Un peu d’histoire
On dit
souvent que la viticulture est très récente au Québec, pourtant, selon Wikipedia, les Sulpiciens de Montréal cultivaient en 1731 trois arpents de
vigne pour produire leur vin de messe. Évidemment, les religieux se sont vite
rendu compte que les vignes européennes ne survivaient pas dans notre climat
froid et la Nouvelle France est passée en mode importation. Selon le même
article on y éclusa plus de 775 000 flacons de vin en 1739, soit 32 litres par
adulte, on avait très soif à cette époque !
C’est dans
les années 1980 que la culture de la vigne a véritablement redémarré au Québec
et je tiens à saluer ici le vignoble l’Orpailleur, qui a joué un rôle de pionnier
tout à fait remarquable, comme en atteste son historique que vous pouvez lire ici.
Depuis
cette époque, le vignoble québécois s’est beaucoup développé et notre ministère
de l’agriculture (MAPAQ) a recensé plus de 200 vignobles. 70 d’entre eux sont
regroupés dans l’AVQ (Association des vignerons du Québec), ils cultivent 42
cépages différents et produisent 2 millions de bouteilles.
Source saq.com |
Quelques
chiffres pour comparer
Si en
Europe on cultive commercialement le vin depuis l’antiquité, les premiers
établissements viticoles remontent seulement à la moitié du 19e siècle en Ontario.
Au Canada,
on exploite environ 11 000 hectares de vigne pour produire du vin, dont 6 500 en
Ontario, 4 000 en Colombie-Britannique et un peu plus de 500 au Québec. En France,
la plus grande région viticole est le Languedoc-Roussillon et ses 310 000 hectares,
et la plus petite est la Corse avec 1 900 ha.
La liste du site Wines of Canada recense 249 vignobles ontariens et selon Wines of British Columbia on compte 273 wineries en Colombie-Britannique. Si on compare les
superficies exploitées, même en réduisant la liste du Québec aux 70 de l’AVQ,
on voit tout de suite que nos vignobles, avec une superficie moyenne de 7 ha,
sont de petits joueurs sur l’échiquier canadien. Leur production est tout aussi
petite et souvent entièrement vendue à la propriété et à quelques restaurants
des environs. L’œnotourisme québécois est d’ailleurs bien développé et bien
supporté par les organismes gouvernementaux et régionaux.
Qualité et
goût des consommateurs
Les vins d’ici
ont eu longtemps mauvaise presse. Il faut dire que les débuts ont été cahoteux,
les vignerons québécois devaient apprivoiser les techniques pour faire mûrir des
raisins sains dans un climat peu propice. En plus, ils ont dû utiliser des
cépages hybrides, plus résistants au froid mais nouveaux; plusieurs expériences
ont donc été nécessaires avant de découvrir comment les vinifier pour obtenir
les meilleurs résultats. Enfin, les vins produits ici sont et seront toujours
des vins de climat frais, donc plus légers et plus acides que ceux produits
dans les climats chauds. Ils seront donc moins appréciés par les consommateurs de
type nouveau monde, qui privilégient les vins californiens, argentins ou
australiens et qui se fient beaucoup aux cépages pour guider leur choix.
En comparaison
les vignes d’Ontario et de Colombie-Britannique poussent dans des régions au
climat nettement plus favorable, d’ailleurs on y fait aussi pousser des fruits
comme les pêches ou les prunes qui n’ont aucune chance de survivre au Québec. Les
viticulteurs peuvent donc y utiliser les cépages internationaux connus de tous,
faire mûrir les raisins adéquatement et produire des vins qui se comparent aux
grands vignobles de la planète.
Personnellement,
j’ai assez rapidement adopté quelques vins blancs québécois qui, sans être de
grands crus, me paraissent tout à fait corrects. Par contre, pendant longtemps
les rouges d’ici ne m’ont arraché que des grimaces. Mais j’ai changé d’avis
dernièrement, on commence à produire des vins rouges acceptables au Québec, en
même temps qu’on note une hausse générale de la qualité. Enfin, il ne faut pas
oublier les vins et les cidres de glace, qui sont tout à fait excellents et se
comparent aux grands crus européens en termes de vins doux comme nous l’avions écrit
dans ce billet : Canada, pays de vin de glace.
On peut donc
dire que les vins québécois progressent bien au niveau œnologique et, comme
nous le verrons dans notre prochain billet, aussi au niveau commercial.
À votre
santé !
Alain P.
Liens
Viticulture au Canada (sur Wikipedia)
La viticulture au Canada (sur Presseraisin.com)
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