mardi 4 février 2014

La viticulture raisonnée – questions et réponses

[Mise à jour 31-01-2017] Les billets de la semaine dernière sur les vins en agriculture biologique et en biodynamie ont généré plusieurs questions, notamment sur leur nombre et aussi sur l’autre viticulture, celle qui n’est pas bio.

Q1. En premier lieu, on nous demande beaucoup quelle place occupe les vins bios dans le monde du vin en général.

En France, à la fin 2012 le vignoble bio ou en conversion bio représentait environ 8% de la superficie totale pour un pourcentage des ventes d’environ 10% (logique, les vins bios étant un peu plus chers comme nous l’avions expliqué dans notre billet de vendredi dernier). Au même moment on note que la surface de vignoble certifiée bio dépasse celle en conversion. La France, l’Espagne et l’Italie sont les 3 pays les plus avancés en viticulture biologique et représentent les 3/4 du vignoble bio mondial. On estimait fin 2010 qu’environ 3% de la superficie viticole mondiale est en mode bio ou en conversion.

Au Québec, le site Web de la SAQ affiche une offre d’environ 240 vins bios sur un total de plus de 8600, donc environ 2.8%. Sachant que les vins étiquetés bio à la SAQ sont certifiés et non en conversion, il semble que l’offre bio de la SAQ soit un peu inférieure à la disponibilité de vins certifiés bio. Par contre, cette offre est en forte croissance depuis un an, l’écart risque donc d’être rattrapé sous peu.

Q2. Si seulement quelques pour cent des vins sont bios, est-ce que cela signifie que la vaste majorité des vins est produite en culture industrielle intensive?

Non, beaucoup de vins de qualité sont produits à partir de vignes en culture raisonnée. C’est-à-dire que les viticulteurs utilisent parfois des produits de synthèse, mais que plutôt que de faire des traitements massifs, ils dosent avec précision et se limitent aux zones qui ont besoin de traitements particuliers ou qui sont attaquées par un champignon ou une maladie.

Il faut aussi comprendre que le bio est plus simple dans les climats chauds et secs. Dans certaines régions humides, la lutte contre les ennemis des vignes nécessite des traitements efficaces plus longtemps. En bio, on utilise du sulfate de cuivre mais son utilisation à répétition peut entraîner une accumulation de cuivre dans le sol, ce qui est nuisible. Dans ces conditions, il est plus bénéfique pour l’environnement d’utiliser, à petites doses, des produits qui ne provoquent pas ce genre d’effet d’accumulation.

La culture industrielle est plus souvent utilisée pour la production des vins destinés au marché du vrac (par exemple ceux qui seront embouteillés pour être vendus dans les épiceries au Québec). Il faut dire que le bas prix payé aux producteurs pour ce type de vin implique nécessairement une recherche du moindre coût d’opération et d’un meilleur rendement.


Q3. Est-ce que la viticulture raisonnée comporte une certification comme dans le bio?

En France, on s’en rapproche avec le label Terra Vitis. Mais le reproche que les adeptes du bio font à ces techniques est que, dans sa définition même, ce type d’approche laisse une importante marge de manœuvre au viticulteur. Cependant, il ne faut pas oublier que c’est justement lui qui est le plus exposé aux effets dangereux des pesticides ou autres produits chimiques. Il est donc dans son intérêt de limiter les traitements au maximum.

Un des excellents vignerons qui défend cette approche est Hervé Bizeul, du domaine Clos des fées, dans le Roussillon. Je vous invite à lire ce texte sur son blogue pour mieux comprendre comment travaille un vigneron responsable : Obligation de résultat - Parlons pesticides. En plus, son approche de la vérification des résultats via des analyses de laboratoire est particulièrement intéressante et devrait inspirer une grande confiance aux acheteurs de ses vins.

Si l’approche vous convient, je vous invite à essayer sa cuvée Les Sorcières du Clos des Fées. Ce mélange de jeunes vignes de Syrah et de vieilles vignes de Grenache et de Carignan est un vrai vin de terroir avec des différences notables d’un millésime à l’autre, mais il est toujours bon comme le souligne Vincent Alary dans son blogue Bu du Québec. Le millésime récent a été salué en France par le guide Gault&Millau.

À votre santé !

Alain P.

Liens

Le vignoble bio mondial – Dans le document : L’Agriculture biologique dans le monde (pdf)
Le blogue d’Hervé Bizeul : Obligation de résultat - Parlons pesticides

Fiche du vin Les Sorcières du Clos des Fées sur Hippovino (Hipponote 3* – $$   SAQ 19.40 $) avec liens vers les critiques et les sites du producteur, de l'agence et de la SAQ.

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