[Mise à jour 31-01-2017] Les billets
de la semaine dernière sur les vins en agriculture biologique et en biodynamie
ont généré plusieurs questions, notamment sur leur nombre et aussi sur l’autre
viticulture, celle qui n’est pas bio.
Q1. En premier
lieu, on nous demande beaucoup quelle place occupe les vins bios dans le monde
du vin en général.
En France,
à la fin 2012 le vignoble bio ou en conversion bio représentait environ 8% de
la superficie totale pour un pourcentage des ventes d’environ 10% (logique, les
vins bios étant un peu plus chers comme nous l’avions expliqué dans notre billet de vendredi dernier). Au même moment on note que la surface de vignoble
certifiée bio dépasse celle en conversion. La France, l’Espagne et l’Italie sont
les 3 pays les plus avancés en viticulture biologique et représentent les 3/4 du
vignoble bio mondial. On estimait fin 2010 qu’environ 3% de la superficie viticole
mondiale est en mode bio ou en conversion.
Au Québec,
le site Web de la SAQ affiche une offre d’environ 240 vins bios sur un total de
plus de 8600, donc environ 2.8%. Sachant que les vins étiquetés bio à la SAQ sont
certifiés et non en conversion, il semble que l’offre bio de la SAQ soit un
peu inférieure à la disponibilité de vins certifiés bio. Par contre, cette offre
est en forte croissance depuis un an, l’écart risque donc d’être rattrapé sous
peu.
Q2. Si
seulement quelques pour cent des vins sont bios, est-ce que cela signifie que
la vaste majorité des vins est produite en culture industrielle intensive?
Non,
beaucoup de vins de qualité sont produits à partir de vignes en culture raisonnée. C’est-à-dire que les viticulteurs utilisent parfois des produits de
synthèse, mais que plutôt que de faire des traitements massifs, ils dosent avec
précision et se limitent aux zones qui ont besoin de traitements particuliers
ou qui sont attaquées par un champignon ou une maladie.
Il faut
aussi comprendre que le bio est plus simple dans les climats chauds et secs.
Dans certaines régions humides, la lutte contre les ennemis des vignes
nécessite des traitements efficaces plus longtemps. En bio, on utilise du sulfate de
cuivre mais son utilisation à répétition peut entraîner une accumulation de
cuivre dans le sol, ce qui est nuisible. Dans ces conditions, il est plus
bénéfique pour l’environnement d’utiliser, à petites doses, des produits qui ne
provoquent pas ce genre d’effet d’accumulation.
La culture
industrielle est plus souvent utilisée pour la production des vins destinés au
marché du vrac (par exemple ceux qui seront embouteillés pour être vendus dans
les épiceries au Québec). Il faut dire que le bas prix payé aux producteurs pour
ce type de vin implique nécessairement une recherche du moindre coût d’opération
et d’un meilleur rendement.
En France, on
s’en rapproche avec le label Terra Vitis. Mais le reproche que les adeptes du
bio font à ces techniques est que, dans sa définition même, ce type d’approche laisse
une importante marge de manœuvre au viticulteur. Cependant, il ne faut pas
oublier que c’est justement lui qui est le plus exposé aux effets dangereux des
pesticides ou autres produits chimiques. Il est donc dans son intérêt de
limiter les traitements au maximum.
Un des
excellents vignerons qui défend cette approche est Hervé Bizeul, du domaine
Clos des fées, dans le Roussillon. Je vous invite à lire ce texte sur son
blogue pour mieux comprendre comment travaille un vigneron responsable : Obligation de résultat - Parlons pesticides. En
plus, son approche de la vérification des résultats via des analyses de
laboratoire est particulièrement intéressante et devrait inspirer une grande
confiance aux acheteurs de ses vins.
Si l’approche
vous convient, je vous invite à essayer sa cuvée Les Sorcières du Clos des Fées. Ce mélange de jeunes vignes de Syrah et de vieilles vignes de Grenache et
de Carignan est un vrai vin de terroir avec des différences notables d’un
millésime à l’autre, mais il est toujours bon comme le souligne Vincent Alary
dans son blogue Bu du Québec. Le millésime récent a été salué en France par le
guide Gault&Millau.
À votre
santé !
Alain P.
Liens
Le vignoble
bio mondial – Dans le document : L’Agriculture biologique dans le monde (pdf)
Le blogue d’Hervé
Bizeul : Obligation de résultat - Parlons pesticides
Fiche du vin Les Sorcières du Clos des Fées sur Hippovino (Hipponote 3* – $$ – SAQ 19.40 $) avec liens vers les critiques et les sites du producteur, de l'agence et de la SAQ.
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