Quelle est
la méthode utilisée?
Replica
prétend faire affaire avec un laboratoire qui a analysé les profils aromatiques
de nombreux vins. Ce laboratoire crée ensuite des propositions de mélanges de
diverses cuvées de vins vendus en vrac achetés par Replica, chacune ayant un profil semblable
à celui d’un vin qu’on cherche à reproduire. Les échantillons de ces mélanges
sont ensuite dégustés par un sommelier qui décide quel assemblage sera utilisé
pour quelle cuvée. Replica produit ainsi 2 vins de chardonnay, 2 de pinot noir,
1 de cabernet sauvignon et 1 assemblage rouge (red blend).
Cette
méthode est-elle valide?
C’est
certainement mieux que les chimistes qui prétendent reproduire un vin à partir de quelques molécules chimiques synthétiques, car le produit final est un
véritable vin et la méthode d’assemblage est une technique connue et maîtrisée
pour contrôler le profil aromatique d’un vin. Par contre, disons que les 2000
vins analysés par le laboratoire de Replica ne m’impressionnent pas beaucoup,
n’importe quel laboratoire d’œnologie classique traite bien plus d’échantillons
chaque année. Ensuite on a peu de détails sur leur définition d’un profil de
vin en dehors du taux d’alcool et du ph. Certains composés aromatiques sont certes
bien connus et faciles à identifier, mais pas tous, comme le démontre bien le
débat sur la minéralité. De plus, les vins en contiennent plusieurs centaines
et la composition d’un vin change avec le temps. C’est toute l’idée du
vieillissement et c’est tellement complexe que différentes bouteilles de la
même cuvée peuvent évoluer différemment. Bref, le seul profil chimique du labo
ne peut pas prétendre identifier un vin avec une précision absolue. La
dégustation finale par le sommelier peut en partie compenser ce handicap, mais
je serais surpris que ça marche pour autre chose que des vins très
technologiques au profil aromatique bien simple. Par exemple, il est certain
qu’il est plus facile de reproduire un vin au boisé tellement marqué qu’il
écrase les autres saveurs, mais pour des cuvées de moyen ou haut de gamme…
Quels sont
les résultats obtenus?
Pour vous
en faire une idée, vous pouvez consulter ce vidéo de CBS News (merci à
Catherine @catesake pour me l’avoir gentiment signalé), ou ces articles de Wine Enthusiast ou Wine Searcher. Au final, on remarque donc que la majorité des
dégustateurs, même les non professionnels, ont vu de nettes différences entre
l’original et le Replica correspondant. Plusieurs préfèrent aussi l’original
mais dans certains cas, c’est l’inverse (pas vraiment surprenant car les notes
de dégustation indiquent des profils carrément racoleurs) mais on trouve surtout
des gens séduits par l’idée d’un vin moins cher.
Conclusion?
Au final,
la notion de copie conforme d’un grand vin est un truc de marketing plus qu’une
réalité. Une telle copie est possible pour un parfum, dont la composition est
faite de quelques ingrédients et donc facilement reproductible. Ce n’est pas le
cas pour un vin, où on doit se contenter de produire un vin du même style que l’original.
Pour des cuvées d’épicerie de bas de gamme, on peut sûrement être plus proche,
mais cela n’a aucun intérêt. Reproduire des cuvées au profil aromatique sophistiqué
à partir de vins de base bon marché est un pur fantasme. Pour faire de grands
vins, il faut partir de raisins cultivés avec soin et la vinification doit
également être travaillée tout aussi soigneusement. Il y a des coûts réels associés
à tout ce travail. Sans parler de la notion de terroir.
Dans le cas
des vins copiés par Replica, il faut admettre que ce sont des vins "technologiques"
au style nouveau monde bien assumé. On trouve de tels vins à différents niveaux
de prix, mais les cuvées haut de gamme ont des qualités qu’on ne trouve pas dans
les bouteilles à moitié prix.
Si vous
voulez un exemple de vin du nouveau monde de 50$ très difficile à copier,
prenez par exemple le Peter Franus Mount Veeder Brandlin Vineyard Zinfandel,
dont on vous avait parlé dans notre billet «Trois grands rouges à offrir en cadeau ».
Par contre,
on peut avoir beaucoup de plaisir avec des vins vendus à prix abordables, on
vous en recommande d’ailleurs chaque semaine sur HippoVino Hebdo ou ici-même sur le blogue HippoVino. Pas besoin de chercher des copies alors qu’on peut découvrir plein de
belles cuvées originales !
À la bonne
vôtre !
Alain P.
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