvre beaucoup plus que l’emplacement de la culture de la vigne. Elle définit
également les cépages utilisés et leurs proportions, les méthodes de culture et
de taille des vignes, les rendements
maximaux (en hectolitres par hectare), le degré d’alcool (min et max), les
techniques de vinification et les durées d’élevage avant la commercialisation.
En Italie, Portugal ou Espagne, les équivalents sont les DOC, DOCG ou DO.
Les IGP
(Indication Géographique Protégée) sont des appellations géographiques dont le
cahier des charges est moins restrictif : la zone géographique est plus
large et il y a plus de latitude pour les
choix techniques de viticulture et de vinification. Depuis 2009 en France, ces
IGP ont remplacé la dénomination Vin de Pays (VDP) et leurs cahiers des charges
ont dû être adaptés pour correspondre aux normes européennes. En Italie, l’équivalent
est IGT et en Espagne, c’est VT.
Au dernier
niveau, on trouve les Vins de France qui regroupent les vins dont l’origine
géographique n’est pas spécifiée et qui sont définis via leurs cépages ou des
noms de marque.
En théorie,
les vins de meilleure qualité sont des AOC-AOP et ceux de qualité intermédiaire sont des IGP, mais en
pratique les choses sont un peu différentes.
La réalité
est que si les règles des AOC offrent une garantie que le vigneron n’a pas fait
n’importe quoi, il reste beaucoup de latitude pour faire des vins de qualités très
différentes. La gestion des cahiers des charges par des comités, qui recherchent
des consensus sur des questions techniques très pointues, est très lourde et peu
évolutive. Elle ne permet pas de suivre les évolutions des techniques de
viticulture et d’œnologie et plusieurs vignerons talentueux choisissent de
déclasser leurs vins en IGP ou même en Vin de France, par exemple pour utiliser
des cépages différents ou en proportions différentes (voir un exemple ici).
Au final,
le système des appellations est donc utile pour garantir aux consommateurs que
les vins qu’ils achètent respectent un minimum de normes, mais il est
insuffisant pour juger de la qualité des vins qu’ils achètent. Son plus gros
inconvénient – qui serait le plus simple à régler, mais les comités rendent l’évolution
très pénible – est qu’il interdit certaines mentions sur les étiquettes, par
exemple les cépages, une information pourtant jugée très utile par les clients.
Lire les
critiques, comme celles qu’on peut trouver sur les fiches du site Hippovino, demander
les conseils d’un sommelier ou déguster avant d’acheter restent donc les meilleures
méthodes pour choisir vos vins.
À la bonne
vôtre !
Alain P.
P.S. L’étiquette
des vins AOC peut présenter les vins de 2 façons différentes. Par exemple, pour
les vins de Bourgogne on peut écrire « Bourgogne, Appellation d’Origine
Contrôlée » ou bien « Appellation Bourgogne Contrôlée ».
Vous
pourrez trouver sur de vieilles bouteilles des appellations V.D.Q.S. (Vin
Délimités de Qualité Supérieure). Cette appellation intermédiaire a disparu dans
la transition européenne et ces vins sont devenus soit des AOC ou des IGP.
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