mardi 8 juillet 2014

Le commerce du vin au Québec expliqué aux Français qui arrivent - Partie 1

[Mise à jour : 18-07-2017] Les Français, comme beaucoup d’européens qui découvrent le Québec, sont souvent un peu désorientés vis-à-vis du commerce de vin ici. En France, la vie est simple, tout commerce ou presque peut vendre du vin et il n’y a pas de taxe pour les consommateurs (les producteurs vous diront qu’ils ont déjà payé leur lot de cotisations diverses mais c’est une autre histoire).

Au Québec par contre, la vente des vins et spiritueux est un monopole d’état et la facture est plus lourde, notamment parce que 4 taxes doivent être ajoutées avant que vous ne puissiez vous rafraîchir le gosier. Comme toute activité hautement réglementée, rien n’est simple dans le commerce du vin dans la Belle Province. Essayons d’y voir un peu plus clair.

La vente au détail – les épiceries

En France, la grande majorité des vins sont vendus aux particuliers dans les supermarchés, hypermarchés ou tout autre format d’épicerie. Au Québec on trouve également quelques vins dans les épiceries ou dépanneurs, mais ils sont déroutants pour les européens qui n’y retrouvent aucune bouteille un tant soit peu familière.  

C’est que les épiceries ne peuvent commercialiser que des vins embouteillés ici, dont les étiquettes ne peuvent mentionner ni producteurs ou appellations d’origine (sauf pour quelques exceptions faisant l’objet d’appels d’offres spécifiques). Il s’agit donc de vin importé en vrac, embouteillé ici, vendu sous une marque sans signification et doté d’une étiquette essayant d’évoquer un vin connu sans transgresser les règles. Précisons que ces importations passent néanmoins par notre monopole d’état qui ajoute sa majoration de prix dans le processus.


Pour une raison mystérieuse liée à une législation datant de 1978, les vins produits au Québec (et donc forcément embouteillés ici), n’ont pu être vendu en épicerie pendant plusieurs années, mais ceci a été corrigé après la version originale de ce billet. On en a parlé ici : Les vins du Québec en épicerie. Les épiceries vendent les bières canadiennes, québécoises, certaines bières importées et les cidres à 7% d'alcool ou moins.

La vente au détail – la SAQ

La Société des Alcools du Québec (SAQ) est la société d’état qui détient le monopole de l’importation et du commerce des boissons alcooliques. Elle a un actionnaire unique, le ministère des Finances du Québec. La SAQ dispose d’un réseau d’environ 400 succursales réparties dans tout le Québec et opérant sous différentes bannières. 268 sont des SAQ « classiques » (les magasins de base), 92 sont des SAQ Sélection (avec davantage de vins haut de gamme). Il y a aussi 29 SAQ Express (petits magasins ouverts tous les soirs jusqu’à 22h) et 10 SAQ Dépôt (magasin de type entrepôt avec un choix plus restreint mais offrant un rabais pour des achats de plus de 6 ou 12 bouteilles). Ajoutons qu’il existe 2 SAQ Signature pour les vins et alcools de très haut de gamme. La SAQ vend également du vin en ligne (seulement au Québec) via son site Web www.saq.com.

Dans les SAQ vous pourrez trouver un choix intéressant parmi plus de 8500 références importées dont plus de 6000 vins rouges, 2200 blancs et 167 rosés. Près de la moitié sont des vins français, mais il existe un bon choix en provenance d’Italie (1400), des États-Unis (780), d’Espagne (650), sans oublier l’Australie, l’Argentine, le Portugal, etc. (36 pays au total).

Bien entendu, chaque magasin contient seulement une partie de tous ces vins, mais si vous allez dans une SAQ Sélection, vous serez probablement impressionnés par l’offre. Celle-ci comporte des vins de grands producteurs ou négociants vendus en France en grande distribution, ainsi que des vins de plus petits producteurs disponibles chez les cavistes de l’hexagone.

La grande différence avec la France est dans le prix. Il n’existe pas de vin à moins de 6 $ et seulement 117 choix – en date du 27 févirer 2017  – pour une bouteille de vin de 750 ml à moins de 10 $. Pour avoir un choix sérieux, vous devrez débourser entre 15 $ et 30 $. Selon l’analyse faite par Marc André Gagnon du site VinQuébec à partir du rapport annuel de la SAQ, un vin vendu 16.20 $ a été acheté 5.44 $ (incluant le prix payé au producteur et les frais de transport) et fait l’objet de 3.42 $ de taxes diverses. La différence de 7.44 $ représente les frais d’opération de la SAQ (distribution, magasins, personnel, marketing) plus le dividende versé au Gouvernement du Québec (1 milliard de $ l’an dernier).

Le site web www.saq.com vous permet de consulter l’ensemble des choix offerts – les chiffres cités plus hauts  y ont d’ailleurs été obtenus – et dispose de fonctions pour consulter les stocks ou pour voir quels vins sont disponibles dans une succursale donnée. Pour faire les meilleurs choix, consultez le site HippoVino, notre blogue ou les médias vins québécois. Sur le site HippoVino, chaque fiche de vin contient des liens vers les critiques, vers le site du producteur et vers le site saq.com. 

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La semaine prochaine nous approfondirons le même sujet en analysant la vente de vin dans les restaurants du Québec.

À votre santé !

Alain P.



Trop chers, les vins d’épicerie? (Jean Aubry – Le Devoir)

Vin: la majoration de la SAQ est de 135 % (Marc André Gagnon – Vin Québec)






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