La semaine
dernière nous avons essayé d’expliquer la vente des vins au détail dans notre
Belle Province avec le billet : Le commerce du vin au Québec expliqué auxFrançais qui arrivent - Partie 1. Voyons maintenant comment se passent les
choses dans les restaurants.
Là encore,
rien n’est simple. Si la bureaucratie française est douée pour compliquer la
vie des producteurs, la nôtre est tout aussi alambiquée vis-à-vis des
restaurateurs.
Les
restaurants « licenciés »
Pour
pouvoir vendre du vin à leurs clients, les restaurants du Québec doivent « investir
» dans un permis de vente d’alcool. Celui-ci n’est pas seulement couteux, il
vient aussi avec son lot de tracasseries administratives. Il existe donc de
nombreux restaurants sans permis où vous ne pourrez pas commander apéro, vin ou
bière avec votre repas. Dans le jargon local, les établissements qui ont un
permis sont appelés restaurants « licenciés ».
Si les
endroits sans permis sont surtout ceux spécialisés dans le casse-croûte rapide –
oui, j’essaie de contourner l’expression fast-food – il est néanmoins préférable de vous informer
lors de votre réservation. En effet, il existe une autre catégorie de restaurant,
totalement inexistante dans les contrées européennes.
Les
restaurants « Apportez votre vin »
Pour contourner
les difficultés liées au permis d’alcool, certains établissements permettaient
à leur clientèle d’amener leurs propres bouteilles. Nos chers fonctionnaires y ont
décelé une tentative de détournement de leurs prérogatives et ont interdit cette
pratique, sauf pour les restaurants… qui acceptent de payer pour un permis de
service de vin.
Les clients
de ces restaurants peuvent donc apporter leur propre bouteille et la consommer
sur place. Le serveur débouchera votre bouteille et effectuera le service, en général sans
frais additionnel.
Certains
consommateurs sont séduits par la formule, car ils jugent que les restaurants
licenciés vendent les vins à un prix excessif. Notons cependant que les
restaurants « Apportez votre vin » facturent leurs plats à un prix plus élevé
que les autres, pour compenser l’absence de revenus liés aux ventes d’alcool. De
plus, vous devrez faire votre choix de vin avant d’entrer, ce qui rendra plutôt
vague la notion d’accord mets-vin.
Précisons
aussi que le permis de servir n’est pas valable pour toutes les boissons. Vous
pouvez amener vin, bière, ou cooler (en quantité raisonnable, dit la loi) mais
pas de scotch ou autre spiritueux.
Les
restaurants sans alcool
Rappelons
qu’il est impossible de consommer une boisson alcoolisée quelconque dans les
restaurants qui n’ont pas de permis de vente ou de service d’alcool.
Les détails
qui compliquent les choses
Les permis
de vente d’alcool sont spécifiques au contexte de service. La plupart des
restaurants ne peuvent vendre de vin – ou toute autre boisson alcoolisée – qu’en
accompagnement de nourriture. Il est donc impossible d’y passer seulement pour
un apéro, à moins de commander un plat en même temps. Beaucoup de restaurants
offrent donc des assiettes de charcuteries, légumes ou fromages destinées à cet
usage.
Certains
restaurants, notamment ceux qui veulent faire office de bars à vins, disposent
de « permis de bar » qui permettent de commander seulement un verre de vin. Quand
je disais rien n’est simple : cette possibilité est parfois limitée à une
partie de l’établissement, par exemple pour les clients installés au bar et sur
la terrasse.
Ne soyez
pas choqués si ces restrictions vous sont imposées et il ne sert absolument à
rien de vous fâcher avec le serveur ou le propriétaire. Ils ne sont en rien
responsables des complexités de la législation et doivent vivre avec. De plus,
les contrôles sont très fréquents et les amendes particulièrement salées. Les
lois sont donc appliquées avec une rigueur qui pourra vous paraître extrême,
mais c’est ainsi.
Pour finir,
précisons que les restaurateurs doivent également s’approvisionner via la SAQ,
tout comme les particuliers. Plusieurs utilisent le principe des « importations
privées » qui fera l’objet d’un billet explicatif dans les prochaines semaines. D'ici là, nous continuerons nos explications pour nos amis français mardi prochain, en
explorant les transports de vins par des particuliers.
À votre
santé !
Alain P.
P.S. Voici
deux articles qui recommandent des restaurants apportez votre vin à Montréal,
un dans le magazine Châtelaine et celui écrit par la blogueuse foodie Eve Martel. Oui,
le Quartier général est excellent, mais attention, il faut réserver à l’avance. Et pour une liste complète ou presque de tous ces restaurants : www.apportezvotrevin.com
P.S. bis
Merci à Caroline Décoste qui nous a précisé que la loi a été amendée pour
permettre d’apporter de la bière dans un restaurant Apportez votre vin. Correction effectuée.
<<
Article précédent – Espagne : aussi des vins blancs
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