Notre
billet précédent «Vins du Québec, un avenir prometteur – Partie 1 » a permis de
mieux comprendre le vignoble québécois et sa production. Aujourd’hui nous
allons compléter le portrait en parlant commercialisation. Comme nous l’avions déjà
mentionné, l’œnotourisme est le principal canal pour la plupart des vignobles d’ici
qui vendent la grande majorité de la production à la propriété. Mais pour se
développer au-delà du mode artisanal, il faut aller plus loin.
Comparaison
SAQ et LCBO
Les
représentants de l’industrie et les médias ont longtemps souligné la très
faible présence de nos vins locaux sur les tablettes de notre monopole d’état,
surtout en comparaison des autres provinces canadiennes. Un exemple d’article
sur le sujet : Quelle place pour les vins québécois?
Selon cet
article les vins ontariens représentent 40 % des ventes de la LCBO contre moins
de 1 % pour ceux du Québec à la SAQ. La comparaison est trompeuse car les
grosses ventes sont les vins embouteillés au Canada, dont jusqu’à 75% du
contenu est importé. Voir à ce sujet les fiches Wikipedia [Canadian wine] et
[Cellared in Canada]. Ces vins ressemblent en fait à ce qu’on appelle ici les «
vins d’épicerie » dont nous avons parlé dans le billet : Le commerce du vin au Québec expliqué aux Français qui arrivent.
En réalité,
les vins 100% canadiens certifiés VQA (Vintners Quality Alliance) représentent
seulement 2.5% du catalogue de la LCBO, un chiffre très différent du précédent.
Source saq.com |
Nette
évolution à la SAQ
Depuis
quelques mois et suite à une demande gouvernementale, la SAQ a décidé de faire
la promotion des vins du Québec avec notamment le programme Origine Québec. La page Web Origine Québec est d’ailleurs très bien réalisée avec notamment les
listes des vins primés dans des concours internationaux, des capsules sur les
différents types de produits et sur le programme des vins certifiés
(équivalents aux VQA canadiens). Le résultat a été immédiat et les ventes ont augmenté de plus de 40% selon Radio-Canada. Bon progrès, mais où en est-on dans
l’offre?
En date du
19 août 2014, il y avait 11 753 produits sur le site de la SAQ dont 372 (3.2%)
font partie du programme Origine Québec.
La majorité
des produits québécois sont 153 cidres qui représentent 41% de l’offre de boissons
d’ici. La SAQ offre 76 vins tranquilles (excluant cidres, vins mutés, vins de
dessert, vins effervescents) provenant du Québec, soit un peu moins de 1% des
8720 vins offerts au total.
Quelques
défis en vue
On peut bien
sûr trouver que 76 vins sur 8700, c’est encore peu. C’est que la croissance des
ventes de vins québécois à la SAQ met en évidence les défis de nos producteurs,
comme l’a bien montré David Pelletier dans son billet : Ils étaient quatre.
On avait vu
dans notre article précédent que les vignobles québécois sont petits en
comparaison de leurs homologues canadiens. Ils peinent donc à produire les
quantités requises pour répondre aux besoins d’un grand détaillant comme la
SAQ.
Un autre défi
concerne la qualité. La SAQ souhaite commercialiser des vins répondant à des
standards de base bien établis et préfère donc les vins qui respectent les
normes du programme Vins du Québec certifiés. Certains vignerons refusent ce
programme, tout comme ils refusent d’adhérer à l’AVQ. Notons que le programme
de certification est accessible à tous les producteurs, membres de l’AVQ ou
non, et que les contrôles sont effectués par un organisme indépendant.
Il y a de
mauvaises façons de résoudre ces problèmes. Augmenter le rendement des vignes au-delà
de certains seuils affecte la qualité des vins produits, ce n’est donc pas
souhaitable comme l’indique David. Produire des vins équivalents au « Cellared
in Canada » ontariens en ajoutant des moûts de vins étrangers, serait encore
pire.
Un avenir
prometteur
Personne n’a
d’intérêt dans les mauvais choix cités plus haut, ni la SAQ, ni les
producteurs. Donc, même si des difficultés sont à prévoir, plusieurs raisons
nous incitent à l’optimisme pour les vins du Québec.
Les
changements climatiques entraîneront un adoucissement des températures qui sera
favorable pour nos vignerons. Peut-être même pourront-ils bientôt cultiver
davantage de cépages internationaux.
La question
des quantités requises pour un grand réseau de distribution n’est pas unique au
vin et a été résolue pour les autres producteurs alimentaires québécois. Les
grands détaillants se sont dotés de programmes pour faciliter l’accès aux
petits producteurs, comme l’explique cet article du journal La Presse : Quand
les supermarchés courtisent les producteurs locaux. Si Walmart l’a fait, la SAQ
peut aussi le faire, c’est simple : tout le monde ne doit pas vendre
partout.
En plus la
croissance des grands vignobles sera propice à la création d’un marché de
raisin ou de vrac qui permettra à de petits vignerons de tirer leur épingle du
jeu sans avoir à négocier avec la SAQ.
Comme ils
doivent vendre à la SAQ moins cher qu’à la propriété, certains vignerons se
plaignaient de la baisse de leur marge de profit. Le Gouvernement du Québec a
accepté de les aider en versant 2 $ supplémentaires par bouteille pour les
ventes au monopole d’état. Un autre obstacle de réglé.
Bien sûr,
les vignerons vont aussi devoir faire leur part, tout d’abord en investissant
dans leur vignoble. L’accès à un canal de distribution comme la SAQ leur
facilitera grandement la recherche de financement. Ils devront aussi accepter de
suivre les normes de qualité de l’industrie et s’ils décident de se grouper au
lieu de se déchirer, tous seront plus forts.
En même
temps certains feront le choix de rester des artisans qui vendent à la
propriété et c’est très bien ainsi. S’ils font de vrais bons vins, ils ne
manqueront jamais de clients.
Les
évènements
Un autre
canal de vente intéressant pour les vignerons québécois est celui des nombreux événements
et salons de vins à travers la province.
Source www.fetedesvendanges.com |
Le prochain
est la Fête des vendanges Magog-Orford dont l’édition 2014 aura lieu les 30, 31
août, 1er, 6 et 7 septembre. Vous pourrez y déguster plus de 350
vins, cidres et spiritueux de 49 producteurs. C’est donc une excellente façon
de faire un tour d’horizon rapide des vins québécois et de découvrir en même
temps d’excellents produits de notre terroir. Visitez leur site pour en savoir
plus !
Pour des
idées d’accords mets-vins originaux avec des vins du Québec, notre article «Rencontre avec Albane Cannaferina : les accords mets-vins de La Cabane 2014.»
À la santé
de tous les producteurs du Québec et à la vôtre !
Alain P.
Liens
Canadian wine (Wikipedia)
Cellared in Canada (Wikipedia)
La page Web Origine Québec (site SAQ)
Ils étaient quatre. (David Pelletier, blogue Le Sommelier Fou)
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