mardi 19 août 2014

Vins du Québec, un avenir prometteur – partie 1

Un peu d’histoire

On dit souvent que la viticulture est très récente au Québec, pourtant, selon Wikipedia, les Sulpiciens de Montréal cultivaient en 1731 trois arpents de vigne pour produire leur vin de messe. Évidemment, les religieux se sont vite rendu compte que les vignes européennes ne survivaient pas dans notre climat froid et la Nouvelle France est passée en mode importation. Selon le même article on y éclusa plus de 775 000 flacons de vin en 1739, soit 32 litres par adulte, on avait très soif à cette époque !

C’est dans les années 1980 que la culture de la vigne a véritablement redémarré au Québec et je tiens à saluer ici le vignoble l’Orpailleur, qui a joué un rôle de pionnier tout à fait remarquable, comme en atteste son historique que vous pouvez lire ici.

Depuis cette époque, le vignoble québécois s’est beaucoup développé et notre ministère de l’agriculture (MAPAQ) a recensé plus de 200 vignobles. 70 d’entre eux sont regroupés dans l’AVQ (Association des vignerons du Québec), ils cultivent 42 cépages différents et produisent 2 millions de bouteilles.

Source saq.com

Quelques chiffres pour comparer

Si en Europe on cultive commercialement le vin depuis l’antiquité, les premiers établissements viticoles remontent seulement à la moitié du 19e siècle en Ontario.

Au Canada, on exploite environ 11 000 hectares de vigne pour produire du vin, dont 6 500 en Ontario, 4 000 en Colombie-Britannique et un peu plus de 500 au Québec. En France, la plus grande région viticole est le Languedoc-Roussillon et ses 310 000 hectares, et la plus petite est la Corse avec 1 900 ha.

La liste du site Wines of Canada recense 249 vignobles ontariens et selon Wines of British Columbia on compte 273 wineries en Colombie-Britannique. Si on compare les superficies exploitées, même en réduisant la liste du Québec aux 70 de l’AVQ, on voit tout de suite que nos vignobles, avec une superficie moyenne de 7 ha, sont de petits joueurs sur l’échiquier canadien. Leur production est tout aussi petite et souvent entièrement vendue à la propriété et à quelques restaurants des environs. L’œnotourisme québécois est d’ailleurs bien développé et bien supporté par les organismes gouvernementaux et régionaux.

Qualité et goût des consommateurs

Les vins d’ici ont eu longtemps mauvaise presse. Il faut dire que les débuts ont été cahoteux, les vignerons québécois devaient apprivoiser les techniques pour faire mûrir des raisins sains dans un climat peu propice. En plus, ils ont dû utiliser des cépages hybrides, plus résistants au froid mais nouveaux; plusieurs expériences ont donc été nécessaires avant de découvrir comment les vinifier pour obtenir les meilleurs résultats. Enfin, les vins produits ici sont et seront toujours des vins de climat frais, donc plus légers et plus acides que ceux produits dans les climats chauds. Ils seront donc moins appréciés par les consommateurs de type nouveau monde, qui privilégient les vins californiens, argentins ou australiens et qui se fient beaucoup aux cépages pour guider leur choix.

En comparaison les vignes d’Ontario et de Colombie-Britannique poussent dans des régions au climat nettement plus favorable, d’ailleurs on y fait aussi pousser des fruits comme les pêches ou les prunes qui n’ont aucune chance de survivre au Québec. Les viticulteurs peuvent donc y utiliser les cépages internationaux connus de tous, faire mûrir les raisins adéquatement et produire des vins qui se comparent aux grands vignobles de la planète.

Personnellement, j’ai assez rapidement adopté quelques vins blancs québécois qui, sans être de grands crus, me paraissent tout à fait corrects. Par contre, pendant longtemps les rouges d’ici ne m’ont arraché que des grimaces. Mais j’ai changé d’avis dernièrement, on commence à produire des vins rouges acceptables au Québec, en même temps qu’on note une hausse générale de la qualité. Enfin, il ne faut pas oublier les vins et les cidres de glace, qui sont tout à fait excellents et se comparent aux grands crus européens en termes de vins doux comme nous l’avions écrit dans ce billet : Canada, pays de vin de glace.

On peut donc dire que les vins québécois progressent bien au niveau œnologique et, comme nous le verrons dans notre prochain billet, aussi au niveau commercial.

À votre santé !

Alain P.

Liens

Viticulture au Canada (sur Wikipedia)
La viticulture au Canada (sur Presseraisin.com)

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