Personnellement,
tout le vin que j’achète est destiné à être bu. Si je vous parle
d’investissement aujourd’hui, c’est parce que plusieurs personnes m’ont
questionné à ce sujet récemment.
La valeur
extraordinaire atteinte par certaines bouteilles dans les ventes aux enchères
(par exemple les 13 320 euros pour un Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné 1961 dont nous avions parlé sur HippoVino Hebdo en juillet dernier) prouve qu’on peut revendre
de vieilles bouteilles avec profit. Le vin est-il donc un placement
intéressant?
Sur un article récent du site Internet français La Tribune, on lit que le marché des vins
de Bordeaux a offert un rendement annuel
de 5.3%. On y trouve même une promesse de rendement annuel net de 12% par un
promoteur de ce type d’investissement. Avant de boire ces paroles, prenez le temps de réfléchir un peu.
Toute
promesse d’investissement sûr avec un rendement garanti à 2 chiffres est hautement
suspecte, n’importe quel conseiller financier sérieux vous conseillera la
prudence.
Le
rendement du marché n’est pas un indicateur de revenu garanti. La bourse a beaucoup
progressé dans le dernier siècle, est-ce qu’un placement boursier est synonyme
de gain facile et sûr pour autant? Bien sûr que non, la bourse n’est pas simple
et le vin non plus.
Commençons
par régler le cas des vins qui se vendent une fortune, comme l’Hermitage La
Chapelle dont nous parlions plus tôt. Ces prix hors normes ne reflètent pas la
vraie valeur du vin, mais sont le fruit d’enchères passionnées qui dépassent la
raison. Oui, elles permettront aux autres bouteilles d’Hermitage La Chapelle de
se vendre un peu plus cher, mais si vous n’en avez pas déjà un millésime 1961 dans
votre cave, ne rêvez pas trop.
Pour que
les prix d’un vin augmentent vraiment, il ne suffit pas qu’il soit bon. Il doit
aussi, et je dirais même surtout, être rare. Il sera donc difficile à trouver
et soyez prudents, car les contrefaçons sont très répandues.
Ensuite,
même si vous avez mis la main sur quelques bouteilles prometteuses, n’oubliez pas de
prévoir que vous devrez faire face à des coûts pour le stockage et les
assurances tant que vous les conserverez. Et pour faire du profit, il faudra
les garder plusieurs années.
C’est
un marché moins liquide que le contenu des bouteilles, vendre n’est pas
toujours simple. Il est parfois difficile de trouver des acheteurs pour un cru
particulier, au prix espéré. Plusieurs de mes amis ont été très déçus des prix
obtenus par certaines de leurs bouteilles aux enchères. Sans compter que pour les
grandes bouteilles, il faut les faire expertiser (autres coûts à prévoir) et
que des facteurs hors de contrôle peuvent faire baisser le prix. Si le niveau de
votre précieuse bouteille a diminué, sa valeur va chuter.
Bien sûr, si
vous avez les moyens, rien ne vous empêche d’acquérir des bouteilles de grands
vins et d’en revendre plus tard. Mais je ne vous recommande pas de miser votre
retraite là-dessus. Nous ne prévoyons pas non plus indiquer les valeurs
potentielles des millésimes de chaque vin sur le site HippoVino. Le site
Wine-Searcher est un bon point de départ si vous recherchez cette information.
Mais vos
investissements dans le vin ont un avantage indéniable sur tous les autres
placements : vous pourrez toujours les boire ! Je dirais même que le
rendement en termes de plaisir réel est en général supérieur au rendement financier
potentiel.
À la bonne
vôtre !
Alain P.
[Mise à
jour 10-03-2017] P.S. Pour ceux qui ne me croient pas quand je dis qu’investir
dans le vin est aussi complexe qu’investir à la bourse, je vous conseille la
lecture de cet article qui a été publié après mon billet original : Fine wine investment: don’t bet on luck.
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