[Mise à jour 04-08-2019] Pour les
vins de l’ancien monde, beaucoup d’amateurs font leurs choix en se basant sur
les appellations, les AOC/AOP pour la France, DO/DOC pour l’Espagne, DOC/DOCG
pour l’Italie. Pour les non-initiés, une AOC est une Appellation d’Origine Contrôlée
et, pour pouvoir afficher ce sigle sur son étiquette, le vin doit non seulement
provenir d’une région bien précise, mais aussi répondre à un cahier de charges
très strict. Les choix de cépages, leur pourcentage, de nombreux paramètres de
culture de la vigne (densité des plants, type de taille, rendement maximal, etc.)
et de techniques de vinification sont spécifiés et contrôlés par un organisme
indépendant. Le but est de garantir des vins de qualité qui correspondent à une
tradition viticole régionale donnée.
Il existe
aussi les IGP, Indications Géographiques Protégées, qu’on appelait autrefois Vins
de pays. Celles-ci vous garantissent aussi une provenance géographique précise et
l’adhérence à un cahier de charges de base qui laisse plus de liberté aux
vignerons. Certaines appellations contrôlées sont plus recherchées que d’autres,
mais elles offrent une aura de prestige permettant en général de vendre les
vins AOC plus chers que ceux classés en IGP.
Avec le
temps, tout évolue, y compris les façons de faire le vin. Par contre, changer le
cahier des charges d’une appellation donnée est très difficile et surtout très
lent, car il faut obtenir un consensus entre nombre de fortes personnalités,
aux intérêts souvent divergents. C’est pourquoi il n’est pas rare de trouver,
dans les nouvelles générations, des vignerons qui choisissent de travailler
selon leur vision et de s’affranchir des règles des AOC.
Certains
réussissent d’ailleurs très bien. C’est le cas de Peter Fischer, un vigneron d’origine
allemande, formé en Californie, propriétaire depuis 1985 du domaine Revelette,
près d’Aix-en-Provence. Précisons que le domaine est en culture biologique et
que ses techniques de vinification visent à minimiser les artifices œnologiques,
dans la mesure du possible dit son site Web, donc sans tomber dans les pièges
idéologiques.
Son Grand Rouge Revelette est un authentique grand vin, même s’il est vendu sous l’appellation
IGP Bouches-du-Rhône. Il est produit avec les cépages Syrah, Cabernet-Sauvignon
et Grenache. Les proportions des différents cépages ont évolué au fil du temps suivant
la vision de Peter Fischer, mais elles obligent maintenant au déclassement en
IGP, car l’AOC Coteaux d’Aix-en-Provence exige une dominance de Grenache.
Le résultat
donne un rouge costaud, puissant même, qui a été salué par nombre de critiques
exigeants, dont Alain Lebel, le guide Gault & Millau ou Jacques Benoit, qui
le qualifie de magnifique vin, avec «un style un peu carré qui rappelle
certains Châteauneufs-du-Pape.»
On peut le
boire assez jeune, à condition de l’aérer sérieusement pour arrondir ses tanins, ou le
laisser vieillir en cave longuement, comme en fait foi la dégustation racontée dans le blogue La Pinardothek : le millésime 1995 tenait encore très bien
la route en avril 2014.
Si vous
trouvez le Grand Rouge un peu cher pour votre budget – il vaut pleinement son
prix, mais il est toujours sage de contrôler nos dépenses – vous pouvez goûter
au savoir-faire de Peter Fischer avec le Château Revelette, un rouge fait de 50% Grenache, 30% Syrah et 20% Cabernet Sauvignon. Ceci lui permet de s’étiqueter Coteaux
d’Aix-en-Provence (AOC), mais c’est surtout un très beau vin rouge aux saveurs
de fruits et de garrigue. On peut le boire jeune et il sera un merveilleux
compagnon pour un gigot d’agneau aux herbes de Provence.
À votre
santé !
Alain P.
Liens
Fiche du Grand Rouge de Revelette sur HippoVino (Hipponote 3.5* $$$$ SAQ : 42 $)
Type de production : bio
Type de production : bio
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